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« Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako. Critique cinéma – DVD

Synopsis: Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane  mène une vie simple dans les dunes, entouré de sa famille. En ville, les habitants subissent le régime de terreur des djihadistes. Finis la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Timbuktu"
De : Abderrahmane Sissako
Avec : Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri, Fatoumata Diawara, Hichem Yacoubi
Sortie le : 21 avril 2015
Durée : 93 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

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Lapidation, flagellation, décapitation… L’actualité à quelque peu refréné ses images violentes qui auraient pu hanter l’histoire de « Timbuktu ». Celle d’un village paisible du Mali peu à peu contaminé par des idées noires et une force destructrice, insensible à la beauté des choses. A la liberté.

Pour nous raconter ce pays défiguré, Abderrahmane Sissako a d’autres images en tête, où l’harmonie des paysages se conjugue au quotidien paisible de ses habitants.On y croise Kidane, et sa petite famille de bergers, calfeutrée au cœur du désert, aux portes de Tombouctou. La vie coule de source, sereine, à l’image du père (Ibrahim Ahmed) qui veille avec bienveillance sur sa petite tribu. Les fracas du monde ne les atteignent pas encore, mais les rumeurs de la grande ville deviennent  insistantes.

On y traque les amoureux du ballon rond : oh cette scène de football , magnifique,  sans ballon , qui simule passes, dribles et tirs au but ! Quand la police se présente, des mouvements de gymnastique la rassure .Toute musique profane est interdite. C’est une autre séquence, remarquable, émouvante, inquiétante autour d’une casbah, d’où s’échappe une tendre mélopée. Les djihadistes procèdent à son encerclement. Ses habitants n’en sortiront pas indemnes.

Ici, tout le monde est coupable, mais tout le monde résiste à sa façon. Le franc parler des femmes, la douceur infinie; tant de beauté dans un monde de brutes, de petits chefs, de  soldats perdus, de criminels agissant au grand jour. On aimerait se révolter mais l’image de Sissako nous réconcilie avec la sérénité des grands paysages, et la tendresse du regard des hommes. Le propos est centré sur la famille de Kidane qui va connaître bien des avanies, mais c’est toute une nation qui lutte.

Timbuktu

Particulièrement les femmes qui se rebellent, haussent le ton, guidées par la plus étrange et la plus charismatique d’entre elles, une chanteuse sorcière (Fatoumata Diawara) que la police semble craindre. Elle vient d’un autre âge, elle vit dans une autre époque, mais elle est vivante !

LES SUPPLEMENTS

  • Une rencontre pendant le festival de Cannes 2014. (14.50 mn). Abderrahmane Sissako, le réalisateur évoque l’origine de son film à travers « le détachement, pas l’indifférence, vis-à-vis de certains drames. On dit cette histoire est loin de moi, ça m’émeut pendant trois secondes, et puis on passe à autre chose. (…) Chez nous le cinéma est rare, alors on s’intéresse à des sujets importants. » Un fait réel entre bergers qui se battaient pour un coin de rivière, et l’exécution trop rapide du coupable ont servi de trame au cinéaste « j’ai  imaginé son destin ».
Chanteuse ou sorcière, elle fait peur aux djihadistes
Chanteuse ou sorcière, elle fait peur aux djihadistes

Ibrahim Ahmed dit Pino, qui tient le rôle principal du père, musicien de son état, témoigne de la réalité des faits. Son groupe a été obligé de s’exiler en Algérie, « et quand notre leader est retourné au pays, il a été emprisonné »

Abel Jafri, qui interprète un djihadiste, évoque l’aspect universel du film « les formes d’extrémisme sont partout, et en Europe aussi, c’est un danger ». D’autres questions autour du récit émergent pendant cette rencontre, notamment la façon dont on peut devenir djihadiste. Des témoignages des membres de l’équipe sont éloquents.

  • Le clip « Timbuktu Fasso » (3.20 mn). Il est très beau, très fort, entre l’enregistrement en studio et les images du film où l’on revoit notamment les djihadistes traquer les musiciens.
  • Affiches étrangères. Intéressant de voir comment d’un pays à l’autre on peut représenter ce que l’on croit avoir vu dans le film.
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Review Overview

Le film
Les bonus

Pourquoi tant de cruauté au milieu de tant de beauté ? C’est la réflexion qui vient très rapidement à l’esprit quand le regard s’est longuement posé sur ces paysages paisibles, où vivent des hommes et des femmes tout aussi pacifiques. A quelques encablures de la grande ville confrontée au diktat djihadiste, à ses interdits, à sa terreur. Avec une infinie tendresse, sans manichéisme, Sissako confronte plus qu’il ne les oppose ces deux mondes indissociables d’un chaos prévisible. Mais il le fait avec la même douceur que le regard de l’homme pour son épouse. L’image magnifiée par l’environnement sublime, avec un format adéquat, (la TV ne va pas supporter) heurte le propos de la police islamiste, composition éparse de gamins abandonnés, de soldats perdus, et de petits chefs au pouvoir absolu. Une vision terrible d’un monde en déshérence.

Avis bonus Une rencontre à Cannes avec les membres de l'équipe, un clip intéressant , des affiches vues par l'étranger ...

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6 Commentaires

  1. Encore un excellent film qui fait triompher l’humanisme sur la barbarie djihadiste avec des images magnifiques, de vraies trouvailles. Et encore un oubli de Cannes de n’avoir pas récompensé ce film mais il faut dire que la concurrence était forte.
    Décidément cette année 2014 a été excellente pour le cinéma, j’y classe : Mommy, Winter Sleep, Léviathan, Under the Skin, Une nouvelle amie, Ida, Dans la cour, Bird People, Hippocrate, …

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