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« Saint-Jack » de Peter Bogdanovich. Critique Blu-ray

Synopsis: Singapour, années 1970. Jack Flowers est un Américain en exil qui dirige une maison close fréquentée par nombre d’expatriés. Un jour, il fait la connaissance de William Leigh, un comptable britannique résidant à Hong Kong, et se prend rapidement d’amitié pour cet homme rangé et attachant. Au même moment, Jack va se heurter à la colère de la pègre locale chinoise, mécontente de son succès florissant…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "SAINT JACK (JACK LE MAGNIFIQUE) - BD + DVD EDITION PRESTIGE LIMITEE [Édition Prestige limitée - B"
De : Peter Bogdanovich
Avec : Ben Gazzara, Denholm Elliott, Peter Bogdanovich, James Villiers, Joss Ackland
Sortie le : 10 octobre 2018
Distribution : Carlotta Films
Durée : 115 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
le film
Les bonus

Pour la « fin d’empire », le cinéma ne manque pas de références. Et celle rapportée par Peter Bogdanovich relève d’une vision parfaite quand le personnage principal (Ben Gazzara) est lui-même l’illustration de ce déclin.

Celui du colonialisme et d’une guerre voisine dont les acteurs se retrouvent parfois dans l’antre de notre héros, patron de maison close et grand seigneur de ces dames.

C’est assez hallucinant la manière dont le réalisateur nous décortique ainsi l’Histoire à travers l’adaptation d’une œuvre (« Jack le magnifique » de Paul Theroux) et le scénario co-écrit avec le romancier et Howard Sackler.

En deux petites heures, il dit tout le mal engrangé par une civilisation impérialiste (dans des scènes incroyables, les expatriés britanniques sont remarquables) et par les ressorts d’une économie souterraine, officieusement reléguée au registre de ce qui deviendra bien des années plus tard le rouage d’une mondialisation galopante.

En attendant, aux yeux de Jack, « le magnifique », elle demeure avant tout secrète, l’homme arguant de ses qualités d’agent commercial d’une société maritime pour mieux en dissimuler la raison d’être.

Un hôtel de passe à Singapour pour les soldats américains qui s’y reposent entre deux assauts sur les terres vietnamiennes. L’affaire est florissante et chagrine la mafia qui va se charger de la freiner. Avant de lui en interdire tout commerce.

Le réalisateur a souvent fait l’acteur et ça lui va plutôt bien

C’est pourquoi, la providence, au rendez-vous de son histoire va lui fournir un rebond inespéré sous les traits de l’étrange Eddie Schumann (Peter Bogdanovich en personne). Les intérêts américains sont trop importants pour en délaisser quelques pièces même officiellement inexistantes. Eddie et Jack deviennent  partenaires. Les termes du contrat demeurent mystérieux.

De la grande Histoire au film d’espionnage, Bogdanovich surfe ainsi joyeusement sur la vague d’un thriller dans lequel il confère à son œuvre un sens politique, moral et historique conforment aux exigences d’une mise en scène qui ne lâche jamais prise.  Dès la première image on sait que ce grand fleuve est appelé à noyer bien des illusions. Bogdanovich en fournit une preuve éclatante.

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec Peter Bogdanovich (20 mn). Le réalisateur revient sur la genèse de « Saint Jack » et évoque son amitié avec Roger Corman.

Singapour ? Un lieu de repos et de récréation pour les soldats américains au Vietnam, « les autorités n’aimaient pas cette idée, et donc le livre était interdit. Faire un film, il ne fallait pas y penser. Alors j’ai écrit un autre scénario « Jack le valet de cœur » d’une trentaine de pages. Quand ils ont découvert la supercherie, ils étaient très mécontents, je ne suis jamais retourné à Singapour… »

A cette époque le réalisateur se pose beaucoup de questions sur son métier et après trois succès suivis de quelques échecs, il sait « qu’il faut s’éloigner d’Hollywood » pour se remettre en question.

« Je cherchais à revenir à l’essentiel, ce film a été un tournant ». Tourné à Singapour, personne ne l’avait encore fait, l’idée pouvait lui sauver la mise. « C’est un des seuls films auquel je ne changerais rien ».

William Leigh (Denholm Elliott). Ce comptable venu de Hong-Kong est chargé de vérifier la bonne marche de la société dans laquelle notre héros est censé travailler….
  • Souvenirs de « Saint Jack » (32 mn) . Trente ans après le tournage, des membres de l’équipe du film, amateurs et professionnels, se retrouvent et évoquent leurs souvenirs de Saint Jack.

Ça tient beaucoup de l’anecdote pour des amateurs à l’époque ravis de pouvoir participer à un film de cette ampleur.

  • Splendeurs dormantes à l’aube (16 mn). Retour en photos sur les lieux de tournage de Saint Jack, témoignant de l’incroyable transformation de la ville de Singapour entre 1978 et 2016. Un chassé-croisé édifiant quand d’une photo à l’autre, l’Histoire nous montre ce qu’elle a fait des architectures et de l’environnement.
 Prix de la critique à Venise . - Meilleur dvd Octobre 2018 ( 6 ème ) Pour la « fin d’empire », le cinéma ne manque pas de références. Et celle rapportée par Peter Bogdanovich relève d’une vision parfaite quand le personnage principal (Ben Gazzara) est lui-même l’illustration de ce déclin. Celui du colonialisme et d’une guerre voisine dont les acteurs se retrouvent parfois dans l’antre de notre héros, patron de maison close et grand seigneur de ces dames. C’est assez hallucinant la manière dont le réalisateur nous décortique ainsi l’Histoire à travers l’adaptation d’une œuvre (« Jack le magnifique » de Paul…
le film
Les bonus

Le monde post-colonialiste a souvent fait l’objet de réalisations historiques de grande ampleur quand celle de Bogdanovich s’attache aux premières secousses du déclin général d’une civilisation et de ses attributs. C’est à travers les rencontres entre expatriés anglo-saxons, prostituées du coin et gangs locaux que le cinéaste établit à Singapour ce processus identitaire qui tient à la fois du film historique et du film d’espionnage. Ben Ga au cœur de ce maelstrom historique formidablement retranscrit dans une mise en scène à la fois éclatante et paisible (le paradoxe est l’un des effets dominants de ce film) révèle à lui seul ce qu’il reste des vestiges coloniaux sur lesquelles l’armée américaine s’essuie encore les pieds. Mais la guerre du Vietnam arrive elle aussi à son terme… AVIS BONUS Une interview intéressante du réalisateur, mais les souvenirs de l'équipe demeurent bien secondaires

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