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« Le sixième enfant » de Léopold Legrand. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Franck, ferrailleur, et Meriem ont cinq enfants. Ils attendent un sixième , alors que leurs problèmes d’argent n’arrêtent pas. Julien et Anna ,avocats, n’arrivent pas à avoir d’enfant. L’arrangement qu’ils envisagent dépasse l’entendement.

La fiche du film

Le film : "Le Sixième enfant"
De : Léopold Legrand
Avec : Sara Giraudeau, Benjamin Lavernhe
Sortie le : 28/09/2022
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 92 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le Film
Les bonus
  • Prix Lumières 2022 ( presse internationale )  Meilleur Premier Film . –
  • Angoulême 2022, prix du public, des actrices Judith Chemla et Sara Giraudeau, de la musique ( Louis Sclavis) et du scénario ( Léopold Legrand, Catherine Paillé ) . –
  • DVD : 07 février 2023 . –
  • Et pour la course aux César, c’est là …

D’après le roman « Pleurer des rivières » de  Alain Jaspard

Le titre est juste, mais il n’est pas très porteur. Je lui préfère « L’enfant d’une autre », je sais , déjà pris ou presque, mais tellement plus près d’une vérité que le film de Léopold Legrand exprime avec grandeur.

Celui des femmes prêtes à tout pour enfanter. Anna ne compte plus les rendez-vous manqués, les traitements avortés pour une grossesse tant espérée. Le projet d’adoption a lui aussi échoué.

Elle ne sait plus vers qui , vers où aller quand son mari, avocat comme elle, rencontre un client pas ordinaire. Ferrailleur, endetté, Franck attend son sixième enfant, la maternité de trop. Résigné semble-t-il malgré tout à l’accepter – dans sa famille très croyante, l’avortement est un crime-la démarche de son avocat le stupéfait. Elle va au-delà de toute imagination.

Léopold Legrand ( premier film ! ) ne fait pas mystère lui aussi de l’apparente absurdité de la situation, et des risques encourus, aussi bien par les deux familles , que par sa propre audace scénique. Pourtant tout fonctionne très vite dans cette confrontation sociale,cette histoire humaine, terriblement touchante , et tellement vraie dans le jeu de ses interprètes.

Sara Giraudeau, femme au bord du désespoir absolu, qu’elle rejette dans sa folie. Raisonnée peut-être, mais nullement raisonnable aimerait lui faire comprendre son mari bridé par sa fonction judiciaire.

Une stature pour Benjamin Lavernhe, qui répond superbe aux attentes du couple gitan, profondément interprété par Judith Chemla et Damien Bonnard . Ils m’entraînent pleinement dans leurs personnages d’amour et de résilience, cette leçon de vie au cœur d’un système communautaire si décrié de nos jours.

Le réalisateur comme les comédiens le réhabilitent dans la normalité quotidienne de ces gens que l’on dit du voyage et qui tentent de vivre le plus communément possible. Léopold Legrand n’en fait pas là non plus un manifeste.

Mais à l’image de la femme enceinte à qui personne ne cède sa place dans le métro, il affiche les fausses prétentions d’un monde calfeutré. Et les intentions réelles d’un cinéaste qui nous fait un premier film à la façon d’un grand . Léopold porte bien son nom !

  • NB : la musique de Louis Sclavis est elle aussi parfaite, discrète, et chaque fois en phase avec les séquences. Du grand art !

LES SUPPLEMENTS

  • Entretien avec l’équipe du film par Cinécrans ( 17 mn )- « Quand j’ai lu le roman, j’ai apprécié la triangulaire qui existait entre l’intime, la loi et la morale, et un coup de cœur sur ces quatre personnages et leur itinéraire ».

« Alain Jaspard m’a laissé entière liberté sur la façon d’adapter son roman ».

Le clivage social existe de fait, il ne fallait pas le caricaturer dit encore le réalisateur quand  Judith Chemla évoque elle aussi le risque de parodier une communauté «  très ouverte, qui vit beaucoup sur l’affectif. C’est un autre rapport au monde, un autre langage.» .

Chaque comédien intervient ainsi pour définir la nature de son personnage et sa position dans le récit. C’est limpide, sans langue de bois.

  • La remise des prix à Angoulême ( 9 mn )- Les remerciement habituels, mais aussi quelques commentaires sur le rôle des mères, ou la double attribution aux actrices . «  C’est tellement rare » relève Sara Giraudeau «  et pourtant la complémentarité est évidente, bien souvent » .

  • « Mort aux codes » de Léopold Legrand ( 12 mn ) .  Avec Olivier Rabourdin, Slimane Dazi, Marouan Iddoub, Michelle Godet. D’après une histoire vraie

D’où le mauvais usage des codes de sécurité d’un immeuble. Une équipe du Samu tente de franchir chaque portail et porte d’ascenseur, mais l’ultra-protection se révèle un frein à chaque passage.

Terriblement angoissant, quand les sauveteurs n’arrivent plus à communiquer avec l’appartement concerné. Dans une réalisation au cordeau Léopold Legrand révèle le travail du Samu qui à peine achevée une mission, à peine un café avalé, répond à un nouvel appel. Olivier Rabourdin est exemplaire .

Prix Lumières 2022 ( presse internationale )  Meilleur Premier Film . - Angoulême 2022, prix du public, des actrices Judith Chemla et Sara Giraudeau, de la musique ( Louis Sclavis) et du scénario ( Léopold Legrand, Catherine Paillé ) . - DVD : 07 février 2023 . - Et pour la course aux César, c'est là ... D’après le roman « Pleurer des rivières » de  Alain Jaspard Le titre est juste, mais il n’est pas très porteur. Je lui préfère « L’enfant d’une autre », je sais , déjà pris ou presque, mais tellement plus près d’une vérité que le film de Léopold…
Le Film
Les bonus

Un premier film , étonnant par son sujet , remarquable par la façon dont il est traité. Et interprété. Sara Giraudeau, Benjamin Lavernhe, Judith Chemla et Damien Bonnard sont à l’unisson du projet scénique de Léopold Legrand : l’histoire d’un couple sans enfant, confronté à un couple qui ne sait pas comment accepter son sixième enfant. Leurs mondes si différents, avocats et gens du voyage, n’auraient jamais du se rencontrer, quand le hasard d’une plaidoirie conduira les uns et les autres à échafauder des plans incroyables. Pourtant tout fonctionne très vite dans cette confrontation sociale, une histoire humaine, terriblement touchante , et -je le répète- tellement vraie dans le jeu de ses interprètes. Léopold Legrand affiche là  les intentions réelles d’un cinéaste qui nous fait un premier film à la façon d’un grand . Léopold porte bien son nom !

AVIS BONUS Une rencontre très éclairante avec le réalisateur et les comédiens, un petit tour à Angoulême et un court métrage très prenant, le tout est superbe

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