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« L’affaire Dominici » de Claude Bernard-Aubert. Critique dvd

Synopsis: Une famille de touristes anglais est massacrée sur une route de Provence. Une enquête est ouverte au terme de laquelle Gaston Dominici, qui habitait une ferme toute proche, est condamné à mort.

La fiche du DVD

Le film : "L\'Affaire Dominici"
De : Claude Bernard-Aubert
Avec : Jean Gabin, Victor Lanoux, Max Amyl, Michel Bertay, Jean-Pierre Castaldi
Sortie le : 20/06/2017
Distribution : TF1 Vidéo
Durée : 101 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD : 1
Le film
Le bonus

« Pourquoi vous ne dites rien ? » s’énerve l’inspecteur.

« Parce que j’écoute » répond le vieux…

Au moment où la justice reprend l’affaire dite « du petit Grégory », on ressort en dvd celle des Dominici qui dans les années cinquante secoua pendant des mois la France entière. Un couple d’anglais et leur fille sont retrouvés assassinés. Les soupçons se portent sur le patriarche de la propriété voisine qui mène la vie dure aux policiers perdus dans le labyrinthe familial où tout le monde possède sa part de secret.

Claude Bernard-Aubert s’empare du sujet avec la conviction évidente de l’innocence de Gaston Dominici, pointant du doigt les incohérences et les facilités d’un jugement hâtif. C’est la charge sans retour d’un scénario qui jamais ne faiblit sur ses intentions.

L’installation des Anglais sur le bord de la Départementale, le regard silencieux des protagonistes, le ton est rapidement donné par des gestes, des attitudes, des allées et venues mystérieuses. La nuit du crime, les jeunes gens se retrouvent à la ferme des Dominici. Dans ce pays de braconnage où règne « le vieux », l’omerta est de mise.

La terre est sèche, secouée par le vent. Au village, une milice tient elle aussi les habitants sous sa coupe. On demeure encore à  la fin de la seconde guerre, ses magouilles et petits arrangements avec la politique. Le PC n’aurait-il pas trop tiré sur la corde des parachutages ?

Les Dominici sont de gauche, affirment les journalistes déjà très présents sur la scène de crime. Ils la piétinent allègrement et se repaissent des coups fourrés de leurs victimes.

Peut-être un rôle sur mesure pour le comédien qui envisageait d’arrêter le cinéma. Mais c’est son rôle à lui, magnifique !

 Claude Bernard-Aubert n’est pas un foudre de guerre mais sa manière de mener l’enquête et l’instruction, puisent dans cette dynamique rurale et populaire avec un brio inégalable de conteur.

Proche d’une fin de carrière, Jean Gabin la couronne d’une cinglante illustration de ce vieux papy de la terre, reclus dans son passé et les entourloupes dont il a toujours profité. Un taiseux qui rejaillit sur toute sa petite famille, hommes et femmes confondus.

Il faut voir l’un de ses fils, Victor Lanoux magnifique dans ses retranchements butés, ou Gérard Depardieu presque novice, légèrement déficient. Des hommes qui se fondent dans des images de terroir, de plus en plus pris à l’étau qui se resserre, comme le cadre parfait du réalisateur.

Gustave (Victor Lanoux), l’un des fils Dominici va se rétracter à plusieurs reprises.  Il est lui aussi à la hauteur d’une interprétation parfaitement accompagnée par les deux policiers : Paul Crochet et Jacques Richard.

La maîtrise est totale et l’évocation des audiences judicaires tant de fois malmenées par nos apprentis greffiers de la caméra, est ici le point d’orgue d’une affaire que Me Pollak, l’avocat de Gaston Dominici conclut devant les caméras. Il n’aura pas obtenu gain de cause, mais les différentes amnisties (Coty, De Gaulle… ) prouvaient alors à ses yeux, une fois encore, l’innocence de son client.

LE SUPPLEMENT

  • Un entretien avec Claude Bernard-Aubert (16 mn ). Il poursuit quasiment sa thèse défensive en expliquant par exemple la personnalité du président du tribunal qui à la fin de la guerre fut chargé de l’exécution des jugements express des collabos, « sans preuve, sans aucune conviction. (…) Et là il a poursuivi dans le même esprit, les Anglais s’impatientant de l’absence de résultats. Il leur fallait un coupable à tout prix ».
Gérard Depardieu a débuté sa carrière il y a trois ans et déja plus d’une dizaine de films à son actif. Un rôle ici plutôt discret mais d’une grande sensibilité.

A ce jours 400 questions dans le dossier demeurent sans réponse.

Claude Bernard-Aubert évoque à ce sujet l’hypothèse d’un crime programmé depuis Londres. Sir Jack Drummond était un scientifique qui pendant la guerre travailla sur l’alimentation des rations militaires britanniques. Certaines notes rapportent qu’il était peut-être membre de l’Intelligence Service, spécialiste en armes chimiques et bactériologiques.

Jean Gabin qui ne voulait plus beaucoup tourner était retors sur le plateau. Il fallait l’amadouer et le réalisateur raconte comment il s’y prenait tout en remarquant que le comédien le menait à sa guise.

  • Egalement dans la collection cinéma :

« Le cas du docteur Laurent » de Jean-Paul Le  Chanois, avec Jean Gabin et Nicole Courcel.

« Le mouton à 5 pattes » de Henri Verneuil, avec Fernandel et Louis de Funès

« Les grandes manoeuvres » de René Clair avec Michèle Morgan et Gérard Philippe

Meilleur dvd Juin 2017 ( 10 ème ) « Pourquoi vous ne dites rien ? » s’énerve l’inspecteur. « Parce que j’écoute » répond le vieux… Au moment où la justice reprend l’affaire dite « du petit Grégory », on ressort en dvd celle des Dominici qui dans les années cinquante secoua pendant des mois la France entière. Un couple d’anglais et leur fille sont retrouvés assassinés. Les soupçons se portent sur le patriarche de la propriété voisine qui mène la vie dure aux policiers perdus dans le labyrinthe familial où tout le monde possède sa part de secret. Claude Bernard-Aubert s’empare du sujet avec la conviction…
Le film
Le bonus

C’est avant tout un film d’atmosphère que le cinéma français délaisse trop pour la poudre aux yeux. La patine du temps est encore sur les vieilles barriques de la ferme familiale où le Vieux Gaston Dominici règne en maître absolu. C’est pour sauver son terroir et sa fratrie qu’il va après bien des mois avouer qu’il est le meurtrier de cette famille anglaise en sommeil sur le bord de sa propriété. A la mesure du cadre et de l’histoire qu’il raconte Claude Bernard-Aubert maîtrise totalement sa mise en scène qui ne lâche jamais l’intérêt d’un grand sujet populaire, porté par Jean Gabin rayonnant à quelques années de sa retraite. Victor Lanoux bien jeune alors m’a aussi beaucoup impressionné.

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