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« La Vierge des tueurs » de Barbet Schroeder. Critique DVD

Synopsis: Après trente ans d’absence, l’écrivain Fernando Vallejo revient à Medellín pour y mourir. Dans un bordel de garçons, il rencontre Alexis, un adolescent des quartiers pauvres. Alexis est tueur à gages, et il y a un contrat sur lui. Entre lui et Fernando, une relation d’amour s’établit immédiatement. Ils s’installent ensemble, passant leurs journées à déambuler dans la ville gangrenée par la violence. Malgré les protestations de Fernando, Alexis tue plusieurs fois pour le défendre, s’attirant davantage d’ennuis…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "La Vierge des tueurs "
De : Barbet Schroeder
Avec : German Jaramillo, Anderson Ballesteros, Juan David Restrepo, Manuel Busquets, Ernesto Samper
Sortie le : 26 avril 2017
Distribution : Carlotta Films
Durée : 101 minutes
Film classé : 12 ans et plus
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Avril 2017 ( 3 ème )

« Cette ville est empoisonnée, possédée par la colère ». 

Il y a vingt ans, comme aujourd’hui, rien ne change. A Medellín et ailleurs, quand la violence intériorise tout sentiment et rabat les cartes d’une vie sans lendemain. Alexis le sait bien, mais c’est son quotidien, toute opportunité est bonne à prendre. Un revolver à portée de main, et ce sourire insouciant que découvre Fernando après des années d’absence.

Ecrivain devenu célèbre, Fernando Vallrejo ne reconnait plus sa ville. A peine s’il la regarde. Le visage de son jeune amant le comble, sa compagnie est un viatique. Les deux hommes vont alors redécouvrir le monde à travers cette cité colombienne explosive, où la moindre « kawa » est une menace de mort. L’ombre de Pablo Escobar plane encore sur les montagnes environnantes. La guerre des gangs fait rage. Alexis l’appréhende avec sang-froid et respect.

Une scène édifiante. Fernando Vallrejo assiste à l’assassinat d’un passant , et explique à l’inconnue explorée que Medellín ce n’est pas la Suisse, il faut s’y faire…

 

Admiratif devant cet amant intransigeant avec la mort, Fernando l’adopte peu à peu, lui qui est revenu au pays pour mourir. Il n’attend plus rien de l’existence dit-il, et l’ironie qui l’accompagne force son destin. Un ton de fantaisie que le réalisateur utilise avec l’à-propos paradoxal à la situation criminelle de la ville : on flingue pour une bagnole, un mot, un regard de travers…

La critique sociale voire politique est assez primaire, (« on est dirigé par des crapules »), la pensée de l’écrivain tout aussi basique et radicale. « Laisse vivre les vivants, ils finiront par se tuer entre eux » recommande-t-il à son amant qui le fascine de plus en plus, au point d’adhérer à son mode de vie, au jour le jour, à la fois fataliste et déterminé.

La religion compte beaucoup, ils en sont pénétrés, inconsciemment peut-être, mais au point de ne jamais laisser une église sans une prière, un cierge à l’abandon. Plus que la religion, c’est la foi qui les guide et les aveugle, contrairement à cet instinct de mort qu’Alexis porte en bandoulière.

Un mélange des genres que Barbet Schroeder traduit symboliquement par un humour toujours en demi-teinte, en respect, prêt à sauter sur la dernière plaisanterie d’un héros que Germán Jaramillo incarne magnifiquement. Anderson Ballesteros (Alexis) et Juan David Restrepo (Wilmar, qui remplacera Alexis) sont des enfants de la rue. Ils portent le film de manière extrordinaire.

LES SUPPLEMENTS

  •  Making-of (41 mn). La technique de l’adaptation avec son auteur (le livre est plutôt un monologue) révèle les chausse-trappes qu’il a fallu éviter autour d’un thème préférentiel pour Schroeder :  l’anesthésie progressive de la population face à la violence.

On évoque la personnalité de Germán Jaramillo, un acteur peu connu en Colombie. Il vient du théâtre, et n’a jamais fait de TV. Le jeune Alexis (Anderson Ballesteros) a été découvert après bien des péripéties dans un quartier dangereux de Medellín.

« On a travaillé comme si on faisait un reportage vidéo, avec une caméra très mobile, portable » assure le cinéaste. D’un point de vue physique et matériel, la sécurité était à son maximum, avec notamment deux gardes du corps armés à ses côtés.  « Dans les quartiers un peu difficiles il y avait cinq policiers armés jusqu’aux dents, il parait que sur la liste des kidnappings j’étais le numéro sept » sourit aujourd’hui Barbet Schroeder.

Un réalisateur qui a passé une partie de sa jeunesse en Colombie

 

Anderson Ballesteros (Alexis) raconte son expérience de comédien : « avec Germàn on allait tous les jours au théâtre pour y faire des exercices de mime, de respiration, de déplacement ». A l’issue du tournage il se demande ce qu’il va faire « on a pris goût à ce mode de vie ».  Malgré les contraintes de l’exercice dont celui de l’acceptation de l’homosexualité. « J’ai voulu la traiter comme si c’était un acquit, un fait donné, j’ai voulu communiquer ça aux acteurs, tout le monde à des tendances homosexuelles en soi, ce n’est pas difficile d’aller les chercher » estime le réalisateur qui fera lui même la scène du baiser devant toute son équipe . « Et elle s’est prise au jeu en pariant pour savoir s’ils allaient la faire »

  • Entretien avec Barbet Schroeder par Jean Douchet (31 mn), avec plusieurs scènes de tournage, et des répétitions.Ce chapitre rappelle certains thèmes abordés dans le making of. Sur Anderson Ballesteros (Alexis) il souligne que « ça l’affolait de jouer un rôle comme ça, à juste titre d’ailleurs car après il a eu des ennuis ».

« C’est un film totalement écrit et à la pointe de la technique avec l’utilisation de la HD l’un des premiers films à le faire, mais j’ai eu du mal à communiquer ça à la presse qui parlait de vidéo. Je voulais des plans où l’on sente la ville, derrière, en permanence. ».

Une déambulation à la manière parfois du mode documentaire dans une ville que l’on arpente en compagnie des deux héros.

Les problèmes du tournage et de la production : « il était exclu d’avoir une compagnie d’assurance comme pour un film normal. (…) Les autorités, la mafia pouvaient nous empêcher de filmer, donc en quinze jours on a tout regroupé pour tout ce qui était essentiel, car si l’on devait partir ensuite je pouvais continuer à Mexico ou Bogota, c’était prévu ».

L’un des soucis majeurs, la certitude que la guérilla cherchait pour 10.000 dollars des étrangers connus à prendre en otage. Sur leur liste, Barbet Schroeder était le septième dans l’ordre d’intérêt.

Egalement dans ce coffret :

« Tricheurs » et trois documentaires édifiants  » Koko », « Idi Amin Dada » et  » Charles Bukowski »

 

Meilleur dvd Avril 2017 ( 3 ème ) « Cette ville est empoisonnée, possédée par la colère ».  Il y a vingt ans, comme aujourd'hui, rien ne change. A Medellín et ailleurs, quand la violence intériorise tout sentiment et rabat les cartes d’une vie sans lendemain. Alexis le sait bien, mais c’est son quotidien, toute opportunité est bonne à prendre. Un revolver à portée de main, et ce sourire insouciant que découvre Fernando après des années d’absence. Ecrivain devenu célèbre, Fernando Vallrejo ne reconnait plus sa ville. A peine s’il la regarde. Le visage de son jeune amant le comble, sa…
Le film
Les bonus

Barbet Schroeder adapte le livre éponyme et autobiographique de Fernando Vallejo, écrit en 1994. Le romancier revient à Medellin, sa ville, toujours hantée par l’ombre de Pablo Escobar mort sept ans auparavant. Cette ville en proie à la violence, il ne la reconnaît plus. La guerre des gangs rythme le quotidien du jeune Alexis que Vallejo va aimer à travers une déambulation quotidienne dans la cité où à chaque instant la mort peut surgir. On se réfugie alors dans les églises pour des prières ferventes et illuminées. Alexis peut être perçu comme un gigolo qui se laisse vivre dans le confort facile de l’écrivain. Mais la manière dont il appréhende la situation et y fait face avec un sang-froid naturel, compose un tout autre film sur un mode de vie anesthésié par la violence et le crime. Avis bonus Dans un making of passionnant Barbet Schroeder et les membres de l’équipe du film racontent l’aventure  – de l’adaptation du livre de Fernando Vallejo au choix du casting, composé essentiellement de comédiens non-professionnels – et évoquent les difficultés liées au tournage dans la ville de Medellín.

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