- Cinéma : 22 mai 2025
- 2h0 6mn
- Comédie dramatique
- Avec : Suzanne Lindon, Abraham Wapler, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Zinedine Soualem, Paul Kircher, Vassili Schneider, Sara Giraudeau, Cécile de France, François Berléand
L’histoire : Une trentaine de personnes issues d’une même famille reçoivent en héritage une maison abandonnée depuis des années. Chargés d’en faire l’état des lieux, les lointains « cousins » vont découvrir des trésors cachés. Ils se retrouvent sur les traces d’une mystérieuse Adèle qui a quitté sa Normandie natale, à 20 ans. Dernière indication, Paris en 1895, où … ils la rejoignent !
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Un héritage qui tombe de nulle part. Un siècle plus tard et sans garantie de la filiation. Une trentaine de descendants d’une certaine Adèle se retrouvent alors dans une bâtisse abandonnée. Des photos encore accrochées au mur, un tableau très énigmatique, et les voici partis sur les traces de cette jeune femme, dont le portrait jauni sous le cadre, parait tant vouloir dire.
Première révélation, à 20 ans elle quitte sa Normandie pour retrouver à Paris, sa mère qu’elle n’a jamais vue. Nos cousins la rejoignent par la pensée dans un bouillonnement culturel et industriel qui séduit la jeune provinciale. Sur le bateau, Adèle a fait la connaissance d’Anatole et Lucien, deux amis, aspirants artistes.
L’un pour le dessin, l’autre pour la photo qui nait à peine à la fin de ce XIX -ème très créatif. Chez les peintres, l’impressionnisme bouscule toutes les idées reçues.
Anatole et Lucien sont aux anges, Adèle les accompagne. Une saine trinité autour de laquelle Cédric Klapisch fait tourner tout un petit peuple de bourgeois goguenards, mêlés à la curiosité joyeuse de nos héritiers.

Ces personnages de cinéma qu’il affectionne tant et qu’il nous présente sur des portraits aux nuances véritables. Vincent Macaigne demeure un apiculteur écolo joliment dans la marge de quelques vérités premières que son cousin de fortune Abdel, le professeur de français ( Zinedine Soualem) lui rappelle avec bonhommie.
Dans l’autre siècle, comment ne pas s’émouvoir devant l’innocence dévastatrice des deux copains ( Paul Kircher et Vassili Schneider ) qui filent sans se démonter vers une gloire qu’ils imaginent certaine. Tout aussi éblouis par la présence d’Adèle, rayonnante, malgré la douleur d’une enfance sans élan maternel. Suzanne Lindon l’incarne avec bonheur.

Dans ce plaisir de cinéma, Cédric Klapisch relève les oppositions forcenées de nos sociétés, toujours dubitatives quant au progrès annoncé et à ces applications possibles. Faut-il croire en l’avenir, se recroqueviller ?
La naissance de la photographie est ainsi parfaitement cernée sur ce cliché légendaire que Klapisch reproduit joyeusement : Pissarro, Degas, Renoir, Monnet, posant devant l’objectif d’un certain Nadar ( Fred Testot ). Sous l’œil de Victor Hugo qui ressemble à s’y méprendre à François Berléand. Mais où va-t-on !
Le film
Klapisch est passé maître dans l’accompagnement de ses personnages qu’il nous présente toujours de manière évidente, comme s’ils vivaient réellement sur l’écran. Et malgré leur profusion dans ce film, c’est une nouvelle fois un plaisir de les suivre dans des aventures à priori un peu folles. Elles partent de la fin du XIX ème siècle et se heurtent au monde d’aujourd’hui où un quarteron de légataires suivent les traces de la dame dont ils héritent. Adèle 1895 une normande de 20 ans débarque à Paris où elle va vivre dans un bouillonnement d’idées et de révolutions, sociales et culturelles. Un parcours que découvrent nos héritiers, de la naissance de la photographie à l’avènement du mouvement impressionniste, sur lesquels s’appuient Klapisch pour donner corps à son film dans un face à face bien osé entre la fin de ce XIX ème et notre monde d’aujourd’hui. Chaque renversement d’époque relève d’une prouesse que l’on doit également beaucoup à Anne-Sophie Bion la cheffe monteuse du film. Et à un casting flamboyant, voire étonnant. La preuve : Victor Hugo ressemble à s’y méprendre à François Berléand. Mais où va-t-on !