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« La Syndicaliste » de Jean-Paul Salomé. Critique cinéma

  • 1 mars 2023 en salle
  • 121 mn
  • Avec Isabelle Huppert, Grégory Gadebois, François-Xavier Demaison

L’histoire : Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez Elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ?

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  • Le Film

On peine à l’imaginer . Un tel film , dans le genre « Erin Brockovich » * , mais avec une histoire bien française, bien réelle et une réalisation parfaitement hexagonale et personnelle. Les difficultés d’une femme syndicaliste qui après avoir défendu ses congénères, bec et ongle, s’attaque aux grands dirigeants de l’industrie française du nucléaire.

Maureen Kearney sait alors qu’elle va devoir batailler encore plus fort. Directeur adjoint d’Areva, Luc Orcel prend les commandes de l’entreprise. Il succède à Anne Lauvargeon (Marina Foïs).

Autour d’une table de négociations, les deux femmes s’entendaient bien ( Photo) . Elles se comprenaient parfaitement,  Luc Orcel grimaçait . Des femmes, une autorité compromise.

Aujourd’hui  prévient-il  le vent a peut-être tourné.

Et comment, doit-elle penser,  le découvrant prêt à liquider Areva au profit d’EDF qui dans la foulée signera un accord de coopération avec la Chine.

Licenciements par centaines, indépendance énergétique compromise, tractations secrètes, Maureen Kearney est-elle à la hauteur d’un dossier aussi sulfureux ?

Elle s’y attelle pourtant très vite et très vite les menaces patronales précèdent les coups de fil anonymes, les harcèlements physiques. Jusqu’au jour où elle est attaquée et violée à son domicile. C’est du moins sa version, la gendarmerie la met en doute.

L’adjudant chef Brémont est intraitable ( Pierre Deladonchamps) . Très vite il pousse la jeune femme dans ses retranchements pour la faire craquer.

La victime interrogée comme suspecte, Jean-Paul Salomé l’évoque frontalement dans son réquisitoire supplétif à une mise en scène déjà riche d’enseignements.

L’autorité démoniaque de certains dirigeants ( Yvan Attal est très fort ), leur attitude irresponsable dans un contexte social et politique, très fuyant. Le peu de soutiens, Maureen Kearney les perd rapidement. Un temps encore présente, Anne Lauvargeon, va définitivement se retirer de la partie.

Seul le ministre de l’économie, Arnaud Montebourg, à distance, croit en sa parole.

Une petite lumière pour la syndicaliste ? Un peu d’espoir à la reprise de l’enquête, sur de nouveaux éléments ?

 

Une fois encore Isabelle Huppert dans un registre bien particulier libère toute une palette de sentiments pour donner un visage à ce portait que Salomé peint dans tous ses aspects. Les personnages qui l’entourent ne sont pas toujours reluisants, mais les comédiens toujours épatants : Marina Foïs, Grégory Gadebois ( le mari), Pierre Deladonchamps ( le gendarme enquêteur).

(*) Le film de Steven Soderbergh évoque les tracas d’une lanceuse d’alerte jouée par Julia Roberts . Employée chez un avocat elle découvre une affaire louche d’empoisonnement et décide de creuser le filon…

1 mars 2023 en salle 121 mn Avec Isabelle Huppert, Grégory Gadebois, François-Xavier Demaison L'histoire : Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez Elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ? Festival du film francophone d'Athènes 2023 : Prix du public Le Film :  On peine à l’imaginer . Un tel film , dans le genre « Erin Brockovich » * , mais avec une histoire bien française, bien réelle et une réalisation parfaitement hexagonale et personnelle.…
Le film

Isabelle Huppert , totalement métamorphosée, ( ça peut surprendre ) au plus près du physique de son héroïne Maureen Kearney, une syndicaliste CFDT chez Areva qui découvrant des tractations secrètes entre son entreprise, EDF et la Chine va devenir une lanceuse d’alerte en danger. Cette histoire vraie, Jean-Paul Salomé la traite autour d’un réquisitoire implacable où les intérêts financiers, sociaux et politiques prêtent à toutes les dérives de la part de dirigeants peu scrupuleux, incompétents, démoniaques. Le choix est large dans la palette de ce thriller politico-économique qui conduira la syndicaliste à devenir la suspecte numéro 1 d’un système qu’elle peine à dénoncer. Tous les comédiens et comédiennes donnent véritablement corps et chair à ces personnages de fiction, qui existent encore bien réellement. Aujourd’hui la Chine peut fabriquer des ensembles nucléaires, sur une technique bien française. Maureen Kearney enseigne l’anglais dans un collège en France, son premier métier. La centrale EDF de Flamanville ne fonctionne toujours pas normalement  …

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Un commentaire

  1. Film dénonciateur excellement interprété (Tout est dans les yeux d’Isabelle Huppert) relatant l’histoire de cette syndicaliste ,il était difficile de réaliser une fiction comme le demanderait le Cinéma.
    Trop grave pour y insérer de l’ironie façon Chabrol , la tension y est bien existante.
    Merci à JP Salomé de nous informer nombre des agissements scandaleux de ceux qui dirigent notre société.

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