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« Happy End » de Michael Haneke. Critique dvd

Synopsis: Dans une famille bourgeoise du nord de la France, le patriarche est en fauteuil roulant. Il a fait fortune dans le BTP, et dit ne pas reconnaître sa petite-fille qui a empoisonné son hamster (et peut-être sa mère). Sa fille tente de sauver l'entreprise familiale, son frère, grand médecin mais papa de la petite empoisonneuse préfère sa maîtresse à sa femme, Le petit-fils est alcoolique...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Happy End [DVD + Copie digitale]"
De : Michael Haneke
Avec : Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassovitz, Fantine Harduin, Franz Rogowski
Sortie le : 06 fevrie 2018
Distribution : TF1 Vidéo
Durée : 103 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Film étonnant, détonnant de la part d’un réalisateur que l’on a connu plus raffiné et subtil, même dans la satire et la dénonciation. Le trait appuyé, voire grossier (la longue scène de la chaise roulante sur une avenue très passagère, les allusions raciales… ) ne lui ressemble guère.

Le temps ou la fatigue ont-ils altéré ce regard très bourgeois sur une société qui l’est ici encore davantage, déconnectée cette fois des réalités premières ? On peut le penser.

Mais cette façon de filmer, de mettre en scène des êtres attachants et différents (les rapports entre le vieux monsieur et la petite fille sont d’une grande sensibilité), le souci de réunir cette famille si contrastée au cœur d’une histoire où les drames (suicide, accident, séparation…) se succèdent avec légèreté et insouciance, interrogent beaucoup.

Fantine Harduin, Michael Haneke, Jean-Louis Trintignant, une tendre complicité

Car au bout du compte, entre scories et montage revêche (du coq à l’âne, parfois) le vertige de ces images bousculées donne à voir un autre cinéma, la sensation d’un autre dialogue avec un art que Haneke n’apprivoise pas totalement. Les textos et les messages internet font pièces rapportées.

Mais je ne le savais pas si drôle quand il évoque les méfaits d’un éboulement tragique sur un chantier, dû à une pissotière qui n’était pas stabilisée. La famille Laurent responsable de l’entreprise de construction tente de minimiser les dégâts, quand elle n’arrive pas elle-même à stabiliser ses propres fondations.

Pierre, le fils tout aussi instable se chargera de les désouder. Franz Rogowski s’y emploie avec grand talent.

Malgré les efforts de sa maman, Isabelle Huppert bien empêtrée dans ses responsabilités professionnelles et si absente pour le reste, ailleurs, où son frère (Mathieu Kassovitz) tente lui-même de colmater les brèches.

Le comédien tranquille et très à l’aise retrouve un Jean-Louis Trintignant grandiose, bien qu’affaibli par un personnage d’une très grande richesse. On imagine revoir l’autre Georges, celui d’« Amour » qui maintenant, veuf et handicapé, affronte la vie et ignore sa famille.

Mais plus pour longtemps la jeune Fantine Harduin qui vient de fêter ses treize printemps. Elle nous promet encore de belles saisons à venir .

LE SUPPLEMENT

  • Making of (17 mn). Haneke prévient d’emblée qu’il n’apprécie guère ce genre d’exercice. « Si je pouvais ainsi synthétiser mes films, je ferais des articles, le travail du journaliste c’est de réduire la complexité. (…) Je ne veux pas dire au spectateur comment il doit voir le film. »

Cependant il se prête de bonne grâce à l’exercice. Avec notamment, plusieurs séquences très détaillées, de la répétition à la salle de contrôle des rushs.  « J’essaie de décrire la réalité telle que je la voie, aux autres de dire si j’ai raison ».

« Tyran et perfectionniste » selon Franz Rogowski, « il fait des films indépendants de l’esprit du temps ».

« Dire le minimum pour transmettre le maximum » c’est le leitmotiv du réalisateur dont le sens du détail est inimaginable . Il faut voir l’attention qu’il leur porte. ( Ici la morsure du chien à la jambe de la gamine).

Mathieu Kassovitz a lui aussi été surpris par la rigueur du cinéaste. A la fin du documentaire, sur la scène de l’arrivée des migrants dans le restaurant, le comédien français et Toby Jones qui n’est quand même pas le premier venu, écoutent le cinéaste avec un respect et une attention rares. Belle image.

3.5

Film étonnant, détonnant de la part d’un réalisateur que l’on a connu plus raffiné et subtil, même dans la satire et la dénonciation. Le trait appuyé, voire grossier (la longue scène de la chaise roulante sur une avenue très passagère, les allusions raciales... ) ne lui ressemble guère. Le temps ou la fatigue ont-ils altéré ce regard très bourgeois sur une société qui l’est ici encore davantage, déconnectée cette fois des réalités premières ? On peut le penser. Mais cette façon de filmer, de mettre en scène des êtres attachants et différents (les rapports entre le vieux monsieur et la petite…
Le film
Le bonus

Tellement marquée par quelques films indissociables du cinéma européen que l’empreinte d’Haneke paraissait à jamais gravée dans nos mémoires et nos attentes cinéphiliques. Le réalisateur dévie de sa trajectoire, prend à contre-courant les attentes de ses afficionados et donne à voir un autre monde que le sien, et nous voici complètement déstabilisés ! Au raffinement et à la subtilité, il préfère pénétrer dans un univers familial interlope où les préoccupations professionnelles se mêlent étroitement aux craquèlements de ses fondations. Ce qui donne un vertige d’images accentué par un montage abrupt. Les acteurs adoptent le tempo trémolo de leur guide et le résultat, loin d’être décevant, propose peut-être ce qui sera l’un des fondements du cinéma de demain. Un univers sans stéréotype technique ou artistique qui aujourd’hui emprunte souvent à l’artifice, un mode de communication bien commun. Haneke soulève une autre hypothèse, à suivre ! AVIS BONUS Un making of étonnant de la part de Michael Haneke qui d'emblée dit ne pas apprécier ce genre d'exercice...

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