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« Bad boy Bubby » de Rolf de Heer. Critique Bluray

Synopsis: Bubby, 35 ans, est confiné  dans une pièce insalubre. Sa mère, qui lui a toujours fait croire que l'air du dehors était vicié et mortel s'occupe plus ou moins de lui selon son humeur : elle le lave, lui donne à manger, lui fait l'amour... Jusqu'au jour où le père, disparu depuis sa naissance, débarque brutalement à la maison...

La fiche du Blu-Ray

Le film : "Bad Boy Bubby "
De : Rolf de Heer
Avec : Nicholas Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Syd Brisbane, Nikki Price
Sortie le : 03/06/2016
Distribution : Blaq Out
Durée : 108 minutes
Film classé : 12 ans et plus
Nombre de Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

La Mostra a couronné le film avec naturellement la prestation de Nicholas Hope. Dans le rôle-titre l’acteur est absolument fabuleux, d’une beauté étrange puisée dans les tréfonds de cette âme recluse depuis toujours dans l’ignorance et l’abandon. Sa mère a beau l’entourer, elle est geôlière, castratrice, et perverse.

Comme un animal sauvage apprivoisé,  qui brise ses chaînes, Bubby va maintenant improviser au grand jour ce qu’il sait de l’humanité. Il ne reproduit que ce qu’il voit et entend, sans comprendre la signification. Ce zombie vient d’une autre planète, croise d’autres zombies, des voleurs de sacs, des violeurs, des femmes battues et des chanteurs de rue..

La musique, la révélation, le seul langage qu’il peut échanger avec ces étranges personnes. La musique, un viatique auquel se rattacher. Si Bubby est de tous les instants c’est parce que son histoire focalise toute son énergie, et que Nicholas Hope en traduit les moindres nuances

De l’exubérance à la soumission, de la folie à la gentillesse préservée. Mais comme un homme ordinaire a déjà bien du mal à s’extirper de ses angoisses, Bubby plonge dans ce monde ordinaire tel un aveugle. La dérive inéluctable fait de bon et de moins bon (on le retrouvera un moment en prison) est toujours au plus près de sa nature, ici la bien nommée.

Il a pris les attributs d'un "père" jésuite ... comme un père qu'il n'a jamais connu.

                                                                                                      Il a pris les attributs d’un « père » jésuite … comme un père qu’il n’a jamais connu.

Il  s’approprie la scène que lui offrent des musiciens rencontrés par hasard avec un appétit de vie bien logique à ses yeux. La critique sous-jacente de la société que Rolf de Heer pointe ici et là,  explose aux concerts où les prises de paroles de  Bubby sont des cris jetés à la face du monde.

Une critique de la normalité quand celle-ci déblatère et  rejette tout ce qui ne correspond pas à ses normes. La laideur, la grosseur, l’infirmité, la marginalité. Je vous laisse découvrir le summum de cette application au cours d’une scène chez les parents d’une infirmière avec qui Bubby a de véritables affinités.

Ce sont de bons chrétiens, très certainement, comme l’organiste rencontré un peu plus tôt et qui lui assurait que « le devoir des hommes était de penser que dieu n’existait pas. » Bubby en supprimant le mal-être a bien compris la leçon.

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur.«  Je voulais explorer le côté sombre de l’enfance, rien à voir avec moi, mais je suis sensible à ceux qui n’ont pas eu ma chance. (…) L’enfant abusé, une fois devenu adulte, devient souvent aussi violent, et mon côté optimiste me pousse à montrer que ce cycle peut être interrompu ».
La maman de Bubby, sa nurse, sa maîtresse, son unique raison de vivre jusqu'au jour du retour du père...
La maman de Bubby, sa nurse, sa maîtresse, son unique raison de vivre jusqu’au jour du retour du père…

Rolph de Heer parle aussi beaucoup de la manière dont il a développé son personnage et de l’utilisation de la musique avec une façon particulière d’enregistrement..

« Après «  Dingo » j’ai abandonné l’idée de faire carrière, et de ne faire que des films qui comptaient pour moi. “ Bad boy Bubby” fut le premier de la liste. Et ça a marché, il a bien fonctionné et obtenu de nombreux prix. Il m’a offert pour la suite une grande liberté. Je pouvais tourner tous les petits films que je voulais, sans contraintes »

  • « Confessor caressor » de Tim Nicholls (19 mn). Avec Nicholas Hope, et Peter Henderson. Le directeur artistique de « Bad boy Bubby » imagine un faux documentaire sur Michael Freely, un homme qui rêve de devenir un serial killer répondant au nom de Confessor Caressor pour tuer et violer toutes les femmes qu’il croise.

L’homme fournit des détails horribles, mais l’intervieweur assure que ce sont des scènes célèbres déjà connues, le fruit d’une imagination perverse.Le héros raconte son histoire tandis qu’une autre voie évoque une autre version des faits. Tim Nicholls émaille sa mise en scène de quelques réflexions sur le sujet.

« La culpabilité peut-être un sentiment très personnel, ou parfois l’extension de la responsabilité vis-à-vis de l’essence même du monde. La notoriété, l’attention peuvent être des facteurs immanents de motivations qui incitent des personnes à priori normales à agir de manière inhabituelles, et socialement inacceptables ».

La Mostra a couronné le film avec naturellement la prestation de Nicholas Hope. Dans le rôle-titre l’acteur est absolument fabuleux, d’une beauté étrange puisée dans les tréfonds de cette âme recluse depuis toujours dans l’ignorance et l’abandon. Sa mère a beau l’entourer, elle est geôlière, castratrice, et perverse. Comme un animal sauvage apprivoisé,  qui brise ses chaînes, Bubby va maintenant improviser au grand jour ce qu’il sait de l’humanité. Il ne reproduit que ce qu’il voit et entend, sans comprendre la signification. Ce zombie vient d’une autre planète, croise d’autres zombies, des voleurs de sacs, des violeurs, des femmes battues…
Le film
Les bonus

Rolf de Heer a été couronné à la Mostra de Venise avec ce film qui n’appartient à aucun registre formaté pour l’excellence. Ce dont pourtant se rapproche le rôle-titre Nicholas Hope, absolument fabuleux, et d’une beauté étrange puisée dans les tréfonds d’un personnage abandonné depuis toujours et qui un jour apparait aux yeux du monde à la grande lumière. L’exploration des ombres de l’enfance donne au réalisateur des élans de vérité proche d’un naturalisme pourtant paradoxale puisqu’il s’agit de mener une espèce de zombie à la lumière du monde. Une réappropriation plus qu’une initiation pour laquelle le héros va devoir se frotter à toutes les déviances du moment. La caméra de de Heer lui offre un terrain d’exploration formidable que l’acteur et le réalisateur foulent avec une complicité jubilatoire.

Avis bonus Un bel entretien avec le réalisateur et un court métrage assez surprenant

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