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« Au-Travers des Oliviers » d’Abbas Kiarostami. Critique Blu-ray

L'ultime volet de la trilogie « Koker » termine royalement l’aventure cinématographique de Kiarostami et ... sa propre histoire

La fiche du film

Le film : "Au travers des oliviers"
De : Abbas Kiarostami
Avec : Mohamad Ali Keshavarz, Farhad Kheradmand
Sortie le : 25/01/1995
Distribution : Carlotta Films
Durée : 103 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus
  • Dvd : 21 octobre 2020
  • Acteurs : Babek Ahmed Poor, Ahmed Ahmed Poor, Kheda Barech Defai, Babek Ahmed Poor, Ahmed Ahmed Poor
  • Langue : Persan
  • Sous-titres : Français
  • Durée coffret (*) : 4 heures et 41 minutes
  • Studio  : Potemkine Films

Il n’est pas nécessaire de bien connaître Kiarostami pour en apprécier l’importance. Mais un peu de cette connaissance attise l’immense plaisir de son cinéma.

Pour l’exemple ( bien commode ) retenons cette trilogie (*) qui  se conclut royalement par ce film «  Au-travers des Oliviers ».

Abbas Kiarostami imagine un réalisateur revenant sur les lieux d’un tournage ( «  Où est la maison de mon ami ? » ) après un tremblement de terre qui a détruit une bonne partie du village.

Sur le script du film en gestation ( «  Et la vie continue » ) le cinéaste rencontre au bas de l’escalier de sa maison, Hossein, qui cherche ses chaussettes. Il les réclame à sa jeune épouse, restée sur le balcon .

Déjà mémorable dans le film, la scène, ici plusieurs fois rejouée, est savoureuse. Car dans la vraie vie, Hossein est réellement amoureux de sa partenaire. Entre deux prises, il la retrouve sur le balcon pour lui déclarer sa flamme. Tahereh ne lui adresse aucun regard, ne dit aucun mot.

Seuls ceux du scénario prennent sens afin de  retrouver les fameuses chaussettes. Silence on tourne.

En attendant la reprise du tournage, le réalisateur (Mohamad Ali Keshavarz) discute avec les enfants sur ce qu’ils apprennent à l’école. 

Le procédé qui glorifie l’art du cinéma, est chez Kiarostami doublé d’une belle habileté sur la manière de mettre en scène . On va bien au-delà du film dans le film, on revient à la vie. Celle que le réalisateur revendique toujours au volant de ses voitures, en travelling emblématique posé sur rétroviseur extérieur.

C’est bien la destinée qui file, même si les morts, sous les décombres, n’en finissent pas de raconter leurs histoires. Le séisme est plus que jamais présent dans ce village qui renait par la magie d’une fiction et la vérité de ses acteurs.

Hossein est toujours présent, très insistant, mais rien n’y fait …

Les habitants jouent leur propre rôle . Ils s’en échappent parfois comme Hossein qui ne veut plus être maçon. Vedette pour quelques jours, il a maintenant des caprices de star. C’est du moins l’avis de l’assistante de plateau (Zarifeh Shiva) qui ne lui fait guère de cadeaux.

Mais Hossein est formel. Pour l’amour de sa belle, il est prêt à retrousser les manches, à porter le plâtre et les outils et à reconstruire la maison délabrée dans laquelle un cinéaste les a réunis. Il le lui dit et redit à chaque pause. Elle ne dit mot. Silence on tourne ….

(*)  Coffret:   « Où est la maison de mon ami ?« . « Et la vie continue ». « Au travers des Oliviers ».

LES SUPPLEMENTS

  • Le regard d’Alain Bergala . Peut-être moins intéressant que ses précédents points de vue , le spécialiste développe beaucoup autour de l’histoire d’amour impossible entre Hossein et Tahereh. Il évoque aussi tout ce qui s’est joué autour de la fameuse scène de l’escalier et des chaussettes égarées.

Il insiste sur l’attitude du réalisateur qui à ses yeux s’intéresse maintenant plus au couple et à ce qui va lui arriver, plutôt qu’à son film.

Le réalisateur avait repéré cette jeune fille ( ici avec sa mère ) au cas où Tahereh n’aurait pas été à la hauteur
  • Making of ( 31.40 mn ). Remarquable documentaire là encore où l’on suit plusieurs séquences de tournage et de répétitions. Bien évidemment Hossein est au centre du reportage. On le voit notamment un instant de nuit en train de creuser une tranchée, ce qui amuse Abbas Kiarostami «  il est effectivement meilleur acteur que maçon ». Plusieurs scènes avec Tahereh sont aussi au programme.

Sur le tournage on nous montre donc Kiarostami, en retrait, dirigeant son film alors que l’image réelle nous révèle un autre cinéaste qui dit «  fin de journée, c’est bon comme ça ».

Quasiment tout de suite après on entend «  on s’en va , chacun range ses affaires » et l’on voit alors Kiarostami reprendre sa veste et partir… Du cinéma, jusqu’au bout .

Dvd : 21 octobre 2020 Acteurs : Babek Ahmed Poor, Ahmed Ahmed Poor, Kheda Barech Defai, Babek Ahmed Poor, Ahmed Ahmed Poor Langue : Persan Sous-titres : Français Durée coffret (*) : 4 heures et 41 minutes Studio  : Potemkine Films Il n’est pas nécessaire de bien connaître Kiarostami pour en apprécier l’importance. Mais un peu de cette connaissance attise l’immense plaisir de son cinéma. Pour l’exemple ( bien commode ) retenons cette trilogie (*) qui  se conclut royalement par ce film «  Au-travers des Oliviers ». Abbas Kiarostami imagine un réalisateur revenant sur les lieux d’un tournage ( «  Où est la maison de mon ami ? » ) après un…
Le film
Les bonus

Troisième volet de la trilogie « Koker » ce film termine royalement l’aventure cinématographique engagée par Kiarostami sur sa propre histoire après le tournage de «  Où est la maison de mon ami ? ». Le tremblement de terre qui a ravagé la région du film l’a incité à retourner sur place et retrouver si possible les villageois avec qui il avait noué des liens très professionnels et amicaux. Plutôt que d’imaginer un documentaire sur le drame et ses conséquences, il en fait une «  fiction » . Un cinéaste retourne sur ses pas … Le film dans le film qui en résulte , ce troisième long métrage, évoque ainsi habilement le second volet de la trilogie ( « Et la vie continue » ) à travers la rencontre du réalisateur avec un jeune couple , marié le lendemain du drame. Mais dans la vraie vie, l’homme est réellement amoureux de sa partenaire. Le réalisateur l’ignore. Il le découvre au fil d’une même scène que la femme a du mal à jouer… Le procédé qui glorifie l’art du cinéma, est chez Kiarostami doublé d’une belle habileté sur la manière de mettre en scène . On va bien au-delà du film dans le film, on revient à la vie. Celle qu’il n’a cessé d’insuffler tout au long de sa filmographie. Très beau film, grand cinéaste.

AVIS BONUS Le point de vue de Alain Bergala et surtout un making of magnifique

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