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« Marco, l’énigme d’une vie » de Aitor Arregi et Jon Garaño . Critique cinéma

  • 14 mai 2025 en salle
  • 1h 41min
  • Biopic, Drame
  • Avec Eduard Fernández, Nathalie Poza, Chani Martín
  • Studio : Epicentre

L’histoire : Enric Marco est le président de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste. À l’approche d’une commémoration, un historien conteste son passé d’ancien déporté. Marco se bat alors pour maintenir sa version alors que les preuves contre lui s’accumulent…

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

  • Le film :

D’après des faits réels

Il est terrible ce film qui parle d’un ancien déporté qui aurait travesti son histoire. Terrible, car dès les premières évocations, il nous prend à témoin :  la suspicion est évidente, la réalisation à charge. On découvre l’intéressé fuyant les historiens quêtant dans les archives, ce qui pourrait contrarier sa version des faits.

Enric Marco n’est pas un déporté lambda. Il préside l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste. Il fait la une de l’actualité, il aime les projecteurs,  mais aussi se rendre dans les écoles pour alerter les générations à venir.

Il parle bien, avec aisance et tout autour de lui le doute n’effleure jamais les consciences les plus sensibles . Ainsi, dans le bureau de son association, Pere ( Fermí Reixach ) emprisonné à Mauthausen, est très à l’écoute de ce que raconte ce prisonnier de Flossenbürg, dont on ne trouve aucune trace dans les archives.

«  Je me suis présenté sous un faux nom » clame-t-il à plusieurs reprises, rattrapé par l’enquête d’un historien. Benito Bermejo ( Chani Martín) relève des failles dans sa biographie officielle : il ne le lâchera plus .

La pression est  terrible . Celle d’une assemblée maintenant chamboulée par la rumeur et les atermoiements de l’intéressé.

Aitor Arregi et Jon Garaño les reprennent à leur compte, infatigables eux aussi dans l’élan donné à ce récit puissant, passionnant.

Les membres de son association le pressent maintenant de questions…

Leur mise en scène maintient le rythme effréné des investigations autour d’un passé de plus en plus nébuleux . Enric Marco est désormais confondu à chaque intervention, poussé dans ses retranchements, mais poursuivant ce qu’il estime être son œuvre de vérité.

Un sauve qui peut pour une assurance-survie. Il se carapace et contre-attaque, même dans les aveux les plus significatifs. Suspect, puis coupable.

Eduard Fernández demeure malgré tout, jusqu’au bout, très convaincant dans la peau de ce falsificateur persuadé d’agir pour la bonne cause.

La venue du  président de la République aux côtés de l’Association serait sa consécration . Un ultime quitte ou double que les réalisateurs exploitent de façon toujours aussi pernicieuse , laissant  à la vérité le soin de prendre date avec l’Histoire.

Convaincus de l’imposture, les voici prêts à pardonner ! L’énigme d’une vie, comme ils disent … 

14 mai 2025 en salle 1h 41min Biopic, Drame Avec Eduard Fernández, Nathalie Poza, Chani Martín Studio : Epicentre L'histoire : Enric Marco est le président de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste. À l’approche d’une commémoration, un historien conteste son passé d’ancien déporté. Marco se bat alors pour maintenir sa version alors que les preuves contre lui s’accumulent… Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article Le film : D'après des faits réels Il est terrible ce film qui parle d’un ancien déporté qui aurait travesti son histoire. Terrible, car dès les premières évocations, il nous prend…
Le Film

Après « Une vie secrète », grand film sur la mémoire de l’Histoire, et ses ramifications dans l’ordre politique espagnol, Arregi et Garaño poursuivent de manière tout aussi brillante cette réflexion sur la vérité historique au regard de ses acteurs. Enric Marco professe ainsi la bonne parole dans les écoles et les universités sur le mal endémique que fut la déportation et ses conséquences dramatiques dans les camps de concentration. Mais l’homme est soupçonné de travestir la réalité , usurpant notamment son statut de déporté. Tout en poursuivant son activité militante au sein de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste qu’il préside, Enric Marco doit répondre aux attaques de plus en plus pressantes d’un historien, maintenant relayé par ses paires. Insistante, oppressante, la mise en scène maintient le rythme effréné des investigations autour d’un passé de plus en plus nébuleux . Les preuves s’accumulent,  jusqu’à l’aveu qui à ses yeux ne sera jamais celui de la capitulation . L’interprétation magistrale de Eduard Fernández , de la lumière à l’ombre, lui donnerait presque raison.

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