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« Le démantèlement » de Sébastien Pilote. Critique dvd

Synopsis: Gaby est éleveur de moutons dans une ferme qu'il a héritée de son père. Il y vit seul depuis que ses filles sont parties s'installer à Montréal. Dans cette région reculée, la crise économique contraint de plus en plus les paysans à céder leurs propriétés. Gaby, lui, résiste. Sa ferme est sa seule raison de vivre.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Démantèlement"
De : Sébastien Pilote
Avec : Gabriel Arcand, Gilles Renaud, Lucie Laurier, Gilbert Sicotte, Nathalie Cavezzali
Sortie le : 06 mai 2014
Distribution : Blaq Out
Durée : 111 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

« Il aimait ses filles, jusqu’au mal qu’elles lui faisaient ». Ainsi pensait  «  Le Père Goriot » qui revit maintenant, quelque part au Québec, du côté du lac Saint Jean, où Sébastien Pilote a posé sa caméra pour nous conter l’étonnante histoire de Gaby. Pour aider sa fille aînée, ce personnage à la Balzac  va sacrifier  ce qui lui reste.

Il vit seul dans sa ferme avec ces moutons. Autour de lui la désertification du monde rural s’accentue. Il résiste, puis va craquer. C’est encore un film dont l’assise documentaire, voire militante donne énormément de poids et de richesse à la fiction qui en découle.

Par petites touches, subrepticement, Pilote nous plonge au cœur du quotidien de l’homme, du déclin du monde agricole en filmant superbement la campagne «  où il n’y a que des vallons » se lamente son copain. Mais les moutons y trouvent le bon pâturage et Pilote des plans superbes dans la lumière de l’automne, l’été indien de là-bas qui berce la nostalgie du vieux fermier.

On voit tout ce qu’il s’apprête à abandonner, le sacrifice énorme que cela lui demande. C’est le démantèlement de sa ferme, celui de sa famille, un déchirement total, surtout que la dispersion des biens se fait par une vente aux enchères que le cinéaste filme avec un attention remarquable.

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 «  Le seul moyen de voir du monde chez soi, c’est d’organiser des funérailles » lui dit un voisin, victime lui aussi de cette foire d’empoigne, économique et sociale. La mort dans l’âme Gaby assiste à son propre « enterrement ».

Gabriel Arcand, dont je ne me souviens pas avoir déjà vu le profil,  est fabuleux dans la peau de cet homme à la dérive tranquille, fataliste, paternelle. Un comédien exceptionnel qui habite à la fois le personnage et le paysage qui l’a vu naître. Il suffit de le voir se déplacer en ligne de fond, sur un ciel chargé de nuages et de couleurs, pour saisir l’intensité du récit. Une histoire à la fois de générosité et d’abandon. D’amour et de solitude. Le film des contraires à l’image de Gaby qui délaisse le paradis pour l’enfer de la grande ville. A moins que ce ne soit l’inverse. Gaby, un perdant magnifique.

LES SUPPLEMENTS

  • Charles Tesson, du festival de Cannes (4.50 mn). Le délégué général de la semaine de la critique évoque  le tableau d’une certaine Amérique, plastique, une imagerie de l’Amérique dans ses grands espaces. « L’humanisme des grands espaces, la dimension documentaire est centrale, une dimension tragique, son tempo, sa mise en place, extrêmement lent, élégant, généreux, du style ».

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  • Filmer un beautiful loser (11.30 mn). Le réalisateur Sébastien Pilote parle de ses influences, dont Balzac et Leonard Cohen, autour du «  démantèlement de la cellule familiale, qui autrefois était l’unité de base au Québec, Gaby c’est un homme qui se défait en morceau, le perdant magnifique comme dit Cohen ».
  • Entretient avec Gabriel Arcand  (11.30 mn). L’acteur a été surpris quand on lui a proposé le rôle.  « Je viens d’une famille de navigateur, je connais rien au rural, je vis à Montréal, c’était une autre planète. J’ai alors rencontré d’authentiques éleveurs de moutons du lac Saint Jean, ils sont totalement engagés , sans répit, sans repos, une vie dédiée à leur terre, je n’imaginais pas à quel point ça pouvait exister. (… )Je n’avais pas l’air d’un acteur transplanté, ils m’ont dit que j’étais crédible et ça reste  ma plus grande fierté ».
« Il aimait ses filles, jusqu’au mal qu’elles lui faisaient ». Ainsi pensait  «  Le Père Goriot » qui revit maintenant, quelque part au Québec, du côté du lac Saint Jean, où Sébastien Pilote a posé sa caméra pour nous conter l’étonnante histoire de Gaby. Pour aider sa fille aînée, ce personnage à la Balzac  va sacrifier  ce qui lui reste. Il vit seul dans sa ferme avec ces moutons. Autour de lui la désertification du monde rural s’accentue. Il résiste, puis va craquer. C’est encore un film dont l’assise documentaire, voire militante donne énormément de poids et de richesse à la fiction qui en découle.…

Review Overview

Le film
Les bonus

Gaby, un personnage à la Balzac, celui du Père Goriot, qui pour ses filles va sacrifier tout ce qui lui reste de vital au monde : sa ferme et ses moutons. Raconté de la sorte, on ne saute pas au plafond et pourtant filmé dans les lumières de l’été indien québécois, ce film est d’une intelligence de tous les instants, accentuée par la prestation fabuleuse de Gabriel Arcand, un comédien dont la soixantaine lui va à ravir.

Avis bonus Les commentaires du réalisateur , de l'acteur et ... d'un cannois.Instructifs

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3 Commentaires

  1. C’est un film que j’avais beaucoup apprécié lors de sa sortie, intimiste, militant. Il est dommage que ce type de film ne passe que dans des salles d’art et essai.

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