- 29 octobre 2025 en salle

- 2h 03 mn
- Comédie dramatique
- Par Thierry Klifa, Cédric Anger
- Avec Isabelle Huppert, Marina Foïs, Laurent Lafitte,André Marcon, Raphaël Personnaz , Mathieu Demy
L’histoire : La femme la plus riche du monde : sa beauté, son intelligence, son pouvoir. Un écrivain photographe : son ambition, son insolence, sa folie. Le coup de foudre qui les emporte. Une héritière méfiante qui se bat pour être aimée. Un majordome aux aguets qui en sait plus qu’il ne dit. Des secrets de famille. Une guerre où tous les coups sont permis.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez vous à la fin de l’article
Un petit poil trop long, peut-être. A peine une éraflure sur un tableau impressionniste, impressionnant de maîtrise et de vérité. On sait que l’auteur s’inspire de l’affaire Bettencourt ( les Farrère pour le film ), ce fait divers élagué sur plusieurs années, qui repousse ici de manière fulgurante, sur un autre terreau.
Là où Thierry Klifa, le réalisateur-scénariste resitue ce drame familial dans sa version la plus profonde, la plus sincère. Parti pris évident pour la famille Farrère, qui ne supporte plus les intrusions de Pierre Alain Fantin , un photographe à succès, réputé et redouté sur la place parisienne.
Mais Mme Farrère qui le craignait beaucoup, en est maintenant totalement folle. Isabelle Huppert, très grande dame.
Pour ce sourire enjôleur, cette phrase minaudée avec un brin de vulgarité, cette déclaration à l’emporte-pièce . Le gigolo sait y faire, rappelant à la cantonade son homosexualité enjouée.
A l’image de son personnage, Laurent Laffite connait la chanson et transcende son interprétation de manière fulgurante. On peut alors comprendre les inclinaisons de la riche héritière qui anticipe ce dont le photographe n’a pas forcément toujours besoin. Un peu d’argent, encore de l’argent et encore beaucoup plus d’argent. Fantin s’installe dans ses meubles , la maisonnée s’inquiète.

La fille, notamment, Frédérique qui ne le supporte plus, elle qui autrefois en disait le plus grand bien. Comme on en dira de Marina Fois, éblouissante dans sa réserve de jeune femme bien élevée.
A ses yeux ce sont les fondements mêmes de la dynastie Farrère qui sont attaqués, l’avenir économique de la maison mère et sa réputation, fragilisés, le socle familial, fissuré.
Thierry Klifa les filme avec une justesse raisonnée, relevant avec bon sens les failles et les glissements de terrain de la propriété où les disputes et les dissensions s’entendent maintenant dans le bureau des juges.
Sa direction d’acteurs nous les montre dans les meilleures dispositions , leur laissant le soin de parfaire des personnages entiers et vrais. André Marcon, le mari bienveillant, Raphaël Personnaz, l’intriguant majordome , Mathieu Demy le gendre mal aimé…
Ils sont tous à leur place à l’image de ce film !
Une affiche exceptionnelle peut parfois cacher la misère. Mais cette fois, de Laurent Laffite, Isabelle Huppert ou Marina Fois on ne retient qu’un ensemble, l’harmonie d’une interprétation totale . Un second trio tout aussi formidable (André Marcon, Raphaël Personnaz , Mathieu Demy) complète la panoplie de cette aventure inspirée par l’affaire Liliane Bettencourt. Où les mésaventures et déboires d’une riche héritière éprise d’un artiste gigolo à qui elle se confiera et confiera pas mal d’argent. A mon sens Thierry Klifa s’approprie originalement l’histoire par le biais de sa direction d’acteurs qui induit sa mise en scène, plus qu’elle ne la conduit. Avec des dialogues d’une justesse constante, les rouages de la mécanique enclenchée par l’intrusion de l’étranger grincent joliment. Doit-on se retenir de rire, de sourire ?
