- 8 janvier 2025 en salle
- DVD : 15 Mai 2025
- 1h 47min
- Comédie dramatique, Drame
- Avec Tilda Swinton, Julianne Moore, John Turturro
- Studio : Pathé
L’histoire : Ingrid et Martha, amies de longue date, ont débuté leur carrière au sein du même magazine. Lorsqu’Ingrid devient romancière à succès et Martha, reporter de guerre, leurs chemins se séparent. Mais des années plus tard, leurs routes se recroisent dans des circonstances troublantes…
Lion d’or 2024 Venise
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
L’histoire de Martha se résume à peu de mots, et beaucoup de silence. Celui auquel la mort la prépare, face à une maladie incurable et contre laquelle elle ne veut plus se battre. Après de multiples tentatives, et des traitements sans cesse renouvelés, améliorés, expérimentés.
Ce renoncement à la vie programmé, elle le confie aux bons soins de l’une de ses meilleures amies, Ingrid une romancière célèbre qui avait pourtant professionnellement quitté l’environnement de celle qui était devenue, une reporter de guerre, tout aussi connu.
Ingrid et Martha se retrouvent et nouent un pacte singulier, qui tient d’un accompagnement de fin de vie, sur les liens de leur amitié renouvelée.
Dans un lieu paradisiaque, à une heure de toute civilisation , seule à seule , pour ne plus rien affronter, pour ne plus se battre, mais pour vivre tout simplement.
Une vision quasi abstraite selon Almodovar, qui de l’élégance des premiers échanges amicaux, à la froideur d’un constat clinique sans appel, établit au sein de cette très belle propriété, un modus vivendi élégiaque.
Hopper à ses côtés, de tous les instants, dans ses couleurs, ses poses , ses attentes , inspire une ligne de vie continue, où la mort effectivement n’a pas lieu d’être. Rien qu’une faucheuse occasionnelle qui les ramène à autrefois, à leurs amours conjuguées à la même personne, et puis à Fred (Alex Høgh Andersen), cet homme perdu à jamais dans sa propre guerre.
Martha qui l’a aimé, l’a-t-elle cherché dans les combats de feu qu’elle à couvert sur la terre entière ? Un questionnement familial tardif et toujours sans réponse pour sa fille , orpheline d’un père inconnu.
L’histoire de Martha se résume bien à tout son silence. Tilda Swinton le fait résonner de manière incroyable . Quand sa partenaire de combat, Julianne Moore assume avec classe une haute définition de l’amitié . Chez Almodovar, ça demeure toujours une affaire de femmes !
LES SUPPLEMENTS
- Master class de Pedro Almodovar, Tilda Swinton et Julianne Moore ( 19 mn ) – « Il me fallait une histoire qui mérite ces deux actrices. C’est un film d’actrices
Julianne Moore : « J’avais très envie de travailler avec Tilda mais c’est très rare les rôles de femmes, face à face. (…) On a coopéré activement, par ce biais on a appris à se connaître et à s’apprécier ».
Tilda Swinton : « On ne se connaissait pas effectivement, mais je l’avais conseillée à Pedro par mail, qui au même moment m’envoyait un mail en m’indiquant son nom ».
On parle aussi de sororité , de l’art comme rempart : « il peut réveiller des choses qui sommeillent en nous (…) c’est le privilège de notre métier de pouvoir jouer avec » – T.Swinton- Et l’on parle d’euthanasie que Pedro Almodovar évoque comme « une mort digne »…
- Entretien avec Pedro Almodovar ( 8 mn ) – On retrouve un peu les propos de la Master class ( le choix des comédiennes ) . « La langue n’a pas posé de problème, je les comprenais très bien et elles ont su me déchiffrer. J’ai dirigé ce film comme s’il était dans ma propre langue ».
« La mort dans ce film est un choix vital . C’est une décision que prend le personnage, en pleine conscience . L’être humain doit être maitre de sa vie, mais aussi de sa mort quand la vie n’est plus qu’une souffrance insupportable. Je n’ai pas voulu faire un film sordide, mais lumineux ».
- Entretien avec Julianne Moore ( 9 mn ) –Un simple mail : « J’aimerais vous avoir avec moi, voilà le scénario… » . L’actrice tombe des nues, « on ne m’avait pas soufflé mot de ce projet ».
Elle décrypte le parcours du réalisateur qui aux débuts aux USA était une véritable énigme. « J’aurais dit oui à tout venant de lui (…) Il n’utilise pas l’espagnol de la rue , mais un espagnol soutenu, poétique . Et en anglais on retrouve la même sensibilité» .
- Le tournage ( 5 mn ) –C’est court, mais ce sont de véritables coulisses
- Sur un thème identique ou presque :
« Juste la fin du monde » de Xavier Dolan – « Quelques heures de printemps » de Stéphane Brizé-« Tout s’est bien passé » de François Ozon
Le film
Les bonus
Un film sur la fin de vie. Ou bien sur l’amitié. A moins qu’il ne s’agisse d’un regard sur l’absence .Celle d’une mère pour sa fille qui n’a jamais connu son père… Cet homme revenu d’une guerre, plus mort que vivant.
La mort est omniprésente chez Almodovar au milieu de tous ces thèmes qu’il brasse avec froideur et élégance, dans ce renoncement programmé à la vie.
Martha a donc fait appel à son ami Ingrid, perdue de vue un temps, et retrouvé au hasard d’une autre rencontre. Elle va l’accompagner dans son désir ultime de partir sans aucune concession aux aléas médicaux.
Ne plus rien affronter, ne plus se battre, mais vivre tout simplement. Ce que le cinéaste traduit par une figuration picturale à la Hopper , une ligne de vie continue, où la mort effectivement n’a pas lieu d’être.
Tilda Swinton et Julianne Moore l’ignorent dans la superbe de leur interprétation . Pedro Almodovar en fait à nouveau, une affaire de femmes. Emouvante, rayonnante
AVIS BONUS
Le réalisateur et ses deux actrices prennent la parole, avant un tout petit tour intéressant dans les coulisses 4