On ressort la série du Décalogue du cinéaste polonais. Toujours aussi grandiose !
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Trente ans après, Kieslowski demeure d’une incroyable lucidité au cœur d’un dispositif scénaristique à la fois original et complexe. On ressort sa série TV « Le décalogue », dix épisodes qui reposent sur les commandements de la Bible. Mais le cinéaste n’applique pas à la lettre la sommation évangélique. Elle résulte d’un état, d’une situation à travers un pays alors en proie aux pressions « du grand frère soviétique » et à la révolte populaire que soulève Solidarnosc.
Chaque épisode peut se voir indépendamment, quel que soit l’ordre. Dans la chronologie, certaines scènes ou personnages apparaissent furtivement et renvoient à des situations précédemment relatées. Ainsi, le gardien de l’immeuble où le cinéaste a posé sa caméra …
Un jour (« Un seul dieu tu adoreras ») il découvre un lapin tombé d’un balcon. Ce sont d’excellents frigidaires par ces froids polaires. Dans « Tu ne tueras point » alors qu’il s’apprête à entamer sa deuxième journée de travail au volant de son taxi, on lui jette une serpillière. L’anecdote tient du détail s’il n’y avait dans la révélation de ce comportement, l’ébauche d’une destinée sinon funeste, tout du moins prémonitoire d’une journée gâchée.
Au pied de son immeuble, il va refuser des clients qui sont peut-être ses voisins et puis se rend sur son stationnement professionnel. Le monde passe devant lui, mais il ne remarque pas ce jeune homme au teint blafard (Jacek Łazar) qui l’épie plus qu’il ne l’observe. Kieslowski assemble les pièces d’un puzzle sans forme ni raison apparentes. Là où un autre jeune homme savoure sa réussite : après quatre ans de stage il vient d’être admis avocat (Krzysztof Globisz).
« Aucun châtiment n’a réussi à améliorer le monde » énonce l’un de ses examinateurs, alors que le prédateur vient de fondre sur sa proie. La mise en abîme d’un crime annoncé par le cinéaste qui pourtant ne dit rien ou si peu sur ses personnages. Le sort est ailleurs et s’acharne sur le malheureux. Il ne veut pas mourir, normal, mais ne se débat presque plus. Le coupable, un meurtrier de hasard qu’un jeune avocat va maintenant tenter de sauver de la mort.
Kieslowski raconte des histoires, il les filme avec un bonheur constant (le transfert des plans larges au gros plan, la fluidité, le cadrage toujours signifiant…) et donne à ses acteurs un sens du dialogue peu commun. Au-delà la direction, une communion. On devrait encore aujourd’hui enseigner ce cinéma-là. Il est universel. Il demeure d’actualité.
Le film
C’est la peine de mort que dénonce le cinéaste polonais à travers ce commandement pour une fois explicite (« Tu ne tueras point ») en regard d’un décalogue qui s’autorise bien souvent des libertés vis-à-vis des commandements bibliques auxquels il se réfère. Une peine de mort, quelle qu’elle soit, portée par l’histoire d’un pays qui n’en finit pas de fuir ses démons. Kieslowski dit que le décalogue « peut être une photographie de mon pays à un moment précis de son histoire. Ce sont des gens qui se battent au quotidien contre la solitude, le désespoir, l'injustice... ». Ici un jeune homme perdu dans la ville, mais qui observe, et puis épie le comportement d’un chauffeur de taxi. Un autre jeune homme, dans la même ville est admis comme avocat. S’ils se rencontrent, c’est que le destin est mauvais, pour l’un comme pour l’autre conclue le cinéaste.
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