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« Spetters » de Paul Verhoeven. Critique dvd

Synopsis: Périphérie de Rotterdam, Pays-Bas, 1980. Rien, Eef, et Hans issus de la classe ouvrière rêvent de gloire et de fortune, unis par leur passion du motocross. Quand la belle vendeuse de frites Fientje s'installe dans leur ville, elle aussi rêvant de fortune, elle jette son dévolu sur celui des trois amis semblant promis au plus bel avenir...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Spetters - Nouveau Master HD"
De : Paul Verhoeven
Avec : Renee Soutendjik, Rutger Hauer, Maarten Spanjer
Sortie le : 08 juin 2016
Distribution : Bqhl
Durée : 122 minutes
Film classé : 16 ans et plus
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
L'interview

A l’époque (1979) je n’aurais pas crié haro, je ne pense pas. Mais la « tendresse » mise à nue, au propre comme au figuré, pouvait effectivement heurter le paroissien. Des scènes plus ou moins contraintes de fellation, de sodomie, des relations homosexuelles assumées en premier plan, pour le cinéaste « si c’est vrai, je le filme et je le filme comme ça se fait. Je ne ferai pas d’ellipses et je ne filmerai pas de manière à ce qu’on ne voie rien, genre dans le noir ou la pénombre. Je filmerai tel quel.  » (…) La vie réelle, quoi ».

Filmer terre à terre la jeunesse hollandaise d’une fin de siècle minée par une libération des mœurs débridée. Une bande de copains comme il en existe depuis toujours, des garçons, des filles et des amours le plus souvent sans lendemain. Des rivalités de mecs pour une blonde plus blonde que les autres, une moto plus racée, un sexe encore plus long…

Sur ce canevas d’une fragilité tranquille Paul Verhoeven décortique la société du moment avec la même violence que ses protagonistes et la même empathie pour cette jeunesse qui ne demande qu’à vivre. Avant de passer aux choses plus sérieuses que leurs parents tentent de leur inculquer.

Spetters_1

De la tolérance à la stricte obédience religieuse, les facettes de son panel marquent un peu le pas sur une mise en scène nullement rigoriste, bien évidemment. Verhoeven transgresse, amusé, les codes du septième art pour imaginer une nouvelle chevauchée sauvage, emportée par la fougue et la vigueur d’un casting le plus souvent très jeune et dynamique. Rutger Hauer est aujourd’hui celui qui surnage peut-être encore le mieux…

Chaque personnage est bien typé  avec une préférence affichée pour la vendeuse de frites (Renée Soutendijk) pour laquelle le réalisateur bichonne son objectif. Arriviste, opportuniste, Fientje use de ses charmes pour sortir  de sa condition, n’hésitant pas à laisser tomber ses amoureux quand ceux-ci ne font plus l’affaire. Question sentiment, mais le plus souvent, question argent…

« Je veux la sécurité, rien à foutre de l’amour » dit la princesse de cette fable sociale filmée de manière crue, réaliste, autour de sujets aussi différents que l’ambition, la désillusion, le handicap, la sexualité, l’homosexualité et la religion.

Comme un capharnaüm dans lequel Verhoeven laisserait ses compatriotes se débrouiller comme ils l’entendent. La scène finale est à ce titre magnifique, exemplaire.

LE SUPPLEMENT

  •  Interview de Paul Verhoeven (7 mn)Le cinéaste resitue le film dans son époque aux Pays-Bas, son accueil par la  presse, et le public. Il assure qu’il voulait parler de gens issus de milieu populaire, à l’opposé de son précédent film «  Le choix du destin »

« Je déteste provoquer gratuitement. Tous les actes montrés dans le film, même les plus ignobles, ont leur raison d’être. Je ne cherche ni à dramatiser, ni à édulcorer. (…) Je voulais aller au-delà de ce qui était “ normal ”, de ce qu’on voit d’habitude à l’écran. Ca devenait alors une étude passionnante sur la jeunesse dans la Hollande des années 80. Mais les gens en sont ressortis indignés, choqués. La première fois que j’ai eu le pays contre moi. Après il y a eu «  Showgirls » aux USA mais ce fut moins pénible, j’étais déjà passé par là … Sinon ça peut vous détruire. »

la vendeuse de frites a beaucoup de succès

La vendeuse de frites a beaucoup de succès

«  Je voulais montrer les choses vraies, mais généralement laissées de côté. Comme ces gangs armés de barre de fer qui  traquaient les homosexuels pour les agresser très violemment (…) Pour les courses de moto, je me suis inspiré de «  Ben Hur », si vous remarquez bien, les séquences ont les mêmes structures, en moins bien, évidemment. »

A l’époque (1979) je n'aurais pas crié haro, je ne pense pas. Mais la "tendresse" mise à nue, au propre comme au figuré, pouvait effectivement heurter le paroissien. Des scènes plus ou moins contraintes de fellation, de sodomie, des relations homosexuelles assumées en premier plan, pour le cinéaste « si c’est vrai, je le filme et je le filme comme ça se fait. Je ne ferai pas d’ellipses et je ne filmerai pas de manière à ce qu’on ne voie rien, genre dans le noir ou la pénombre. Je filmerai tel quel. " (…) La vie réelle, quoi ». Filmer terre…
Le film
L'interview

Depuis 12 ans, ce film n’a pas été projeté en France. Comme un reliquat du brulot qu’il provoqua à sa sortie en 1979, quand le public hollandais s’indigna au point de provoquer l’envie de fuir de la part de Paul Verhoeven. Il filme crument, terre à terre la jeunesse hollandaise d’une fin de siècle minée par une libération des mœurs débridée. Une bande de copains comme il en existe depuis toujours, des garçons, des filles et des amours le plus souvent sans lendemain. Sur ce canevas d’une fragilité tranquille Paul Verhoeven décortique la société du moment avec la même violence que ses protagonistes et la même empathie pour cette jeunesse qui ne demande qu’à vivre Il aborde ainsi des sujets aussi différents que l’ambition, la désillusion, le handicap, la sexualité, l’homosexualité ou la religion. Comme un capharnaüm dans lequel Verhoeven patauge avec un délice qui ne fut pas du goût de tout le monde.  

Avis bonus Le réalisateur donne son point de vue sur la réaction du public et de la presse...

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