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« Satantango- Le Tango de Satan  » de Béla Tarr. Critique cinéma

Synopsis: Dans un village perdu au cœur de la plaine hongroise, les habitants luttent quotidiennement contre le vent et l’incessante pluie d’automne. Dans la ferme collective démantelée et livrée à l’abandon, les complots vont bon train lorsqu’une rumeur annonce le retour de deux hommes passés pour morts.

La fiche du film

Le film : "Sátántangó (Le Tango de Satan) "
De : Bela Tarr
Avec : Putyi Horvath, Mihaly Vig
Sortie le : 12/02/2020
Distribution : Carlotta Films
Durée : 137 Minutes
Genre : Drame, Comédie
Type : Long-métrage
le film (intégral)
  • D’après le roman éponyme de l’écrivain hongrois László Krasznahorkai…

C’est un événement cinématographique qui je pense demeure confiné à un petit cercle de cinéphiles, d’initiés ou d’intellectuels chevronnés. Mais poussez donc un peu la porte, prenez le temps, et suivez le …

Quand un troupeau de vaches met une dizaine de minutes pour quitter l’étable et se rendre au champ, Béla Tarr les suit pendant dix minutes, patiemment, intelligemment.

Un super plan-séquence sans raffut, un travelling évocateur des heures à venir dans ce monde oublié d’un pays en décrépitude. Un village perdu dans la Puszta ; plaine hongroise sans fin, sans perspective, sans avenir…

Ce qui reste d’habitants demeure dans l’incertitude. Ils s’épient, notent faits et gestes et complotent sur le partage d’un magot quand la nouvelle tombe aussi sèchement que la pluie qui n’en finit pas.

Ils ne sont pas morts, ils reviennent. Le messie ou  Satan ? Les villageois spéculent sur la « résurrection » d’Irimias et Petrina et retrouvent un semblant de dignité, voire de cohésion.

Mais le leader d’autrefois reprend les accents d’un pouvoir très vite reconquis. Le cafetier le craint, et passe sa colère dans son arrière-boutique où le réalisateur observe dans le détail la chute d’une nation.

Ils sont de retour, on les croyait morts…

Cette lenteur, cette progression de la caméra pour cerner un regard, cadrer un portrait pendant que tout autour les spéculations et le sauve qui peut n’en finissent pas.

Parfois un peu pénible ce processus descriptif prend le temps du détail, de la réflexion ou bien celui de l’attente d’un rendez-vous dans un long couloir administratif, froid et désert. Certaines scènes se répètent sous des angles différents. Loin d’une technique ou d’un style, le procédé révèle bien un point de vue de la part de son auteur.

Il culmine avec la gamine égarée devant la taverne où les villageois dansent et s’enivrent à n’en plus finir.  « Le jugement irrévocable est proche , vos projets n’aboutissent pas, vos rêves aveugles sont brisés » raconte le roman porté par cette voix-off qui mesure la tragédie à venir.

On a dit que c’était l’effondrement du communisme. Pourquoi pas. Les illusions prennent la clé des champs, trompent les paysans . Béla Tarr filme cette absence, le vide sidéral. On y croit.

D’après le roman éponyme de l’écrivain hongrois László Krasznahorkai… C’est un événement cinématographique qui je pense demeure confiné à un petit cercle de cinéphiles, d’initiés ou d’intellectuels chevronnés. Mais poussez donc un peu la porte, prenez le temps, et suivez le … Quand un troupeau de vaches met une dizaine de minutes pour quitter l’étable et se rendre au champ, Béla Tarr les suit pendant dix minutes, patiemment, intelligemment. Un super plan-séquence sans raffut, un travelling évocateur des heures à venir dans ce monde oublié d’un pays en décrépitude. Un village perdu dans la Puszta ; plaine hongroise sans fin, sans…
le film (intégral)

Si l’on veut savoir ce qu’est un vrai plan séquence, il faut s’attarder auprès de la caméra de ce cinéaste qui en adaptant l’œuvre gigantesque de son compatriote László Krasznahorkai déploie son film dans la durée. Quand un troupeau de vaches met une dizaine de minutes pour quitter l’étable et se rendre au champ, Béla Tarr les suit pendant dix minutes, patiemment, intelligemment. Le réalisateur conserve la dramaturgie et la structure originale du roman, et filme l’espace avec  lenteur et circonspection tant l’avenir de cette terre désolée et de ses habitants parait interdit. Certaines scènes se répètent sous des angles différents. Loin d’une technique ou d’un style, le procédé révèle bien un point de vue de la part de son auteur. Ils n’en manquent pas dans ce film fleuve ( 7 h 30 mn ) qui annonçait nous dit-on l’effondrement du communisme. Pourquoi pas. Les illusions prennent la clé des champs, trompent les paysans . Béla Tarr filme cette absence, le vide sidéral. On y croit. 

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