Accueil » A la une » « Mon Crime » de François Ozon. Critique cinéma

« Mon Crime » de François Ozon. Critique cinéma

L’histoire : Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité la rattrape…

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

  • Le Film : 

:Adapté de la pièce de théâtre éponyme de Georges Berr et Louis Verneuil.

Ce film, comment l’aborder ?  Il y a tant à voir et à entendre dans cette supplique criminelle, assez traditionnelle, qu’une fois la coupable démasquée, celle-ci parait trop singulière pour ne pas reprendre l’instruction .

Ce que se refuse d’ailleurs à faire le juge Rabusset face à la véritable coupable qui plaide son forfait. L’autre, acquittée pour ses beaux yeux, revendique pareillement la paternité du meurtre qui aujourd’hui lui rapporte argent et gloire.

C’est le monde à l’envers dont François Ozon s’empare avec gourmandise pour l’enfoncer un peu plus davantage. La facétie de ces deux jeunes femmes désœuvrées, l’une avocate, l’autre comédienne, très amies, est si communicative qu’elle bouscule tout sur leur passage . Les hommes y perdent de leur superbe.

Le juge Rabusset par exemple qui voit Luchini enfin dans un rôle cinématographique à la hauteur de ses prétentions. Il y a un peu de Louis Jouvet dans sa préciosité, mais il se retient le bougre et laisse le champ libre à son greffier, Trapu, un véritable arlequin de cinéma. Olivier Broche joue très très bien le bonhomme .

Au Palais de Justice, plaidoirie, réquisitoire, interrogatoire, rien ne va forcément dans le sens de l’ordre et de la morale. Et c’est réjouissant !

Les femmes qui se succèdent dans leur bureau participent à de savoureux échanges. La présumé coupable, sa défenseuse … Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, quasiment de tous les plans  subjuguent dans la conjugaison complice et savoureuse de leurs personnages.

Avant que ne déboule, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, Odette Chaumette la comédienne sur le retour. Elle rebat les cartes du beau scénario élaboré par François Ozon qui confie à Isabelle Huppert un superbe rôle en fausses nuances.

Dans un cadre apprêté pour l’occasion. Epoque 1930, reconstitution, recomposition, on s’y promène avec délectation, à l’écoute de quelques féministes d’avant-garde, ciblées par un cinéaste précurseur. Le plumeau à l’œilleton il dépoussière un genre, régénère un autre. Et tout ça fait du cinéma, du grand cinéma !

En salle : 08 Mars 2023 1h 42min Avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Dany Boon, André Dussolier, Edouard Sulpice, Michel Fau, Daniel Prévost L'histoire : Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité la rattrape… Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article Le Film : …
Le Film

C’est pour le théâtre, pour une époque, pour les femmes et le cinéma dans tout ce qu’il a de plus novateur, sous des frusques rapiécées. Tout le talent d’Ozon est d’avoir pris à la lettre , une simple narration criminelle tourneboulée par ses attendus qui défient les sempiternels films du genre. On sacralise la coupable, on l’acquitte, on oublie la victime et quand une autre coupable beaucoup plus crédible cette fois rend visite au juge d’instruction, celui-ci n’en croit pas un mot. Mais pour lui faire plaisir, il  lui propose un autre crime dans la pile de dossiers qui encombrent son bureau. Le genre d’histoire fantaisiste, drôle, qui égaie un film frétillant et tout aussi sérieux sur la place des femmes en quête de vivre. Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, quasiment de tous les plans  subjuguent dans la conjugaison complice et savoureuse de leurs personnages. Il y aussi Isabelle Huppert tonitruante, Fabrice Lucchini drôle et pincé à la fois, Olivia Broche magnifique greffier sur pattes à ressort, et encore bien d’autres comédiens, comédiennes, tous et toutes indispensables à cette comédie inhumaine.

User Rating: 1.75 ( 3 votes)

Voir aussi

« Harry Plotnick, seul contre tous » de Michael Roemer. Critique dvd ( coffret)

On referme le coffret Michael Roemer sur une fantaisie bien particulière

Laisser un commentaire