- 8 octobre 2025 en salle

- 2h 02min
- Biopic |
- Par Andrea Segre
- Avec Elio Germano, Stefano Abbati, Francesco Acquaroli
- Titre original Berlinguer. La grande ambizione
L’histoire : Italie 1975. Enrico Berlinguer, chef du plus puissant parti communiste d’Occident, défie Moscou et rêve d’une démocratie nouvelle. Entre compromis historique et menaces venues de l’Est, le destin d’un leader prêt à tout risquer pour ses idéaux.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
L’histoire de l’Italie et celle du cinéma se fondent souvent dans un même élan. Particulièrement au cours des années soixante-dix, celles de l’énorme popularité du Parti Communiste Italien, encore à l’écoute du Kremlin.
En face, la Démocratie Chrétienne lui répond sur les préconisations fournies par la Maison Blanche.
Une confrontation stérile, conjuguée à l’imparfait de la situation politique du moment. Un homme tente de la reprendre à son compte en repoussant l’influence étrangère, et le capitalisme rampant dans la botte .

Enrico Berlinguer, à la tête du plus puissant parti communiste d’Occident, garde la sienne bien à l’abri des contingences du genre. De discours en négociations, de tractations en compromis, son parcours le guide invariablement vers le peuple des travailleurs, qu’il écoute et harangue avec la même attention.
Pour ses idéaux patriotiques il privilégie l’intérêt de ses camarades, au point ultime et paradoxal de les sacrifier idéologiquement afin de leur obtenir gain de cause. L’un des rares compromis de sa gouvernance que Andrea Segre nous rapporte de manière plus politique qu’historique, me semble-t-il.
Le cinéaste a fait ses armes dans le documentaire.
Sa mise en scène linéaire mêlée aux vidéos de l’époque atteste de son parti-pris didactique .
Ancien docteur en sociologie, son engagement est patent, sur les traces d’une personnalité essentielle dans cette société en proie au désordre et à l’anarchie. Berlinguer (Elio Germano) entend la révolte des extrêmes, les attentats, les bombes, mais ne penche nullement vers leur mouvement.
Il abandonne peu à peu Moscou (c’est dangereux lui dit-on) et forge les principes humanistes dont il rêve pour son pays et l’Europe en devenir. Ferme sur ses positions, il rejoint la Démocratie chrétienne qui refuse de négocier avec les ravisseurs d’Aldo Moro.

L’absence de réactions du monde politique révolte le président de la Démocratie Chrétienne (Roberto Citran) . « Est-ce possible qu’ils veulent ma mort ? » écrit-il depuis sa cellule.
Lorsque son corps est découvert Mme Berlinguer (Alice Airoldi) est quasi fataliste. « C’est quoi la suite ? » demande-t-elle à son mari. Une question lourde de sens et d’inquiétude pour cette page d’Histoire écrite un peu trop sagement dans sa résolution scénique, son manque d’émotion véritable . Elle demeure néanmoins indispensable.
- Deux films en correspondance :
« Esterno Notte » de Marco Bellocchio. Il se recentre sur l’enlèvement d’Aldo Moro, alors président de la Démocratie Chrétienne.
« Prima Linea« , de Renato di Maria . C’était l’une des principales cellules terroristes d’extrême-gauche.
Le film
Une fois encore le cinéma italien se penche sur son Histoire, mêlée aux mouvements politiques qui n’ont jamais cessé d’alimenter la pellicule transalpine. Mais cette fois Andrea Segre nous rapporte de manière plus politique qu’historique, me semble-t-il le combat de Berlinguer, alors à la tête du plus puissant parti communiste d’Occident. L’engagement du réalisateur, ancien docteur en sociologie est patent. Il accompagne son héros, plus qu’il ne le suit . Dans son éloignement avec Moscou, et son combat sur le terrain à côté des travailleurs italiens, face à la Démocratie Chrétienne au pouvoir depuis une trentaine d’années. La forme linéaire de la mise en scène implique une résolution souvent didactique. On apprend beaucoup sur l’homme Berlinguer, sans forcément comprendre pleinement la leçon humaniste qui émane de son parcours. Le film est peut-être trop sage, dans sa résolution scénique, son absence d’émotion véritable. Pour une page d’histoire qui demeure cependant indispensable