Synopsis: Partie faire sa vie en Allemagne, Jasna revient en Croatie rendre visite à sa mère Anka, qui résiste au temps, à la maladie et aux aspirations de ses proches. Mais Anka, méfiante et acariâtre, tient à garder son autorité et n’accepte la présence de personne
La fiche du film
Le film
- Prix de la Meilleure Actrice à Saint Jean de Luz 2020 : Daria Lorenci
- DVD : 5 octobre 2021
Au cinéma le thème familier est rarement centré sur cette relation mère-fille, aux contours si particuliers. L’option de Jure Pavlović, radicale, focalise toute sa pensée sur Jasna, expatriée en Allemagne, qui revient près de sa mère, dont les jours sont comptés.
La femme a l’œil sévère et des commentaires acerbes à l’égard de ses enfants. Vlado est décédé ( « on n’en parle plus » ), et Jasna la harcèle dit-elle …
Revêche et méchante depuis toujours, elle n’est que reproches et paranoïa.
C’est une voix terrible que le réalisateur révèle dans une mise en scène tout aussi tranchée. Comme s’il filmait en surface, Jure Pavlović ne laisse voir que son héroïne, continuellement ou presque au centre de l’écran, premier plan total, absolu.
Tout le reste demeure incertain, flou, inachevé.
Comme les diatribes de sa mère, ses délires, son aigreur… Tout ce qu’elle a fui de l’autre côté de la frontière, dans cette famille qui l’attend aujourd’hui pour fêter l’anniversaire du fils cadet.
La visite des voisines conforte cette idée d’une mort imminente, quand leurs conversations ne parlent que de ça . De celle qui avait 90 ans et qui est partie … Un quotidien si peu perturbé par quelques écarts .
Une convocation de justice pour un litige de voisinage, une rencontre inopinée avec un ancien copain d’école, ou les visites du kiné, connaissance d’autrefois qui tente désespérément d’aider la vieille femme.
Elle ne veut rien entendre.
Désagréable avec tout le monde et maintenant suspicieuse . Sa fille veut la dévaliser lui crie-t-elle …
Le lamento va s’éteindre, à bout de souffle. Comme une rémission de cette femme qui se souvient alors de l’enfance d’une petite fille, qui aurait pu être musicienne, d’un petit garçon prénommé Valdo…

Suffisant pour une réconciliation ? Le réalisateur nous dit que oui , mais sa mise en scène laisse derrière elle tant de haine contenue et de souffrances mal soignées qu’il est difficile de s’en faire une raison. Face à Neva Rošić, femme si peu perceptible, mais tellement là, Daria Lorenci, impose une présence aussi singulière que le cadre dans laquelle elle se pose. Et s’impose .
LE SUPPLEMENT
« Picnic », court métrage de 13 min (Prix 2015 du Meilleur court-métrage)
Le film
Le titre est explicite et plus encore puisque cette fois il n’est question que de cette relation si particulière entre une mère et sa fille, à l’heure où la vieille dame arrive au terme de sa vie. Mais revêche et acariâtre depuis toujours elle règle encore ses derniers comptes avec sa fille qui encaisse et se souvient, bien souvent malgré elle. Un règlement de compte à sens unique que le réalisateur modère par une mise en scène tout aussi arbitraire. L’héroïne est quasiment toujours filmée plein écran, premier plan quand sa mère est à peine perceptible. Mais la voix suffit à lui donner corps et vigueur dans un huis-clos où l’enfermement tente d’apaiser des souffrances et guérir des blessures à jamais ouvertes. Au bout de la lumière, la dame voudrait enfin se confesser, mais ne peut que se souvenir enfin des bons moments de l’enfance, et de l’avenir qui alors se dessinait. Face à Neva Rošić, femme si peu perceptible, mais tellement présente, Daria Lorenci, impose une présence aussi singulière que le cadre dans laquelle elle se pose. Et s’impose .
