Sur les traces d’un parfait inconnu …
« No Direction Home » de Martin Scorsese (Paramount). –
Le début d’une histoire, la naissance d’une révolution. Pour raconter Dylan, même par l’image, la planète DVD ne suffirait pas. Le film, qui se termine en 1966, ne l’entend effectivement pas de cette oreille. A l’issue des trois heures de projection, la silhouette de l’artiste demeure toujours dans l’ombre, que seul Dylan permet de fouiller à travers une interview intelligemment montée par le réalisateur de « Casino ». Foin de la chronologie. Scorsese alterne les séquences documentaires aux rencontres des amis de l’époque, (Ginsberg, Johnny Cash, Peter, Paul and Marie…) revient à l’enfance avant de plonger dans les affres d’une popularité en train de naître. De l’acoustique à l’électrique, via « Like A Rolling Stone », c’est plus qu’une page de l’histoire de la musique qui se déroule sous nos yeux.
Le tout agrémenté des grandes dates dylaniennes, que soulignent plusieurs titres piqués ici et là, dans l’inédit parfois. Voir et entendre ce jeune homme balancer « Blowin’in The Wind » dans une fête populaire renvoie immanquablement à Woody Guthrie, son artiste référent. Joan Baez, bien évidemment, est plus qu’une guest star, double du génie quand, à l’origine, l’un et l’autre ne faisaient qu’un. On les rencontre dans une chambre d’hôtel, lui écrivant, elle chantant. Sublime séquence. Le film en regorge.
« I’m not there », de Todd Haynes. —
Un voyage à travers les âges de la vie de Bob Dylan. Six acteurs incarnent Dylan tel un kaléïdoscope de personnages changeants. Ils participent tous à l’esquisse d’un portrait de cette icône américaine définitivement insaisissable.
Si Dylan demeure un prénom emblématique. Si la musique américaine s’arrête à « The Star-Spangled Banner », laissez tomber cet ovni cinématographique autour du chanteur US et de ses différentes facettes. Poète, prophète, hors-la-loi, imposteur, comédien. Autant de comédiens, dont…Cate Blanchett (prix d’interprétation féminine à Venise, où le film a reçu le prix du Jury) pour ce voyage aussi insaisissable que son inspirateur. Mais l’esprit est bien là, avec Richard Geere et Charlotte Gainsbourg inattendus, remarquables. Pour un fan de Dylan, c’est un pur bonheur.