« Bergers » de Sophie Deraspe, .Critique dvd

• 9 avril 2025 en salle
• DVD :  09 août 2025
•  1h 53min |
•  Comédie dramatique
• Par Sophie Deraspe, Mathyas Lefebure
• Avec Félix-Antoine Duval, Solène Rigot, Guilaine Londez

L’histoire « Sur un coup de tête, Mathyas troque sa vie de publicitaire à Montréal pour celle de berger en Provence. Il espérait trouver la quiétude, il découvre un métier éreintant et des éleveurs souvent à bout. Mais quand il rencontre Elise qui elle aussi vient de tout quitter, ils se voient confier un troupeau de 800 moutons et s’engagent dans une transhumance.

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

• Le film et les  bonus : 

D’après le roman de Mathyas Lefebure  » D’où viens tu berger ? « 

Il y a bien longtemps on les appelait les « bobos » (*) . Retour à la terre, aux valeurs primaires, à la nature. Beaucoup ont déchanté, le mouvement s’est calmé.  Mais aujourd’hui encore, on parle de ces ruptures radicales, de ces gens avec des chiffres plein la tête qui reviennent « chez eux » planter d’autres racines.

Mathyas est un mélange des deux : publicitaire montréalais en quête du grand saut philosophique pour une histoire plus passionnelle au pied des montagnes provençales.  « La passion c’est bien » lui dit-on « mais la compétence ? ».

L’accueil des éleveurs locaux n’est pas terrible. « Tu viens de la ville pour jouer au berger ? ».  Et celui de l’administration française, tatillon. Mais le jeune homme s’entête et trouve ici et là des engagements sans lendemain.

Question de trempe, de caractère, de philosophie aussi. Mathyas (Félix-Antoine Duval) veut bien la vie dure, la pénibilité de l’activité, mais pas n’importe comment. Il apprend donc à son rythme et à celui d’Elise désormais (Solène Rigot), la secrétaire de la sous-préfecture qui rêvait elle aussi de prendre l’air.

Ils se sont rencontrés autour d’une demande de permis de travail, ils se retrouvent sur les routes de Provence, à la tête de plusieurs centaines de brebis et moutons.

Transhumance oblige.

Ce qui laisse un brin rêveur.  La réalisatrice qui jusqu’alors illustrait son récit avec le strict minimum de l’apprentissage de la vie pastorale, dans une fiction bonne enfant, aborde cette fois de plein droit le genre du documentaire.

Un parti pris justifié semble-t-il par la nécessité de prendre en compte l’environnement social et politique qui agite la région. Ne serait-ce que la présence du loup dont les professionnels ne veulent pas entendre parler. « L’écologie c’est nous ! » disent-ils prêts à ferrailler.

Ce que Sophie Deraspe se garde bien de faire à l’égard d’un monde dont elle souligne, la force et le courage, la ténacité et l’orgueil. Mais son emballement scénaristique la replonge dans une suite d’événements très prévisibles au bénéfice d’une histoire de moins en moins crédible.

Entre documentaire et fiction, elle peine à nous montrer la voie.

• Parmi les bergers et bergères à l’affiche : Guilaine Londez-David Ayala-Michel Benizri

(*) Bohême-bourgeois

            LES SUPPLEMENTS

• Rencontre avec la réalisatrice

Elle reprend le parcours de Mathyas « qui est celui du film » dit-elle sans s’appesantir sur l’aspect écologique de sa démarche. « Pour s’approprier l’écriture du cinéma, il m’a fallu travailler sur les sens. (…) J’ai voulu m’approcher du réel, tout en conservant le langage du comte ».

• Beau-Geste.

La présentation du film dans l’émission télévisée de Pierre Lescure.