Accueil » A la une » « Salé, sucré » d’Ang Lee. Critique Blu-ray

« Salé, sucré » d’Ang Lee. Critique Blu-ray

Synopsis: Les problèmes s'accumulent autour du vieux M. Chu, le plus grand cuisinier de Taipeh. Veuf, il a élevé seul ses trois filles, maintenant adultes et rebelles, et voilà que débarque Mme Liang la veuve importune qui emménage a cote. Tout à coup, le clan tout entier se demande si M. Chu ne va pas bientôt faire la cuisine pour quelqu'un d'autre...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Salé sucré "
De : Ang Lee
Avec : Sihung Lung, Wang Yu-Wen, Wu Chien-lien, Yang Kuei-Mei, Sylvia Chang
Sortie le : 25 novemb 2015
Distribution : Carlotta Films
Durée : 124 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

« Tous mes souvenirs d’enfance sentent la cuisine… »

Meilleur dvd Novembre 2015 ( hors-concours)

M.Chu est un brave homme. Grand chef cuisinier à Taipei, il élève seul ses trois filles, depuis son veuvage il y a seize ans. Adultes, elles vivent toujours sous le toit familial. Là où le rituel est immuable autour du repas que le papa prépare avec soin et quantité. Peu loquace, la cuisine est pour lui la seule façon de communiquer…

Façon de parler. Les conversations vont rarement au bout de leur pensée, toujours déviées, ou interrompues. Par l’une ou l’autre, ou le papa qui n’arrive plus à suivre le rythme de ses enfants.

Jen est prof de chimie, un peu coincée aux entournures, Kien, une séduisante femme d’affaire, et Ning, travaille dans un fast-food pour payer ses études. Elles ont leur vie bien à elles, leurs amours pas toujours à elles, et leurs petits soucis quotidiens qu’elles aimeraient parfois exprimer.

Entre elles.Trois sœurs qui s’interrogent aussi sur l’avenir de leur père et ses possibles amours, chacune ayant une vision bien différente et particulière de la manière dont il devrait mener ses affaires. Ang Lee s’en amuse, c’est une évidence, sans nuire à sa mise en scène, très attentionnée.

sale-sucre_7452_4ea6149c9dc3d83c3b003593_1320216565

A la fois drôle et légère, elle ne se départit jamais d’un fond dramatique tendu par le silence des filles quand le sujet devient trop intime. Il les suit dans leurs boulots, alerte et vigilant à la moindre remarque. Le détail ici est d’importance. Rien que cette préparation culinaire c’est déjà une mise en appétit de cinéma rarement vue.

De l’amour, de la tendresse et une sagesse qu’il communique à sa petite voisine à qui il confectionne les mêmes plats succulents pour la cantine. Mais il ne faut pas le dire à sa maman qui tous les jours cuisine comme elle peut. Ainsi va la vie dans un cadre où la caméra s’immisce, amicale et complice, tel le convive que l’on est heureux d’accueillir.

Salé, sucré

Il n’y a pas autre chose à voir dans ce film plein d’images, de sentiments et de suggestions. Les filles sont jolies (Kuei-Mei Yang, Chien-lien Wu, Yu-Wen Wang)  mais elles ont du talent. Le papa est sympa (Sihung Lung), et tout aussi valeureux. Surtout quand débarque Mme Liang, la veuve d’à-côté. Je vous la laisse découvrir…

LES SUPPLÉMENTS

  • « L’essence de la vie » (23 mn). Ang Lee évoque la culture traditionnelle chinoise et l’évolution de la famille au sein d’une société en pleine mutation. «  Il m’a fallu du temps pour savoir si j’allais opter pour un film commercial, grand public, ou plutôt art et essai. Je n’avais pas de plan de carrière, mais je voulais faire un film dont j’avais envie. Je savais aussi ce que je voulais exprimer, qu’importe l’histoire, mais je voulais le faire à Taïwan dans des lieux hautement symboliques – comme le restaurant- afin de marquer mon retour au pays ».

  • « Father knows best » ( 13 mn ) . James Schamus, le producteur et scénariste américain  revient sur les différences culturelles existant sur un tournage américain et taïwanais en comparant ses expériences sur la trilogie « Father Knows Best » d’Ang Lee. «  Mon rôle était d’amener le film sur le chemin de la comédie, sans perdre l’émotion, la marque de fabrique d’Ang Lee. Mais je devais composer avec des personnages qui habitaient une ville et parlaient une langue que je ne connaissais pas ».

James Schamus ignore aussi tout du rôle de la cuisine dans la culture chinoise, du contexte politique et social de l’époque. Il trouvera un stratagème pour venir à bout de ses nombreux dilemmes «  j’ai changé tous les noms chinois en noms juifs, avec une histoire juive, et puis après j’ai tout retraduit dans l’esprit chinois ».

sale_sucre_eat_drink_man_woman_1994_portrait_w858

Il évoque aussi le travail d’Ang Lee, sa relation dans de nombreux films au patriarcat et sa collaboration avec l’acteur Sihung Lung «  d’une profondeur incroyable, toujours à l’écoute des autres ».

  • Making of  (19 mn) . La méthode de travail de ce réalisateur perfectionniste. Ce sont des membres de son équipe qui la révèle. Kuei-Mei Yang se souvient qu’elle ne voulait pas jouer une prof de chimie, mais «  il a insisté. Je crois que son épouse était dans cette activité et que ça le rassurait, au cas où. Mais après toute ces années je me demande comment une femme peut-être aussi inhibée ».

Winston Chao qui joue le professeur de volet parle très bien du travail d’Ang Lee. «  C’est comme un poète, ou un philosophe, pour expliquer une scène il va trouver des choses très subtiles, en employant beaucoup d’adjectifs, contrairement à Tsai Ming Liang qui te dit comment exprimer un sentiment, ou Chen Kuo Fu qui rit tout en restant impassible. Ang Lee fait appel au vécu pour t’aiguiller ».

« Tous mes souvenirs d’enfance sentent la cuisine… » Meilleur dvd Novembre 2015 ( hors-concours) M.Chu est un brave homme. Grand chef cuisinier à Taipei, il élève seul ses trois filles, depuis son veuvage il y a seize ans. Adultes, elles vivent toujours sous le toit familial. Là où le rituel est immuable autour du repas que le papa prépare avec soin et quantité. Peu loquace, la cuisine est pour lui la seule façon de communiquer… Façon de parler. Les conversations vont rarement au bout de leur pensée, toujours déviées, ou interrompues. Par l’une ou l’autre, ou le papa qui n’arrive plus…
Le film
Les bonus

Sans renverser des montagnes Ang Lee est une valeur sûre du cinéma asiatique. Ce film, remis au goût du jour pour le cinéma, le lancera certainement à ses débuts dans cette renommée internationale. Le second titre proposé par Carlotta en dvd «  Garçon d’honneur » y contribue aussi largement. Le style Lee allie tendresse et respect pour mieux inciser les petites plaies du quotidien ouvertes autour d’une table familial copieusement garnie par le papa qui depuis 16 ans vit seul avec ses trois filles. Un brave bonhomme qui ne peut s’exprimer que par la nourriture. Plein de sagesse et d’amour, la tendresse incarnée, même si les relations avec ses enfants sont de plus en plus compliquées. Un film plein d’images, de vie et de suggestions.

Avis bonus

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« L’évadée (The Chase) » d’Arthur Ripley. Critique cinéma

Quatre films noirs en ce moment sur nos écrans , dont ce trésor oublié

Laisser un commentaire