- 12 mars en salle
- 1h 33min
- Dvd 17 juin 2025
- Par Manele Labidi
- Acteurs : Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Damien Bonnard, Rim Monfort, Saadia Bentaïeb
- Studio : Diaphana
L’histoire : Amel a du tempérament, de l’ambition pour ses deux filles, une haute estime d’elle-même et forme avec Amor un couple passionné et explosif. Malgré les difficultés financières elle compte bien ne pas quitter les beaux quartiers. Mais la famille est bientôt menacée de perdre son appartement tandis que Mouna, l’aînée des deux filles, se met à avoir d’étranges visions de Charles Martel après avoir appris qu’il avait arrêté les Arabes à Poitiers en 732 …
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Charles Martel n’aurait pas arrêté les arabes à Poitiers (1). D’ailleurs c’étaient des berbères et les berbères ne sont pas arabes. Et comme l’intéressé devant le tableau de Charles de Steuben « La bataille de Poitiers » ne reconnait pas les siens ( et ces montagnes en fond de toile qui n’ont rien de poitevines ! ) la petite Mouna sait désormais que l’Histoire se façonne au gré des convenances et des courants idéologiques.
Le révisionnisme à la petite semaine et une famille d’origine maghrébine qui peine à en suivre ses déambulations orientalo-fantaisistes . La réalisatrice. Manele Labidi nous dit qu’elle va nous parler d’une femme qui vit au-dessus de ses moyens en fixant toute son attention sur la petite Mouna, persuadée que le grand-père de Charlemagne vit maintenant à ses côtés ( Ci-dessous).

L’une et l’autre embarquées dans le quotidien d’un foyer qui ne manque pas d’animations. Amel et Amor s’aiment à la folie, mais se prennent le chou à la moindre occasion. Les lubies immobilières de madame en fournissent pas mal, liées à son tempérament de feu, son caractère indéfectible.
Sa condition de femme issue d’un exil ancestral exige à ses yeux une reconnaissance pleine et entière de son histoire . Ce qu’elle considère comme un respect naturel, eu égard à ses ancêtres possiblement carolingiens, aux côtés de leur chef , que Mouna vient de lui présenter.
La voici alors au bras de Charles Martel dans une performance chorégraphique du plus bel effet. Manele Labidi semble prendre ainsi bien du plaisir à mélanger les genres et les thèmes effleurés avec circonspection. La réalisatrice dit-on parle beaucoup de son enfance dans cet essai où l’identité et l’intégration façonnent l’idéal de son scénario.
Elle en est aussi l’autrice, au service des acteurs qui s’en saisissent avec rage et grandeur : Camélia Jordana en mama explosive , Damien Bonnard pour un Charles Martel , plus vrai que nature.
Et Mouna jouée par Rim Monfort, au naturel !
- (1) Un peu plus au Sud, entre Joué-lès-Tours et Ballan-Miré ( Indre et Loire ) au lieu-dit « Les landes de Charlemagne » on raconte que Charles Martel aurait vaincu une armée de Sarrasins en 732. Bien plus tard, Honoré de Balzac se rendait à pied de Tours au château de Saché en passant par ce haut lieu historique. Félix de Vandenesse dans « Le lys dans la Vallée » l’emprunte pour aller de Tours à Frapesle .
LE SUPPLEMENT
« Une chambre à moi » de Manele Labidi, avec Zelda Perez, Sofian Khammes ( 17 mn ) 6 Djuna, écrivain, vit avec Léo dans un studio devenu minuscule avec l’arrivée de leur enfant. Dépassée par la promiscuité et le sentiment d’étouffement, Djuna n’arrive plus à écrire. Un jour, elle décide d’annexer les toilettes pour avoir sa chambre à elle.
La radicalité féminine engendre des situations inattendues, complexes au bout desquelles le poète a toujours raison : la femme est bien l’avenir de l’homme. Beau sujet de cohabitation, parfaitement mis en scène dans un réduit scénique où Zelda Perez et Sofian Khammes trouvent les moyens de s’exprimer.
Le Film
Le bonus
J’avais du mal à imaginer l’intrusion de Charles Martel dans le quotidien de cette famille arabe qui entend demeurer dans les beaux quartiers, malgré les difficultés que ça engendre.
La réalisatrice, également scénariste, Manele Labidi (« Un divan à Tunis ») réussit pourtant le pari de cette fantaisie qui situe le film comme une fable alors qu’il est aussi un réquisitoire sur la force de l’humanité.
Au cours d’une leçon d’histoire , Mouna découvre l’aventure de Charles Martel à Poitiers, et son combat contre les Arabes reprend alors de plus belle au sein de sa famille d’origine maghrébine.
Elle va comprendre à ses côtés que l’Histoire se façonne au gré des convenances et des courants idéologiques.
La réalisatrice dit-on parle beaucoup de son enfance dans cet essai joliment imagé, où l’identité et l’intégration façonnent l’idéal de son scénario.
Elle en est aussi l’autrice, au service des acteurs qui s’en saisissent avec rage et grandeur : Camélia Jordana en mama explosive , Damien Bonnard pour un Charles Martel , plus vrai que nature. Et Mouna jouée par Rim Monfort, au naturel !
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