Accueil » A la une » « Moranbong, chronique coréenne » de et avec Jean-Claude Bonnardot. Critique DVD

« Moranbong, chronique coréenne » de et avec Jean-Claude Bonnardot. Critique DVD

  • Dvd : 15 mars 2021
  • Cinéma : 15 Mai 1960
  • Acteurs : Si Mieun, Osum Do-Sun, Ouan Djoehung-hi
  • LangueCoréen 
  • Sous-titres : Français
  • Format : Noir et blanc
  • Durée : 83 minutes
  • Studio  : Doriane Films

L’histoire : Pendant la guerre de Corée, dans le village de Kaesong, un jeune ouvrier et la fille d’un vieux musicien traditionnel s’aiment. Quand le village est occupé́ par les troupes du Nord le jeune homme s’engage mais est arrêté́. Il s’évadera pour rejoindre celle qu’il aime, devenue l’une des principales interprètes du théâtre de Moranbong . Il poursuit son activité dans un abri souterrain.

  • Film et Bonus :

Pyongyang 2010, Prix spécial du Comité du festival international.

Il est étonnant qu’un Scorsese, dénicheur de perle rare, ne se soit pas intéressé à ce film dont la propre histoire mérite à son tour un autre film .

Dans les bonus, Jean-Jacques Hocquard  nous la raconte avec une passion certainement égale à l’aventure humaine et cinématographique de «  Moranbong » .

A l’origine, l’idée d’un documentaire sur la Corée. Une fois sur place, et sur les conseils d’un certain Kim II Jung, il a alors 45 ans, le projet devient ce film épique et patriotique sur la lutte de la Corée du Nord pour son indépendance.

  1. Le Japon s’est retiré d’un conflit sans fin, laissant le pays divisé par des ambitions et des idéologies contraires. Les communistes au Nord soutenus par la Chine affrontent leurs frères ennemis du Sud, appuyés par de nombreux pays occidentaux.

Dans le village de Keasong , un jeune ébéniste engagé dans l’armée nordiste perd la trace de sa bien-aimée, une chanteuse de pansori, qu’il espère rejoindre un jour à Pyongyang, au théâtre Moranbong .

Cette histoire d’amour fragile sert de trame à un récit beaucoup plus éloquent ( aujourd’hui encore plus ) sur l’avènement de la Corée du Nord . Des images d’archives nous montrent ruines et désolation, sur lesquelles la population reprend peu à peu le cours de son existence.

La fibre patriotique est patente, mais le film, rarement propagandiste, exalte l’espoir d’un monde meilleur que l’art et la culture claironnent gaillardement. Sous le théâtre dévasté de Moranbong, un autre lieu de spectacle voit le jour . Dans les galeries creusées par les habitants, la troupe reprend la pièce inachevée sous les bombes.

Elle évoque la mort d’une jeune courtisane qui refuse de se plier aux volontés de son gouverneur. La loi pourtant l’y contraint, mais répond-elle ,quelle loi punit les hommes pour ce viol ? L’opéra remonte à la nuit des temps, les comédiens l’adaptent dans les années soixante à leurs espoirs et certitudes. « Ils auront bien le dernier mot » remarque le reporter occidental venu tourner un documentaire sur la Corée du Nord. Il est joué par Jean-Claude Bonnardot.

Habile retournement de situation du réalisateur dans la peau de ce journaliste qui renvoie son reportage à la fiction d’un récit excellement bien documenté. Soixante ans après « Moranbong » revit l’Histoire comme aux plus beaux jours de celle du septième art. Du grand art, du grand cinéma .

LE SUPPLEMENT

  • Entretien avec Jean-Jacques Hocquard de « La Parole Errante » . Homme de théâtre et militant culturel Jean-Jacques Hocquard est passionnant quand il raconte l’histoire de ce film qui n’en finit pas de connaître de nouveaux chapitres quasiment à chaque décennie.

Je résume son propos si riche quand il rappelle comment le film a pu être tourné sur place alors que la délégation française ( Lanzmann, Bonnardot, Chris Marker, Armand Gatti.. -photo ci-dessous-) effectuait un voyage culturel .

Bonnardot s’est retrouvé avec une équipe de tournage entièrement coréenne, la monteuse exceptée . Il avait de bons moyens à sa disposition dont quelques tanks et des centaines de figurants ».

Le tournage se passe plutôt bien dit-il ( il aura fallu négocier le nombre de portraits de Kim II Jung qui fleurissaient dans les rues ) mais c’est une fois de retour en France que le film commence à connaître ses difficultés.

Censuré, il n’est vu à Cannes que dans des séances privées, et par la suite diffusé presque clandestinement par le Parti Communiste Français. On le ressort en 2010 lors d’un festival en France. Jack Lang le découvre ( il n’est alors que maire de Nancy ) et l’œuvre exhumée fait les beaux jours du festival international de Pyongyang en 2010, où il obtient le Prix spécial du Comité.

Dvd : 15 mars 2021 Cinéma : 15 Mai 1960 Acteurs : Si Mieun, Osum Do-Sun, Ouan Djoehung-hi Langue : Coréen  Sous-titres : Français Format : Noir et blanc Durée : 83 minutes Studio  : Doriane Films L'histoire : Pendant la guerre de Corée, dans le village de Kaesong, un jeune ouvrier et la fille d’un vieux musicien traditionnel s’aiment. Quand le village est occupé́ par les troupes du Nord le jeune homme s’engage mais est arrêté́. Il s’évadera pour rejoindre celle qu’il aime, devenue l’une des principales interprètes du théâtre de Moranbong . Il poursuit son activité dans un abri souterrain.…
Le film
Le bonus

Une petite équipe en 1960 s’engage dans un voyage pacifico-culturel en Asie. Le documentaire que Jean-Claude Bonnardot espère en ramener devient ce film où la fiction et l’Histoire mêlent leurs deux vérités pour ne donner qu’un grand et fier chapitre historique sur l’avènement de la Corée du Nord. Des images d’archives nous montrent ruines et désolation, sur lesquelles la population reprend peu à peu le cours de son existence. Dont les comédiens du théâtre Moranbong de Pyongyang entièrement détruit et reconstruit cette fois sous-terre. Ils ont espoirs et certitudes «  qu’ils auront le dernier mot » comme le remarque le reporter occidental venu … tourner un documentaire sur la Corée du Nord. Habile retournement de situation du réalisateur dans la peau de ce journaliste qui renvoie son reportage à la fiction d’un récit excellement bien documenté. Soixante ans après « Moranbong » revit l’Histoire comme aux plus beaux jours de celle du septième art. Du grand art, du grand cinéma .

AVIS BONUS Le compagnon de route de Arman Gatti, scénariste de ce film, en raconte la folle aventure . C’est passionnant à entendre et à comprendre

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Alberto Express » d’Arthur Joffé. Critique Blu-ray

Pour relancer à sa façon la comédie italienne, Arthur Joffé fait circuler un train entre Paris et Rome. Il ne déraille jamais

Laisser un commentaire