LES SUPPLEMENTS
- Présentation du film par Fabrice du Welz
- Qui peut tirer sur un enfant ? Le directeur de la photographie José Luís Alcaine parle de sa rencontre avec Narciso Ibáñez Serrador . « Il voulait faire quelques chose entre –La Nuit des morts-vivants- et « Les Oiseaux » Mais la photo ne devait pas être celle d’un film d’horreur typique. Mais plutôt d’un film normal, ce qui pourrait se passer n’importe où… ».
Rendre le film crédible, sans toucher aux couleurs, ne pas aller vers l’expressionnisme. « C’était ça le pari, faire quelque chose de très naturelle ».
La suite est tout aussi intéressante, il parle très bien de sa technique et du film qui en résulte . Et rend même hommage à Almodovar …
- Le metteur en scène des enfants . Narciso Ibáñez Serrador évoque le roman original de Plans qu’il adapta sous le pseudonyme de Luís Peñafiel et revient sur la morale de l’histoire.
« En réalité il reste peu de chose du roman, mis à part que ce sont des enfants. (… ) Plans m’a soufflé l’idée et ça m’a permis d’écrire mon scénario. (… ) De tout ce que nous provoquons, guerres, famines, catastrophes… les enfants sont toujours les victimes. La violence comme la méchanceté est une chose innée, nous l’avons dès la naissance, c’est aux adultes de veiller… »
« Si les enfants étaient une espèce différente de la nôtre, peut-être se défendraient-ils, instinctivement, comme les fourmis. (…) C’est un film qui choque beaucoup de gens, mais pas moi. Le point de vue que j’adopte ne me scandalise pas ».
« Toute personne qui entreprend un film d’horreur mérite mon respect. Car elle s’expose à la pire des terreurs : être ridicule, que le public rigole ».
- Narciso Ibáñez Serrador vu par… des réalisateurs qui savent dans la perversité retrouver le cinéma de Serrador
-Guillermo Del Toro . « J’ai pu lui dire combien il était important dans ma vie ». Les artistes locaux en parlent aussi, très bien, et à travers lui, du cinéma espagnol dans le genre fantastique, évidemment.
-Juan Antonio Bayona. « Il représente les peurs de notre enfance, par le son plutôt que par l’image. Tous les lundis il présentait un film d’horreur à la TV, que je ne voyais pas, terrifié sous mes draps car j’entendais le son, la musique . Et j’imaginais alors les films ».
-Jaume Balagueró et Paco Plaza évoquent sa dimension sociale, « une icône de la culture espagnole ». « Les révoltés… » , « ce film, c’est le paradigme de la perversion , l’enfance est complètement pervertie ».

- Histoires du cinéma fantastique espagnol ( 26 mn ) . Retour sur ce genre phare qui plaça l’Espagne sur le devant de la scène internationale avec les témoignages des réalisateurs présentés excellement bien par …
…l’historien Emmanuel Vincenot. Il connait parfaitement son sujet et n’oublie pas au passage de rappeler « que la Bible demeure l’un des premiers grands livres fantastiques »
-Jesus ( Jess) Franco, se réfère beaucoup à Buñuel, qui un jour le traitera d’enfant « mais j’ai 36 ans » lui dit le jeune homme.
« mais pour moi vous êtes un enfant » rétorque l’auteur de « Belle de jour ».Jess Franco évoque les nombreuses censures dont il a été l’objet, et même la méfiance de certains producteurs . Il tournera beaucoup à l’étranger. Il rend hommage au film de Walter Summers » Le tueur aveugle » en réalisant en 1961 le premier film d’horreur espagnol : « L’horrible docteur Orlof ».
Jorge Grau. De formation très catholique « j’ai très vite repéré dans cette religion ce qui ne fonctionnait pas ; un certain déterminisme. J’étais soumis à une tromperie, et je me suis rebellé de l’intérieur . Si Dieu existe il ne peut être l’auteur des règlements que l’on veut m’imposer. Donc il n’existe pas ».
L’importance du rite dans ses films ? « J’interprète les gestes rituels comme une expression de toutes les religions, lever les bras aux ciels pour exprimer sa joie ou implorer , c’est d’une très grande esthétique, le strip-tease n’est pas qu’un acte de séduction érotique, c’est un rite ».
Paul Naschy. Avec lui on assiste à l’éclosion du genre fantastique en Espagne « des films de vampires et de loups-garous, en Espagne c’était absurde » me disait-on « seule la comédie était populaire . Mais des producteurs allemands sont venus à mon secours : « Les Vampires du Dr Dracula » a vu le jour . « C’était l’humanité du loup-garou qui me séduisait avant tout, sa libération venait de l’amour… »

