- Durée : 2 heures et 46 minutes
- Dvd : 4 février 2025
- Cinéma : 18 septembre 2024
- Acteurs : Misagh Zareh, Mahsa Rostami, Setareh Maleki, Niousha Akhshi, Soheila Golestani
- Sous-titres : Français
- Langue : Farsi
- Studio : Pyramide Vidéo
L’histoire : Iman vient d’être promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran quand un immense mouvement de protestations populaires secoue le pays. Dépassé par l’ampleur des événements, il se confronte à l’absurdité́ d’un système et à ses injustices mais décide de s’y conformer. A la maison, ses deux filles, Rezvani et Sana, étudiantes, soutiennent le mouvement avec virulence.
Si les étoiles n’apparaissent, vous les retrouvez à la fin de l’article
Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes 2024
La femme iranienne occupe le terrain cinématographique de manière singulière (*). Bien souvent pour rappeler le combat qu’elle mène au cœur d’une société patriarcale, doublée d’une oligarchie misogyne . Elle conteste, se rebelle . En retour, intimidation, violence, séquestration.
A l’échelle d’une famille, Mohammad Rasoulof évoque de la même manière les travers de la société iranienne.
Imam, le père, (Misagh Zare) promu juge d’instruction auprès du tribunal révolutionnaire, imagine avoir décroché le Graal.
Il met sa femme Sadaf (Niousha Akhshi) ) et ses deux filles, Rezvani et Sana, (Mahsa Rostami-Setareh Maleki) à l’abri du besoin. Tout en les enfermant dans un dispositif sécuritaire que l’épouse établit autoritairement. Limiter les fréquentations, ne rien révéler sur l’emploi paternel, et ne participer à aucune manifestation .
La jeunesse est dans la rue, les femmes jettent le voile, le pouvoir réprime. La télévision se montre très prudente sur le cours des événements, mais les réseaux sociaux révèlent une répression violente de la police et des milices. Des hommes en civil, terrifiants.
Rezvani et Sana s’informent en cachette , tapies dans l’ombre des recommandations maternelles, que Sadaf assume bien souvent malgré elle. Pour préserver son mari, doit-elle faire barrage aux aspirations légitimes de ses deux grandes filles ?
Des images des manifestations de 2022 se mêlent judicieusement au regard du réalisateur qui dans la plénitude d’une lumière apaisante, filtre aussi des visages, des silences ou le chant invocatoire d’une psalmodie. Beauté éphémère au cœur du combat qu’il assume une fois encore dans son opposition au régime des mollahs.

Il l’accompagne cette fois du mouvement féministe « Femmes, vie, liberté́ » dont les deux sœurs s’inspirent pour contrer le diktat familial. Tous les interprètes de ce film hors-norme ( drame social et politique, il tend aussi vers le film policier psycho-affectif ) sont admirables.
Voire exemplaires à l’image de la résistance que mènent les femmes de ce pays. Et les artistes comme Mohammad RASOULOF qui a tourné son film dans la clandestinité. (**)
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec Mohammad Rasoulof – La mort d’un ami très proche en prison l’incite à faire un documentaire. On lui demande de stopper son activité artistique, et d’arrêter de soutenir les manifestations. Emprisonné, il suit la naissance du mouvement » Femmes, vie, liberté » et s’en inspire fortement , » abasourdi par la jeunesse qui l’animait.(…) Mon expérience en prison m’a permis de comprendre les gens qui soutenaient le régime ».

Il explique alors comment il s’est nourri de leurs personnages . Pendant le tournage du film, il est condamné à huit ans de prison. Il se cache…
- Le regard d’Asal Bagheri- Spécialiste du cinéma iranien, l’enseignante revient sur le cinéma underground né de la censure et des différents interdits. Mohammad Rasoulof en est l’un des maîtres , dit-elle . « Des cinéastes ont arrêté de filmer, d’autres se sont exilés, d’autres poursuivent leur œuvre en cachette ».
Sur la base de la jeunesse qui manifeste ouvertement dans la rue, certains artistes décident de se passer des autorisations de tournage. C’est la seconde vague dont elle explique sa spécificité…

(*) Les femmes en Iran , au cinéma …
« Une Femme Iranienne« de Negar Azarbayjani – « En secret » de Maryam Keshavarz- « No land’s song « -de Ayat Najafi – « Des rêves sans étoiles » de Mehrdad Oskouei- « La Permission » de Soheil Beiraghi – « Chroniques de Téhéran » de Ali Asgari et Alireza Khatami-« Trois visages » de Jafar Panahi -« Une famille respectable » de Massoud Bakhshi-
(**) Dans la clandestinité
« Taxi Téhéran » de Jafar Panahi -« Les chats persans » de Bahman Ghobadi
Le Film
La femme iranienne occupe le terrain cinématographique de manière singulière. Bien souvent pour rappeler le combat qu’elle mène au cœur d’une société patriarcale, doublée d’une oligarchie misogyne . Voir "Une Femme Iranienne" de Negar Azarbayjani. Face à la contestation de mouvements féminins comme « Femmes, vie, liberté » sur lequel le film s’appuie, l’intimidation première du pouvoir fait place aux violences, aux séquestration, et à la mort parfois. A l’échelle d’une famille, Mohammad RASOULOF évoque de la même manière toutes ces déviances de la société iranienne. A travers la figure patriarcale d’Iman, renforcée par son accession au tribunal révolutionnaire en tant que juge d’instruction, le réalisateur met en garde contre l’absolutisme, qui conduit ,inexorablement au despotisme. L’incarnation de ce père de famille qui inéluctablement se sent lui-même pris au piège d’un système que l’épouse tente de réguler au sein d’un foyer désormais en crise lui aussi. Les deux enfants, deux grandes filles prennent le contre-pied de l’autorité parentale face à la révolte qui bat le pavé. Des images des manifestations de 2022 se mêlent judicieusement au regard scénique du réalisateur qui assume une fois encore son opposition au régime des mollahs. . Tous les interprètes de ce film hors-norme ( à la fois drame social et politique, il tend aussi vers le film policier psycho-affectif ) sont admirables.