Synopsis : Sophie est une lycéenne brillante. Encouragée par son professeur, elle quitte la ferme familiale pour suivre une classe préparatoire scientifique. Au fil de rencontres, de succès et d’échecs, face à une compétition acharnée, elle réalise que son rêve, intégrer Polytechnique, représente plus qu’un concours… un vrai défi d’ascension sociale.
Je suppose que ce que Frédéric Mermoud nous révèle sur la galère des classes préparatoires tient de la rigueur documentaire, et de faits attestés.
Son film repose entièrement sur le socle de cette formation scientifique pour en contredire la fonction, et en estimer les ravages possibles. Mais sans s’appesantir sur une telle structure, où l’élite prime sur la connaissance, il en extrait le profil d’une lycéenne, encouragée par son professeur de mathématiques, à tenter l’aventure.
Depuis la ferme familiale, Sophie en rêvait sans oser franchir le pas. Propulsée au cœur du système, elle en découvre les failles et les retournements. Mais aussi dans l’instant, le réconfort de sa voisine de chambre, plus formée semble-t-il à ce genre d’exercices.
Au-dessus du niveau, Diane va lui venir en aide et franchir avec elle les différentes étapes de cette formation scientifique ardue.
On l’a prévenue, c’est un parcours du combattant, mais aussi découvre-t-elle rapidement celui d’une intégration dans la société qui peine à reconnaître les profils de son acabit.

On la traite ,plus ou moins gentiment, de campagnarde, et quand on dit paysan, elle rétorque éleveur. Des parents éleveurs (Marilyne Canto, Antoine Chappey ) en colère, pour le prix dérisoire de leur travail, auprès des gilets jaunes « des gens d’extrême droite » lui rétorque Diane effarée par ses propos.
Le clivage est sensible et sans en rajouter Frédéric Mermoud évalue le fossé que doit combler la jeune femme pour s’imposer, et si possible arriver.
Quand elle pleure, on pleure avec elle . Elle réussit, on la suit dans son élan .Suzanne Jouannet qui ne quitte jamais l’écran force le respect d’une interprétation exemplaire . Jamais trop, elle rythme le pouls d’une institution à l’égal de celui de sa propre existence.
Au-delà d’une survie, Sophie nous parle de respect et de dignité dans un monde qui fonce les yeux fermés. Diane son amie ( parfaite Marie Colombe), Claire la prof intraitable ( Maud Wyler remarquable ) l’accompagnent dans l’élan d’une affiche tout aussi exemplaire.
Le film
Déjouant les pièges de l’affrontement social au sein d’un établissement éducatif de haut niveau, Frédéric Mermoud évalue le parcours du combattant que représente pour une jeune fille douée, issue d’un milieu modeste, la montée des marches vers la connaissance. Sophie va en entendre des vertes et des pas mûres de la part de ses camarades de promotion, toujours prompts à la blague et au chahut. Elle devait s’imposer dans un système éducatif, elle doit aussi affirmer ses origines agricoles, revendication d’un état de droit auquel l’établissement ne paraissait pas être en mesure de répondre. S’il ne condamne pas ipso-facto les grandes écoles, loin du documentaire Frédéric Mermoud éclaire l’élitisme de notre système éducatif de manière judicieuse . Suzanne Jouannet qui ne quitte jamais l’écran force le respect d’une interprétation exemplaire. Quand elle pleure, on pleure avec elle . Elle réussit, on la suit dans son élan . Marie Colombe (son amie), Maud Wyler (la professeur) l’accompagnent merveilleusement dans l’élan d’une affiche tout aussi exemplaire.