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« Chien de la casse » de Jean-Baptiste Durand. Critique cinéma -Bluray

  • DVD : Fin mars  2024
  • Cinéma : 19 avril 2023
  • Avec Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Galatea Bellugi
  • Durée 93 mn

L’histoire : Dog et Mirales, amis d’enfance, vivent dans un petit village du sud de la France. Ils passent leurs journées à traîner dans les rues. Mirales a pris l’habitude d’embêter Dog plus que de raison. L’arrivée au village d’une jeune fille, Elsa, ronge leur amitié. Dog va aimer, Mirales devenir jaloux.

  • Premiers plans-Angers 2022, Prix du Public
  • Lumière d’Or Berceau du Cinéma
  • Raphaêl QuenardCabourg : Swann d’or du meilleur premier film  et de la révélation masculine – Lumière 2024 de la Révélation Masculine – César2024 de la Meilleure Révélation Masculine 
  • Prix d’interprétation Anthony Bajon et Raphaël Quenard au Festival de la Ciotat !

 

  • Le Film :
  • Les bonus

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

Dans «  Je verrai toujours vos visages » de Jeanne Herry, il apparait trois minutes peut-être, seulement, mais c’est une déflagration. Raphaël Quenard impose son regard, sa détermination, son personnage de salaud d’autrefois devenu un autre garçon.

Le voici maintenant, tout aussi grand, dans la peau d’un autre personnage,  peu reluisant là encore.

Mirales occupe cette fois tout l’espace. Il  le partage à peine avec son copain de toujours qu’il tarabuste à n’en plus finir, quand l’autre ne dit rien.

 

Il l’a surnommé Dog. Il le traite effectivement comme un chien, quand son propre chien « Malabar » reçoit plus d’égards. Mais Dog et Milares sont inséparables, jusqu’au jour de la rencontre avec Elsa.

Dog en tombe amoureux.

Un couple, pas un trio, Mirales ne supporte pas. Orgueilleux, jaloux, il reprend de plus belle son éreintage, et le fait maintenant en public. La rupture est consommée, de manière si peu orthodoxe que l’amitié de toujours, laisse implacablement traîner ses souvenirs d’enfance, les miasmes d’une relation à jamais toxique.

Dog en prend plein la gueule .La composition exceptionnelle d’Anthony Bajon  rajoute au malaise grandissant qui porte le spectateur à regarder parfois ailleurs.

Ces  paysages que filme amplement Jean-Baptiste Durand, des décors de western où deux âmes solitaires se perdent, s’égarent, se cherchent.

Entre les deux, Elsa parait bien insignifiante ( Galatea Bellugi ne l’est pas ) , même aux yeux de son amoureux qui toujours laisse à son ami le soin d’ordonner son quotidien. Il y a de la soumission et de l’admiration  devant ce grand frère qui porte beau et parle avec élégance. Le cœur sur la main s’il le faut …

On ne sait où Jean-Baptiste Durand a rencontré l’aventure de ce premier film qui dynamise le cinéma français.

L’anniversaire de Dog aurait pu être un moment de grande fête

Il lui attribue les vertus d’une tradition orale très éloquente. Un reliquat dans l’interprétation puissante de Raphaël Quenard et l’attitude compulsive de son alter-ego.

Et la remise au goût du jour d’une expression qui ramène à soi toute conduite collective. Le chien de la casse fait les choses pour lui, malgré ses amis …  Le film inverse la donnée et rend au spectateur l’envie de les accompagner encore et encore . Durand tout ce temps !

LES SUPPLEMENTS

  •  Rencontre avec  Jean-Baptiste Durand-Ses années aux Beaux-arts de Montpellier, ouverture sur différents horizons dont la vidéo, par obligation, «  mais ça ne m’emballait pas plus que ça . (…)  Et ensuite obligé à faire un stage de cinéma , et ça a été la révélation, ça combinait tout ce que j’avais appris pendant trois ans».

Ses premiers courts-métrages, et puis la reprise d’un brouillon de fin d’études, «  Chiens de la casse » est en marche … La précision du langage, mais aussi de l’improvisation possible, se réapproprier les mots , sur son propre langage

  •  « Il venait de Roumanie » de Jean-Baptiste Durand- 2014 / 22 min-Avec Johan Libereau, Clément Chebli, Damien Jouillerot, Dominique Reymond, Louise Blachere

Le portrait de Clément, avec sa bande de copains, ses parents, sa petite sœur, les anecdotes racontées, les photos dans sa maison, sa chambre intacte et les vidéos qui restent de lui. On parle de lui à l’imparfait. On rigole de ses bêtises qu’il ne fera plus et on se souvient. De façon aussi indistincte peut être que le cadre est incertain, et que l’image grisaille

Chez les parents de Clément, le ton change, la couleur est celle de l’espoir. D’une mise en scène aux éléments du décor, Jean-Baptiste Durand réussit à faire passer l’émotion, le sentiment, et l’avenir qui peut encore sourire.

Faire son deuil comme on dit . Faire du cinéma comme le fait si bien Jean-Baptiste Durand.

Pour l’anecdote on peut remarquer des détails scénographiques qui reviendront plus tard dans «  Chiens de la casse ». Les attitudes des jeunes copains dans ce petit village , cocon informel d’une société paisible. Dominique Reymond …

  • « Vrai gars » de Jean-Baptiste Durand ( 17 mn ) – Avec Mathieu Amilien et Julie Berard- Sami et Julie, la vingtaine, vivent dans un petit village du sud de la France. Ce soir-là, ils s’apprêtent à tourner le clip du nouveau morceau de Sami, mais les choses s’annoncent plus compliquées que prévu.. Une belle approche de la mise en scène pour un homme seul, ou presque .

  • Le making of ( 17 mn ) – De temps en temps le réalisateur revient sur l’origine de son film, mais ce sont bien les coulisses que l’on découvre .
  • « L’acteur ( ou la surprenante vertu de l’incompréhension »)par Raphaël Quenard et Hugo David ( 25 mn )-Co-producteur, co-réalisateur , Raphaël Quenard occupe tout l’espace de ce court métrage assez ahurissant où l’acteur se déconstruit,  où Jean-Baptiste Durand joue à plus bête qu’il n’est.

Il divague  sur l’avenir de son film qui s’annonce sans intérêt avec un acteur dans un premier rôle «  que je n’ai jamais vu jouer et qui n’arrête pas de faire son clown, son show , sauf devant le caméra où c’est toujours raté (… ) Insupportable, il va gâcher mon film à lui tout seul  »

« Il répète la nuit, il m’empêche de dormir » rapporte Galatea Bellugi

Sérieux ,un moment, Raphaël Quenard dit être un acteur instinctif, qui n’aime pas être dirigé, commandé, et quand on l’appelle pour un service il demande qu’on « lui laisse le temps de la contemplation ». Déjà bien barré le garçon

Et comme le remarque son collègue du moment, Anthony Bajon «  on ne comprend rien à ce qu’il raconte ».

L’étoile montante du cinéma français à l’air tout le temps en alerte, prêt à bondir, il doit être fatigant à l’usage … «  Le problème avec moi, est je suppose, la façon dont je m’exprime. Il faut être 50 ans avec moi, avant de pouvoir comprendre ce dont je parle ».  C’est Al Pacino qui le dit et Al Pacino c’est la lumière du jeune garçon. Ceci pouvant expliquer cela.

DVD : Fin mars  2024 Cinéma : 19 avril 2023 Avec Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Galatea Bellugi Durée 93 mn L’histoire : Dog et Mirales, amis d’enfance, vivent dans un petit village du sud de la France. Ils passent leurs journées à traîner dans les rues. Mirales a pris l’habitude d’embêter Dog plus que de raison. L’arrivée au village d’une jeune fille, Elsa, ronge leur amitié. Dog va aimer, Mirales devenir jaloux. Premiers plans-Angers 2022, Prix du Public Lumière d’Or Berceau du Cinéma Raphaêl Quenard :  Cabourg : Swann d'or du meilleur premier film  et de la révélation masculine - Lumière 2024 de la Révélation Masculine - César2024…
Le Film
Les bonus

Encore un premier film qui se fait joliment remarquer, et surtout détonne dans un panorama où un tel sujet est rarement abordé. L’amitié de toujours entre deux garçons, régie par une duplicité étonnante dans leur rapport. La thématique du dominant-dominé devient emblématique face à la normalité engagée entre Milares et Dog, au point de ne pas trop le perturber quand il tombe amoureux d’une jeune fille de passage dans leur village natal. Le lieu est important aux yeux du plus fort dont l’orgueil et la jalousie explosent devant cette intrusion sentimentale, dans un cercle très privé, qu’il n’avait réservé qu’à lui et à son copain. On savait Anthony Bajon  sur la voie ascendante d’une reconnaissance professionnelle indéniable, on découvre Raphaël Quenard interprète grandissime qui, du tout petit rôle de «  Je verrai toujours vos visages » de Jeanne Herry, avait déjà su nous montrer la nature de son talent. Il est immense

Une rencontre avec le réalisateur, deux court métrages et un troisième signé Raphaël Quenard, vision nombriliste d’une étoile filante . Etonnant, ou ahurissant , mais à voir sans hésiter . Et en prime le making of, que du bon

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