- Durée : 104 minutes
- Dvd : 8 mai 2025
- 8 janvier 2025 en salle
- Acteurs : Bella Kim, Roschdy Zem, Park Mi-hyeon, Ryu Tae-ho, Gong Do-yu
- Langue : Français, Coréen
- Studio : Diaphana
L’histoire : Sokcho, petite ville balnéaire de Corée du Sud .L’arrivée d’un Français, Yan Kerrand, dans la petite pension dans laquelle Soo-Ha, 23 ans, travaille, réveille en elle des questions sur sa propre identité et sur son père français dont elle ne sait rien. Tandis que l’hiver engourdit la ville, Soo-Ha et Yan Kerrand vont s’observer, se jauger, tenter de communiquer avec leurs propres moyens et tisser un lien fragile.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
- D’après le roman d’Elisa Shua Dusapin
C’est un « petit » film, assez « simple » dans sa formulation, joliment dialogué et relativement complexe dans son identification. C’est un très joli film. Un aquarelliste français, Yan Kerrand, débarque dans une « petite » ville balnéaire , pour y poursuivre son travail créatif. Roschdy Zem ne dépareille pas.
Il loge dans un « petit » hôtel, où travaille Soo-Ha, qui hasard de la rencontre, parle parfaitement le français. Bien qu’elle n’ait jamais connu son père reparti vivre dans l’hexagone.
L’abandon, la terrible absence, ces sentiments ressurgissent alors auprès de ce nouveau pensionnaire, sur lequel Soo-ha porte une attention toute particulière. Au point de délaisser son petit ami, Jun-oh et d’écarter de son quotidien, sa mère, qui la protège outre-mesure.
Au contact de cet homme d’âge mur, la jeune femme renoue, pense-t-elle, avec un pan de son histoire inachevée. Du sentiment amoureux au lien paternel, un entre-deux douloureux.
Là où se noue son drame, dont le français, placide et distant, évite les écueils . Soo-Ha est une aide précieuse, une interprète efficace, une guide évidente, mais sans illusion sur ses relations avec l’étranger qui par ailleurs l’ignore.
Une peine supplémentaire à sa quête de reconnaissance, à ce père évaporé dans les quelques confidences d’une mère fuyante sur le sujet (Park Mi-hyeon). Soo-Ha est au milieu du guet, à peine libérée d’une histoire, qu’une autre se met en scène dans son décor allégorique.
Une ville maritime engloutie par les flots, la neige, la solitude.

Réalisateur et scénariste Koya Kamura joue ainsi sur la temporalité culturelle pour donner à voir et à entendre le tourment de cette jeune femme.
Celle aussi de ce pays coupé en deux par une frontière que Yan Kerrand parcourt un instant pour en réécrire l’histoire. Sans crier à la révolution, sans brailler au complot, mais artiste et fataliste, à l’image du patron de l’auberge, Mr Park (Tae-ho Ryu) , qui d’un bon mot, subtil et lumineux, donne toujours le change aux propos trop sérieux.
Ce film l’est, mais ne le parait pas …
LES SUPPLEMENTS
- Making of ( 23 mn )- Sur de nombreuses séquences de tournage, le réalisateur explique sa démarche.
Roschdy Zem ? Un acteur qu’il suit depuis toujours, « et qui m’avait beaucoup impressionné sur Roubaix, une lumière ». A l’origine mannequin, Bella Kim assure ici son premier tournage
L’influence d’un peintre flamand Hammershai, sur la lumière, « que m’a fait découvrir Elodie Tahtane, la directrice de la photographie (…) c’était vraiment l’image que j’avais en tête ». Et puis tous les membres de l’équipe assument une part de la réalisation, du monteur au monteur-son, via le bruiteur , démonstration à l’appui.
Cet aperçu des coulisses est génial .
« Homesick » de Koya Kamura ( 23 mn ) – Deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, Murai brave le danger et arpente la « no-go zone » afin de passer du temps avec Jun, son fils de huit ans.
Un court métrage magnifique dans un décor post apocalyptique où deux êtres se tutoient à travers le souvenir et le deuil , difficile à contenir même deux ans après.
Ainsi, Murai le papa n’a de cesse de retrouver la balle de base ball de son fils avec qui il veut encore jouer. Il va dans la zone interdite, toujours contaminée , où Jun jouait autrefois …
Loin d’être larmoyant , ce film bouleversant est empreint d’une poésie contradictoire, où la beauté naturelle n’est rien à côté de celle que le cœur et l’âme définissent maintenant aux portes de ce paradis . Je n’ai pas le nom des deux acteurs, mais plus qu’une citation, une salve d’applaudissements, et un hourra pour cette réalisation.
- Scènes coupées ( 7 mn ) – Il est préférable de les regarder avec les commentaires du réalisateur, qui définit très bien à la fois l’esprit de son film, et les raisons pour lesquelles ces trois scènes, très percutantes, n’ont pas trouvé leur place dans le dispositif narratif.
Le Film
Les bonus
Ou comment revisiter l’Histoire de la coupure entre les deux Corée, en imaginant celle de cette jeune femme franco-coréenne, Soo-Ha qui n’a jamais connu son père. L’arrivée d’un français, aquarelliste, dans l’auberge où elle travaille à Sokcho ravive en elle ce sentiment d’un abandon irrémédiable.
Mais au contact de cet homme d’âge mur, elle renoue, avec un pan de son histoire inachevée. Sera-t-il suffisant pour l’affranchir de son passé mystérieux et lui dévoiler enfin une partie de son histoire dont sa mère ne lui a jamais vraiment parlé.
Réalisateur et scénariste Koya Kamura joue sur la temporalité culturelle pour donner à voir et à entendre le tourment de cet être perdu dans sa filiation.
Celle aussi de ce pays coupé en deux par une frontière que le français va parcourir un temps pour mieux s’en inspirer dans ses élans créatifs. Avant très certainement de repartir vers d’autres horizons inspirants ? Soo-Ha peut se l’imaginer mais se présence se nourrit d’un fol espoir. Le film le transporte avec superbe.
AVIS BONUS
Un court métrage éblouissant, des scènes coupées, un making of intelligent, rien que du bonheur