- 19 novembre 2025 en salle

- 1h 55min | Policier |
- Par Dominik Moll, Gilles Marchand
- Avec Léa Drucker, Guslagie Malanda, Mathilde Roehrich, Jonathan Turnbull
L’histoire : Le dossier 137 est en apparence une affaire de plus pour Stéphanie, enquêtrice à l’IGPN, la police des polices. Une manifestation tendue, un jeune homme blessé par un tir de LBD, des circonstances à éclaircir pour établir une responsabilité… Mais un élément inattendu va troubler Stéphanie, pour qui le dossier 137 devient autre chose qu’un simple numéro.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez vous à la fin de l’article
Plus que la TV, les réseaux sociaux nous rappellent les violences policières, nullement contenues dans un cadre d’opposition sociale. Les images sont parlantes et Dominik Moll en fait un long préambule , très proche de ces séquences vidéo .
Rien de nouveau sur les radars …
Les mêmes codes, des angles similaires que prête le filmage d’un smartphone. Cette constante audiovisuelle, le réalisateur s’en inspire pour ouvrir un peu plus sérieusement son dossier 137 : la mise en cause de cinq membres de la BRI (*) pour un tir de LBD (**) qui aurait blessé très grièvement à la tête, un jeune manifestant.

Sur la classique opposition entre leurs déclarations et les témoignages des manifestants Dominik Moll n’échafaude rien de bien original, si ce n’est l’accumulation de fausses preuves et de mauvaise foi des membres de la BRI . On souligne au passage qu’ils n’avaient rien à faire dans ce genre de manifestation. Missionnés pour d’autres types d’interventions, ils prêtaient ce jour-là main forte à leurs collègues.
Et la BRI, c’est le Bataclan . Des combattants; Irréprochables à leurs yeux .
Ceux de Stéphanie les regarde un peu différemment, là où Moll trouve un sujet patent pour sa caméra. Commandante à l’IGPN, la fameuse police des polices, la jeune femme leur tient tête, persuadée de leur implication dans l’accident du manifestant, mais sans preuve manifeste.
Son obstination la conduit à affronter son entourage professionnel, et en particulier son ex, qui devient le porte-parole de la contestation interne.
Ce double écueil pour Stéphanie, le réalisateur le cerne au plus près , de ses cernes sous les yeux, cette fatigue et ce découragement face à la tournure des événements .
Il est bon ici d’en conserver la teneur, assez inattendue et son habilitation dans un scénario original, passablement suffisant . Une intrusion derrière la façade où les masques tombent , avec celui de Stéphanie , tout aussi groggy par les coups du réel ( la vraie vie comme on dit aujourd’hui ), l’annihilation de tous ses efforts, l’abandon de sa raison d’être .

Un coup de grâce asséné par ceux qu’elle pensait aider. Complice d’un système totalement encrassé, où ses pairs la traitent de traitre . C’est dur à dire, à prononcer, c’est dur à vivre. Léa Drucker maîtrise l’ensemble . Remarquable.
Littérature : « On ne sait rien de toi » de Fabrice Tassel
(*) Brigade de recherche et d’intervention
(**) Lanceur de balle de défense
Le Film
Une bavure policière supposée engage l’enquête de l’IGPN ( la police des polices) . Cinq membres de la BRI sont arrêtés et suspectés d’avoir grièvement blessé à la tête un jeune manifestant, handicapé à vie. Rien de bien nouveau dans ce préambule que Dominik Moll développe autour du mouvement des Gilets Jaunes . Mais quand il braque les projecteurs sur la responsable des investigations, son récit devient plus incisif, plus original. Il ne lâchera plus Stéphanie, obstinée dans ses recherches autour des suspects, alors que l’institution policière la montre du doigt. Mais toute proche de la vérité , elle voit une pièce inattendue s’ajouter à son dossier qui de la routine au commun du quotidien, confond maintenant les aléas d’une vie privée aux rigueurs de son activité professionnelle . Le coup de grâce est porté par ceux qu’elle pensait aider. Complice d’un système totalement encrassé, où ses pairs la traitent de traitre . C’est dur à dire, à prononcer, c’est dur à vivre. Léa Drucker maîtrise l’ensemble . Remarquable.