- 1 heure et 42 minutes
- Dvd : 17 juin 2025
- 16 avril 1975
- Reprise 11 mars 2009
- Acteurs : Warren Beatty, Hume Cronyn, Paula Prentiss, William Daniels, Kenneth Mars
- Version originale sous-titrée français + Version française
- Studio : Carlotta Films
L’histoire : Le 4 juillet 1971, jour anniversaire de l’Indépendance des États-Unis, le sénateur Carroll est abattu à Seattle. L’enquête conclut à un acte isolé perpétré par un individu déséquilibré. Trois ans plus tard, les témoins de la scène trouvent la mort les uns après les autres. Présent lors de l’assassinat le journaliste Joseph Frady décide de mener l’enquête et découvre l’existence d’une machination de grande ampleur…
i les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Restauration 2K
Dans un contexte politique embrumé ( les frères Kennedy et Martin Luther King ont été assassinés) Alan J.Pakula se penche sur les conclusions sans appel possible de l’enquête sur le meurtre du sénateur Carroll à Seattle, le jour de la fête nationale. Un seul tireur, pas de complices, pas de motivations, l’homme était détraqué.
Au point que trois années plus tard, tous les témoins du drame disparaissent les uns après les autres. Ceux qui restent, paniquent, dont Lee Carter, une journaliste proche , voire intime de la victime.

Elle se confie à un collègue Joseph Frady , un reporter de seconde zone qui voit là sa chance de retrouver les faveurs de son patron. Et son adhésion à la théorie du complot qu’il entend développer dans ses articles.
Contexte politique embrumé je répète, paranoïa en vue …
Pakula tient son sujet, sur le papier du moins. A la réalisation, il me parait plus en retrait de l’événement médiatico-politique qu’il traite presque à la petite semaine d’un récit débité en tranches.
C’est assez décousu, peu de liant et d’indices, pour comprendre comment il mène son enquête , et arrive à ses conclusions. L’avantage, Warren Beatty nous impose son personnage tout aussi tranquillement qu’il mène ses investigations.

Ainsi quand on le confond avec un buveur de lait en le traitant de fillette, la réaction ne se fait pas attendre. Le rodéo voitures est un peu inutile sur le plan de la narration, mais visuellement très efficace.
Encore plus performants, des dialogues fabuleux, immédiats, livrés sur une table de ping pong aux liftés ravageurs. Quelque chose de percutant dans un décor paradoxal : très peu de lumière ( mais ce n’est pas sombre ) et encore moins de chaleur.
Comme si aux yeux de Alan J. Pakula cette obsession de la conspiration prenait des chemins sans issue. Sans vérité possible …
(*) Grande tension dans l’avion, nullement partagée par les passagers qui ignorent le problème, mais avec le spectateur qui en est informé . Tension d’autant plus grande que ce n’est pas la réalisation du projet qui peut inquiéter, mais la manière dont l’équipage va l’apprendre …

LES SUPPLÉMENTS (EN HD)
Alex Cox à propos de » A cause d’un assassinat » (15 mn) – « Ce monde chimérique que Pakula et Beatty nous faisaient découvrir en 1974, c’est celui dans lequel on vit aujourd’hui. […] Toutes nos données appartiennent à des sociétés privées ».
Le réalisateur Alex Cox évoque la notion de complot à travers l’Histoire des Etats-Unis, et revient ainsi sur l’assassinat de Kennedy Il doute que Lee Harvey Oswald ait été le seul tireur dans l’affaire. Un complot des services de renseignements américains, plus probable selon lui . Il cite alors« Complot à Dallas » de David Miller qui liste 18 témoins importants de la scène de crime, tous assassinés. Un peu le sujet du film , autour de la théorie du complot , avec « Conversation secrète » de Coppola, et « Chinatown » de Roman Polanski
Et puis « L’affaire Mattei » de Francesco Rosi un film sur lequel Pakula va beaucoup s’appuyer. (Ci-dessous)

- « Mise au point : la genèse de « A cause d’un assassinat » (15 mn)-Assistant d’Alan J. Pakula sur le tournage du film, Jon Boorstin se souvient de la synergie existant entre le réalisateur et son directeur de la photographie, Gordon Willis. Loin d’être un film politique, « À cause d’un assassinat » traite, selon Boorstin, de la culture du contrôle et de la paranoïa, « brillamment illustrée lors de la séquence clé du test ».
Détail dans l’affaire, au début du tournage il n’y ni scénario, ni scénariste. Grève générale de ce côté . « Tous les jours les scènes étaient réécrites, c’était la pagaille. Gordon disait qu’il n’avait jamais travaillé sur un tournage aussi chaotique. C’est un peu la marque de fabrique d’un film de Pakula. Ca l’inspire ».
- « Révisions » . Un entretien avec Nicolas Pariser (27 mn ).-Le cinéaste s’est intéressé très jeune à cette période cinématographique américaine autour du thème complotiste. « Les hommes du président », « Les trois jours du Condor », « Complot à Dallas » de David Miller

« Le thème du complot, notamment au cinéma, est revenu à cause du 11-Septembre et, évidemment, de toutes les thèses complotistes autour. Le 11-Septembre a probablement été notre assassinat de John F. Kennedy. »
Il met en parallèle les valeurs et les leçons à retirer du cinéma complotiste des années 70 et 2000, avant de s’attarder sur le film du jour qu’il rapprocherait plus de « La mort aux trousses » que des films italiens politiques de la même époque : « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçons », « L’affaire Mattei », « Cadavres exquis » ..
Le film
Les bonus
C’est un film aujourd’hui à ranger dans la boîte « Complots et conspirations » des grands films à jamais marqués d’une histoire politique criminelle. En Italie « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçons », « L’affaire Mattei » . Aux Etats-Unis « Les hommes du président », « Complot à Dallas », « JFK ».
Pakula ouvre ici le dossier de l’assassinat d’un sénateur , trois ans après les faits. Alors qu’un jury l’a officiellement bouclé en désignant le meurtrier, sans question de remettre en cause leur jugement . Sinon, c’est « spéculation sans fondement d’une presse irresponsable … » .
Mais comme les témoins disparaissent un par un, un journaliste de petite locale imagine remonter la filière d’une équipe de tueurs impliqués très haut. On ne saisit pas toujours forcément très bien comment Pakula raccommode tous les indices ignorés à l’époque des faits , (c’est assez décousu, peu de liant) mais la patte du réalisateur est indéniable .
Parfois pour ne rien dire ( la course poursuite en voitures ) parfois pour faire monter la tension au-dessus du plafond. Celui qu’il atteint dans la séquence de l’avion est une merveille du genre.
AVIS BONUS
Alex Cox cerne très bien l’atmosphère de l’époque et les rouages d’un film fondu sur la théorie du complot, sur laquelle Nicolas Pariser a beaucoup à dire. Et il le dit très bien