Accueil » A la une » « Propriété privée » de Leslie Stevens. Critique cinéma-dvd

« Propriété privée » de Leslie Stevens. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Deux garçons qui vivent d'expédients, Duke et Boots, rôdant près d'un poste à essence voient passer une élégante femme blonde dans une très belle voiture blanche. Sous la menace, ils obligent un représentant de commerce à la suivre. La femme habite une confortable villa. La maison voisine étant vide, ils y pénètrent pour épier leur voisine. Ils  suivent tous ses gestes, même après le retour de son mari...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Propriété privée"
De : Leslie Stevens
Avec : Warren Oates, Corey Allen, Kate Manx, Jerome Cowan, Robert Wark
Sortie le : 1er mars 2017
Distribution : Carlotta Films
Durée : 77 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Si le nom de Leslie Stevens vous est peu familier, il l’est autant pour moi. Je découvre ce premier film réalisé il y a 56 ans, dans la droite lignée du courant hitchcockien qui, une dizaine d’années auparavant, allait marquer à jamais de son empreinte le cinéma mondial.

L’histoire de ces deux petites frappes qui squattent une maison pour surveiller les faits et gestes de leur voisine fait très rapidement penser à « Body double » de Brian de Palma et surtout  à «  Fenêtre sur cour ». Il est amusant alors d’entendre l’un des deux garçons se renseigner sur la présence dans les environs de la villa d’un certain Mr Hitchcock.

L’influence du maître ne s’arrête pas à cette évocation cinématographique tant la prégnance de la mise en scène, le jeu du chat et de la souris, de l’ombre à la lumière et les gros plans subitement posés entre deux séquences marquent un territoire fortement balisé. Ce sera dit-on aussi celui d’Orson Welles avec lequel Leslie Stevens travailla à ses débuts au théâtre.

Comme à la télé...
Comme à la télé…

Des références qui n’occultent en rien l’originalité de ce film qui révèle tout autant l’âge d’or d’une société américaine que ses perversions les plus lâches, le voyeurisme considéré ici comme l’ultime recours à la bassesse . Il dit aussi toute la complexité des êtres confinés dans leur quant-à-soi. De la  bourgeoise oisive et innocente à l’attitude malsaine de ces deux vagabonds, truands de seconde zone, aux rapports plus que complexes.

Boots, un brin demeuré, se laisse entièrement guidé par son copain, très entreprenant, surtout auprès de la dame  (Kate Manx, la femme du réalisateur)  qu’il rencontre sous différents prétextes auxquels elle ne prête pas attention.

Ou la mise en action d’un véritable plan drague imaginé par un homme aux multiples facettes. A ce titre, Corey Allen est un comédien exceptionnel, fourbe et manipulateur derrière son sourire prêt à rendre tous les services.

Boots (Warren Oates  dans un rôle plus discret) pense d’ailleurs naïvement que toutes ses avances sont pour lui faciliter la tâche auprès de la belle, comme il lui a promis. Il y a beaucoup de suggestions dans ce film dont une scène très allusive entre l’homme et la femme sur … la sexualité des oliviers. Beaucoup de thèmes abordés entre les lignes et les images (toute scène sexuelle intempestive est proscrite) comme la perversité, la sensualité, l’homosexualité sous-jacente entre les deux amis.

Dont l’ ultime confrontation fait sans conteste appel à la fabrique Hitchcock pour un époustouflant final où rage et suspense méritent effectivement que sir Alfred demande des droits d’auteur.

LE SUPPLÉMENT

  • Entretien avec Alexander Singer (17 mn). Photographe de plateau et conseiller technique sur « Propriété privée », il évoque sa rencontre avec Leslie Stevens et le déroulement du tournage. L’homme est très fier de sa personne et « rappelle à plusieurs reprises qu’il était un bon photographe de plateau », ce qui lui a permis de rencontrer Leslie qui travaillait à l’époque pour Life.

Il porte aussi un regard sans concession sur l’équipe avec qui il collaborait. L’héroïne par exemple, qui est aussi l’épouse du réalisateur : « Kate aspirait de façon désespérée à être juste, elle était mue par son plaisir de plaire à tout le monde, elle accordait trop d’importance à son rêve de devenir une grande actrice »  

Il parle aussi du directeur de la photo Ted McCord, « qui sortait de désintoxication et qui avait un salaire supérieur à la somme des salaires de toute l’équipe, plus d’autres avantages, les chef ’op gagnaient bien leur vie. McCord était très reconnaissant de ce qu’on lui offrait. (… )  La relation homoérotique entre les deux comédiens était quelque chose de complètement inédite à l’époque, c’était courageux, mais ça tenait à la fois de l’écriture du scénario et de la façon dont ça a été joué.  Très bien joué par Warren Oates et Corey Allen ».

Si le nom de Leslie Stevens vous est peu familier, il l’est autant pour moi. Je découvre ce premier film réalisé il y a 56 ans, dans la droite lignée du courant hitchcockien qui, une dizaine d’années auparavant, allait marquer à jamais de son empreinte le cinéma mondial. L’histoire de ces deux petites frappes qui squattent une maison pour surveiller les faits et gestes de leur voisine fait très rapidement penser à "Body double" de Brian de Palma et surtout  à «  Fenêtre sur cour ». Il est amusant alors d’entendre l’un des deux garçons se renseigner sur la présence dans…
Le film
Le bonus

Un premier film à l’époque (1960) du réalisateur américain Leslie Stevens, sur l’idée de deux hommes espionnant leur séduisante voisine qui tombera dans le filet patiemment posé par le charmeur et manipulateur Duke. Au cœur du voyeurisme et d’une Amérique portée par son âge d’or, l’ombre d’Hitchcock est ici suffisamment présente pour que le maître du suspense revendique une paternité. Leslie Stevens ne la lui conteste pas, posant cependant sa propre empreinte sur cet inquiétant thriller déjà marqué par l’interprétation discrète de Warren Oates ( le rôle veut ça ) aux côtés de Corey Allen – célèbre rival de James Dean dans « La Fureur de vivre » de Nicholas Ray (1955) . A mes yeux le plus « beau » personnage de ce ménage malmené, un comédien alors bien prometteur.

Avis bonus Un entretien avec le photographe de plateau très satisfait de sa personne...

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Alberto Express » d’Arthur Joffé. Critique Blu-ray

Pour relancer à sa façon la comédie italienne, Arthur Joffé fait circuler un train entre Paris et Rome. Il ne déraille jamais

Un commentaire

Laisser un commentaire