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« Personal shopper » d’Olivier Assayas. Critique dvd

Synopsis: Maureen, une jeune américaine à Paris, s'occupe de la garde-robe d'une célébrité. C'est un travail qu'elle n'aime pas mais elle n'a pas trouvé mieux pour payer son séjour et attendre que se manifeste l'esprit de Lewis, son frère jumeau récemment disparu. Elle se met alors à recevoir sur son portable d'étranges messages anonymes...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Personal Shopper [DVD + Copie digitale]"
De : Olivier Assayas
Avec : Kristen Stewart, Lars Eidinger, Sigrid Bouaziz, Anders Danielsen Lie, Ty Olwin
Sortie le : 18/04/2017
Distribution : Les Films du Losange
Durée : 101 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Avril 2017 ( 2 ème )

Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2016

« Le statut du cinéma tient à sa capacité à être témoin des autres images ». (Olivier Assayas)

Mon intérêt pour l’au-delà et une existence plus réelle que spirituelle m’entraîne sans souci dans le labyrinthe cinématographique imaginé par un cinéaste qui use de son talent pour l’exploiter jusqu’aux confins de ses possibilités. A la manière dont se termine ce film aussi beau qu’étrange, on devine qu’Olivier Assayas a encore beaucoup de ressources à confier au septième art.

Celles de « Personnal shoper » figurent un monde froid et distant, marqué par les enseignes de luxe où s’approvisionne Maureen au service de Kyra ( Nora von Waldstatten) une star internationale. Elle est acheteuse de mode dit-elle avec une moue de désapprobation qui l’éloigne du milieu dans lequel elle aspire à vivre. Pour retrouver son frère jumeau, Lewis, disparu et qui doit lui faire un signe. Kristen Stewart qui ne pourrait être alors qu’un faire-valoir transcende son personnage aux contours indistincts pour vivre avec l’au-delà.

Maureen fait le plein de bijoux chics pour sa patronne, mais le cœur n’y est pas

Elle et lui sont des médiums, des intermédiaires d’une pensée ectoplasmique qu’elle tente de relativiser pour mieux se reconnecter avec son quotidien, et retrouver sa paix intérieure. Faire son deuil comme on dit pour le commun des mortels que lui et elle ne sont pas. Maureen brave les interdits de sa patronne, météorite invisible d’une galaxie où la fuite en avant tient d’un mode de pensée.

Pour une vie de diva que la jeune héroïne exècre face à sa quête d’absolu et de renaissance. Le portrait qu’en dresse Assayas est alors presque angoissant, dans son exploitation consentie, et cette solitude qui l’accable. Devant l’absence de réponse, de signe, d’une quelconque manifestation, Maureen est prête à croire en ce mystérieux correspondant qui communique par SMS. Le nouveau langage universel nous dit Assayas visiblement intrigué lui aussi par la manœuvre anonyme et impersonnelle inscrite dans un thriller métaphysique qui s’ordonne selon un processus d’identification tout à fait formel.

Les images se succèdent et se transposent sur des tablettes, des téléphones, tous ces supports numériques compatibles avec son langage cinématographique nous dit encore le réalisateur qui pourtant filme la plus belle des rencontres à visage humain : Maureen se décide à voir le grand copain de son frère, Erwin ( Anders Danielsen Lie) aujourd’hui compagnon de Lara (Sigrid Bouaziz), l’ex de Lewis.

Une séquence absolument fabuleuse par l’apparente banalité du lieu et des propos qui s’échangent. Ou l’art de la déclinaison amoureuse d’un cinéma total, libre et entier dans son exploration visuelle et littéraire. Je comprends que le propos d’Assayas puisse rebuter… le commun des mortels, mais ici rien n’est commun, rien n’est mortel. C’est le cinéma qui prend la vie à témoin pour lui enseigner encore quelques franches vérités. Mais toute vérité ne serait donc pas bonne à dire ?

LES SUPPLEMENTS

  • L’interview de Kristen Stewart. Magnifique rencontre orchestrée par un intervieweur qui nous change des tapis rouges officiels déroulés par nos animateurs cinématographiques hexagonaux. Sans pousser la comédienne dans ses retranchements, le journaliste mène sa rencontre avec brio et décontraction à l’image de l’artiste qui se confie assez drôlement sur ce film mais aussi sur d’autres longs métrages (« Certaines femmes » de Kelly Reichardt et « Un jour dans la vie de Billy Lynn » d’Ang Lee)

  • Rencontre avec le réalisateur par Olivier PèreUne interview là encore menée avec attention et professionnalisme au cours de laquelle Olivier Assayas évoque les connections avec « Sils Maria » mais surtout cette idée de film « partie de rien, d’un point zéro, d’une feuille blanche (…) et puis portée par l’inconscient ».
  • La version longue de la scène de spiritisme. Pourquoi pas, Benjamin Biolay dans la peau de Victor Hugo méritait bien ça …
  • Spiritisme et Théosophie On nous rappelle ce que sont ces sciences dites occultes, en mémoire notamment de l’artiste Hilma af Klint dont il est fait référence dans le film. Elle fut pionnière de l’art abstrait bien avant Kandisky…

 

Meilleur dvd Avril 2017 ( 2 ème ) Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2016... « Le statut du cinéma tient à sa capacité à être témoin des autres images ». (Olivier Assayas) Mon intérêt pour l’au-delà et une existence plus réelle que spirituelle m’entraîne sans souci dans le labyrinthe cinématographique imaginé par un cinéaste qui use de son talent pour l’exploiter jusqu’aux confins de ses possibilités. A la manière dont se termine ce film aussi beau qu’étrange, on devine qu’Olivier Assayas a encore beaucoup de ressources à confier au septième art. Celles de « Personnal shoper » figurent…
Le film
Les bonus

Un brin fantastique, un zeste métaphysique entre thriller et contemplation le dernier film d’Assayas marque la rupture avec un cinéma académique et confortable pour d’autres formes de langages qui du SMS à la profusion visuelle des supports numériques confortent paradoxalement les bases du cinéma actuel. Entre l’acte résistant et la démarche exploratoire, le réalisateur de « Sils Maria » conclue un cycle pour mieux entamer de nouvelles aventures propres à la survie du septième art. Kristen Stewart qui ne pourrait être alors qu’un faire-valoir transcende son personnage aux contours indistincts pour vivre avec l’au-delà (l’attente d’un signe de son frère jumeau décédé) une expérience ultime : se (re)trouver elle-même dans l’accomplissement d’un deuil qui à ses yeux et à son cœur surpassent la notion même de la mort. Je comprends que ce genre de cinéma (froid en apparences, aux dialogues biseautés…)  puisse rebuter le commun des mortels, mais ici rien n’est commun, rien n’est mortel. C’est le cinéma qui prend la vie à témoin pour lui enseigner encore quelques franches vérités.

Avis bonus Pour l’intelligence et la décontraction des rencontres avec Kristen Stewart, et Olivier Assayas, un bonheur !

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