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« L’homme de l’Ouest » d’Anthony Mann. Critique Blu-ray

Synopsis: Après l'attaque du train dans lequel ils voyageaient, Link Jones, une chanteuse, et un commis voyageur tombent aux mains d'une bande de pillards qui les contraignent à participer à l'attaque de la banque d'une ville fantôme.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "L\'Homme de l\'Ouest "
De : Anthony Mann
Avec : Gary Cooper, Julie London, Lee J. Cobb, Arthur O\'Connell, Jack Lord
Sortie le : 08 octobre 2014
Distribution : Carlotta Films
Durée : 99 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd octobre 2014 ( 6 ème )

C’est une arrivée de train, loin de la Ciotat, tout à fait réussie. En deux-trois plans  et quelques secondes, Anthony Mann nous invite dans la contre-légende du western. Si les fondamentaux du genre sont bien réunis,il y a dans la manière de nous convier sur le quai, un coup d’œil à la fois joueur et malicieux.

Il faut voir tous ses voyageurs en attente du convoi qu’ils  guettent telle une bête curieuse. Le chemin de fer est encore tout neuf, et l’homme de l’Ouest dont il est question, Link Jones (Gary Cooper) ne se méfie pas des vapeurs qui s’en dégagent. Un détail au milieu d’une foule qui ne se frotte pas forcément au sheriff en quête de quelques mauvaises têtes. Ambiance.

Elle est encore plus électrique à l’intérieur du wagon :les protagonistes font connaissance, avant que la traditionnelle attaque du train ne vienne couronner l’édifice. Tout est en place désormais pour Anthony Mann qui va nous balader à sa guise dans des paysages époustouflants, que son Scope ne suffit pas à magnifier.

Il y a là une patte, un regard original pour faire du «  sur-western » comme l’écrivait Bazin (voir les bonus) et donner à son récit, une vision tout à fait humaine des rapports du même nom.

Le paysage totalement intégré à l’histoire est un personnage parmi les autres, les bons et les méchants commandés par un vieux fou qui autrefois fut un dangereux bandit. Comme il retrouve un ancien copain aujourd’hui rangé des diligences, il va à nouveau l’impliquer dans ce monde cruel et violent qui est le sien.

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Lee J. Cobb en fait peut-être un peu trop dans son costume de patriarche désœuvré (il rit tout le temps, c’est agaçant), mais son vis-à-vis connait la musique qui apaise. Gary Cooper en personne, parfait, presque théâtral dans sa posture de nouvel homme, intègre et serviable. Au point de sauver la belle Julie London qui se désespère devant un individu, honnête et fidèle à sa petite famille qu’il a hâte de rejoindre.

C’est un drame au cœur d’une tragédie qu’Anthony Mann règle quasiment à l’amiable : quelques morts seulement, et une morale intacte. Les indiens n’y ont vu que du feu …

LES SUPPLEMENTS

Des photos de tournage apparaissent au cours des différents chapitres et c’est bien plaisant. Ce que racontent les différents intervenants ne manque pas de pertinence, on reste dans cet Ouest si mythique avec grand bonheur.

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  • ANTHONY MANN, UN HOMME DE L’OUEST (13 mn). Polars, westerns, fresques historiques : la biographie d’un cinéaste de légende déclinée en trois genres. Sur celui du western, on note bien évidemment «  la force visuelle des paysages naturels comme cadre ». James Stewart, qui a fait huit films avec Mann, dont cinq westerns, est largement évoqué. «  C’est le héros mannien par excellence, déterminé, instinctif, conquérant et digne. Ce héros du grand Ouest pourrait tuer son frère ».

« Mann a apporté au western une harmonisation entre les conflits et les personnages » dit-on encore dans une excellente analyse sur le style du cinéaste dans le western. « Il faut voir le contraste entre la sérénité des paysages chez Mann, et les hommes qui y vivent dans la violence, mais en quête d’un retour à l’ordre, d’une vie normale ».

  • « SUPER MANN » DE JEAN-LUC GODARD (13 mn). Une analyse de 1959  au scalpel signée Jean-Luc Godard pour Les Cahiers du Cinéma, lue par Bruno Putzulu. Et c’est un grand moment de cinéma, tant le propos du réalisateur français peut surprendre, par sa pertinence et ses fulgurances. Bazin avait déjà taxé le film de Man de «  sur western », c’est-à-dire un «  western qui aurait honte de lui-même et qui chercherait à justifier son existence par un intérêt supplémentaire ».

C’est un peu à partir de cette idée que Godard développe son point de vue sur le film «  la simplification à outrance de la mise en scène, ce qui correspond à un véritable effort, à de la recherche. Chaque plan réinvente le western, copie et innove (…) c’est une leçon de cinéma moderne  ».

Pour étayer sa démonstration, Jean-Luc Godard cite plusieurs exemples, notamment autour de John Ford et Fritz Lang.

  •  TAVERNIER/RISSIENT, PROPOS SUR MANN (21 mn). Deux passionnés de l’œuvre d’Anthony Mann livrent leur point de vue sur L’Homme de l’Ouest. Ils le font à distance, sans échange réel possible, mais le fond demeure intéressant quand tous les deux abordent le thème de la violence, en opposant James Stewart et Gary Cooper.

Ils notent aussi l’importance des paysages dans le western mannien «et cette manière d’intégrer les personnages dans le paysage. Il oppose les personnages à la nature qui les entoure ».

Meilleur dvd octobre 2014 ( 6 ème ) C’est une arrivée de train, loin de la Ciotat, tout à fait réussie. En deux-trois plans  et quelques secondes, Anthony Mann nous invite dans la contre-légende du western. Si les fondamentaux du genre sont bien réunis,il y a dans la manière de nous convier sur le quai, un coup d’œil à la fois joueur et malicieux. Il faut voir tous ses voyageurs en attente du convoi qu'ils  guettent telle une bête curieuse. Le chemin de fer est encore tout neuf, et l’homme de l’Ouest dont il est question, Link Jones (Gary Cooper) ne se…

Review Overview

Le film
Les bonus

Un western, loin des conventions habituelles, mais habilement conduit par un cinéaste tout à fait conscient de chambouler le bel ordonnancement du genre. Il se la joue plutôt psychologie au détriment d’une action qui, quand elle se produit, n’est jamais gratuite. Elle induit la perception que l’on peut ressentir face à ses personnages imaginés au cœur de paysages époustouflants, totalement habités par l’histoire et ses protagonistes. Garry Cooper et Julie London forment un couple lui aussi hors des normes du western. Le happy end ne se fera pas à bouche que veux-tu, car la morale punit les méchants et honore ceux qui demeurent dans le droit chemin. Sous l’œil de Mann, ça fait du grand cinéma.

Avis bonus Des commentaires de la part de spécialistes du western et d’Anthony Mann, dont une analyse savoureuse et pertinente d’un certain Jean-Luc Godard, en 1959.

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