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« Les Larmes amères de Petra Von Kant » de Rainer Fassbinder. Critique Blu-ray

Synopsis: Styliste de mode réputée, Petra von Kant femme libre et indépendante est assistée de Marlene, sa secrétaire, sa dessinatrice et sa bonne à tout faire entièrement soumise. Petra tombe folle amoureuse de Karin, une jeune prolétaire dont elle décide de faire son mannequin vedette. La passion se transforme en jalousie maladive.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Rainer Werner Fassbinder - Vol. 1 "
De : Rainer Werner Fassbinder
Avec : Hanna Schygulla, Margarethe von Trotta, Irm Hermann, Hans Hirschmüller
Sortie le : 18 avril 2018
Distribution : Carlotta Films
Durée : 704 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 5
le film

Un auteur adapte sa pièce de théâtre au cinéma. Fassbinder n’est pas n’importe quel auteur. L’œuvre, de la scène à l’écran en porte la traduction de manière presque subliminale. Un lieu unique, un huis-clos féminin où se révèlent des femmes d’horizons bien divers.

Petra est une dame de la haute, créatrice de mode, servie par Marlène sa secrétaire, servile et fidèle, amoureuse transie. Elle la domine après avoir divorcée d’un homme qu’elle ne regrette pas dit-elle. « Sa puanteur (…) quand il me chevauchait le taureau qui prenait sa vache » …

C’est à sa meilleur amie qu’elle se confie, sans guère y prêter attention. Petra parle dans le vide. Petra se pouponne et s’admire, son amie est aux anges. Discussions de salon, sans apprêt, sur les hommes et leur suffisance qu’elles maîtrisent, assurent-elles. Des souvenirs d’enfance, la contrainte paternelle, des souvenirs de guerre, indistincts.

« Les choses sont comme elles sont on n’y peut rien changer » dit Petra comme pour mettre un terme à ce bavardage de coquettes vautrées dans une décadence luxueuse. Fassbinder fait bien les choses. Un cadre presque unique, un décor toujours changeant fait de dorures et de miroirs clinquants. Petra y contemple le monde à ses pieds.

Et le monde va basculer. Presque naturellement, imperceptiblement dans le regard de cette belle jeune femme en quête d’un avenir plus prometteur que celui que lui laissait entrevoir son homme. Et sa condition sociale. Petra la dessine déjà dans ses pensées cette Karin amante, ce futur grand mannequin qu’elle imagine, une diva à sa façon.

Timide et indécise, Karin va plus que saisir sa chance pour prendre l’ascendant sur cette maîtresse femme esclave de cet amour qui va la dévaster jusqu’à la haine, le mépris et le dégoût de soi. Le cadre toujours approprié dans la soie et le velours adoucit la teneur du langage et ses intentions féroces.

Des portraits de femmes magnifiquement relevés par l’interprétation de Hanna Schygulla et Margit Carstensen dans un face à face aux caprices douloureux. Plus secondaire, mais tellement essentielle, Irm Herman témoigne en silence de cet amour dévastateur que Fassbinder élève au rang d’une humanité contrite. Fassbinder était-il heureux ?

  •  1969 -1973 . Volume 1: 

« L’Amour est plus froid que la mort », « Le Bouc », « Prenez garde à la sainte putain », « Le Marchand des quatre saisons », « Les Larmes amères de Petra Von Kant », « Martha », « Tous les autres s’appellent Ali ». Sortie également de  » Huit heures ne font pas un jour » 

  •  1974-1981. Volume 2 :

« Effi Briest », « Le Droit du plus fort », « Roulette chinoise », « L’Année des treize lunes », « Le Mariage de Maria Braun », « Lola, une femme allemande », « Le Secret de Veronika Voss ».

Un auteur adapte sa pièce de théâtre au cinéma. Fassbinder n’est pas n’importe quel auteur. L’œuvre, de la scène à l’écran en porte la traduction de manière presque subliminale. Un lieu unique, un huis-clos féminin où se révèlent des femmes d'horizons bien divers. Petra est une dame de la haute, créatrice de mode, servie par Marlène sa secrétaire, servile et fidèle, amoureuse transie. Elle la domine après avoir divorcée d’un homme qu’elle ne regrette pas dit-elle. « Sa puanteur (…) quand il me chevauchait le taureau qui prenait sa vache » … C’est à sa meilleur amie qu’elle se confie, sans guère…
le film

Rainer Werner Fassbinder adapte sa pièce au cinéma en conservant le huis clos du théâtre. Dans un décor rempli de dorures et de miroirs clinquants, des femmes se toisent, et s’ignorent. Petra la capricieuse styliste, vénérée par le monde de la mode qui ne connait pas son côté autoritaire et inhumain. La domination faite femme, l’illustration de la vanité et des douleurs liées à l’amour. A ses côtés Marlene son assistante, dévouée et soumise, amoureuse très certainement qui va pouvoir témoigner de sa chute, de sa fragilité, au point devenir esclave à son tour lorsque Karin, sa protégée, son égérie, son mannequin vedette va rejoindre son mari… Des portraits de femmes magnifiquement relevés par l’interprétation de Hanna Schygulla et Margit Carstensen dans un face à face aux caprices douloureux. Plus secondaire, mais tellement essentielle, Irm Herman témoigne en silence de cet amour dévastateur que Fassbinder élève au rang d’une humanité contrite. Fassbinder était-il heureux ?

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