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« Le procès de Viviane Amsalem » de Shlomi Elkabetz et Ronit Elkabetz. Critique dvd

Synopsis: Viviane Amsalem demande le divorce depuis trois ans, et son mari, Elisha, le lui refuse. Or en Israël, seuls les Rabbins peuvent prononcer un mariage et sa dissolution, qui n'est elle-même possible qu’avec le plein consentement du mari.Sa froide obstination, la détermination de Viviane à lutter pour sa liberté, et le rôle ambigu des juges dessinent les contours d’une procédure où le tragique le dispute à l'absurde, où l'on juge tout, sauf de la requête initiale.

La fiche du DVD

Le film : "Le procès de viviane amsalem"
De : Ronit Elkabetz, Shlomi Elkabetz
Avec : Simon Abkarian, Gabi Amrani, Dalia Beger, Shmil Ben Ari, Abraham Celektar
Sortie le : 02/12/2014
Distribution : Blaq Out
Durée : 115 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD : 1
Le film
Les bonus

La procédure de divorce à l’israélienne peut nous surprendre. Ce n’est pourtant pas le plus étonnant d’un récit qui renouvelle  à la fois le film judiciaire et le genre qu’il implique. Dans une petite salle d’un tribunal, une épouse tente d’obtenir de son conjoint le divorce. En cas de refus de ce dernier, le juge ne peut que renvoyer le plaignant et le défenseur, dos à dos.

Ainsi va la loi israélienne que Shlomi Elkabetz et Ronit Elkabetz (devant et derrière la caméra) chahutent joyeusement dans leur mise en scène au huis clos toujours renouvelé. Pendant près de deux heures, on suit attentivement les circonvolutions conjugales et judiciaires de l’époux obstiné face à une femme tout aussi entêtée par son désir de le quitter.

Ce qu’elle a fait d’ailleurs depuis trois ans, sans obtenir la liberté de vivre à sa guise.

Si j’évoque un ton léger, c’est dans la présentation des faits et des protagonistes qui, des juges à l’assesseur en passant par les avocats ont une identité bien marquée. Elisha est défendu par son propre frère ( Sasson Gabai, dont on ne se lasse pas ) qui accuse donc de tous les maux sa belle-sœur ; un complot quasi familial auquel se mêle bien malgré lui le frère de Viviane.

Ce qui ne la déstabilise pas un instant, surtout que bien souvent, tel est pris qui croyait prendre, les situations se retournent contre leurs instigateurs.

Plusieurs scènes avec les témoins ne manquent pas d’à propos savoureux.Ils se contredisent ou vont à l’encontre des souhaits de leur propre avocat. A ce stade, l’autorité judiciaire en a pris un coup et aux sourires des premiers échanges, le tragique du déballage de la vie privée hante le prétoire.

le procès de Viviane Amsalem

Ce crescendo, les comédiens l’observent eux aussi avec une attention remarquable pour dire tout le non-sens de la situation.

Ronit Alkabetz prend ainsi une dimension formidable au fil des débats .Ses silences immortalisent peut-être le mieux le combat des femmes pour une dignité contestée par l’autorité maritale et des juges très partiaux « Tu sais où est ta place, femme » lui dit l’un d’entre eux.

Pour le peu qu’il lui parle, Simon Abkarian, excellent lui aussi, a la réplique immédiate, et le regard qui va avec : appuyé, entendu, bien souvent ambigu. Des zones d’ombres de part et d’autre de la salle maintiennent le spectateur dans l’expectative. Sans réelle implication, il lui faut maintenant choisir son camp. C’est un peu le dilemme de cette grandiloquente et merveilleuse plaidoirie cinématographique : Viviane ou Elisha, au bout du compte, on les aime tous les deux.

LES SUPPLEMENTS

« L’absurdité de la situation nous entraîne vers le comique, alors on ne peut qu’en rire… »

Le procès de Viviane

  • Making of (40 mn) .Un véritable making of qui nous montre  le quotidien des acteurs bavardant dans un couloir, répétant un peu leur rôle (Abkarian le fait aussi pendant qu’on le coiffe) et racontant comment il a fallu quitter l’hôtel sans faire de bruit.Un documentaire en fait sur ce film imaginé « comme un document, c’est le procès-verbal du jugement » raconte Shlomi Elkabetz  « qui après voir visité un tribunal rabbinique, austère » , demande à ce que le studio le soit aussi .

« “Les sept jours” (*) a été primé pour sa prise de vue, tu ne veux pas de prix  ?» lui rétorque le technicien.

Le réalisateur rappel les faits qui ont conduit à la trilogie, puis on assiste au quotidien d’un tournage : la cantine, les répétitions, les scènes,  tout y est, et  le point de vue technique du réalisateur, avec les commentaires des comédiens.

« L’exigence est si grande, sur chaque geste, chaque mouvement, je n’ai jamais vu ça. Habituellement nous avons des indications minimales» relève Sasson Gabai. Les extraits du film mettent bien en évidence le travail des coulisses ou les commentaires de l’équipe.

  • Rencontre avec le réalisateur (13 mn). Il s’explique sur la trilogie autour de la liberté d’une femme. « Le personnage de Vivianne s’inspire de celui de notre mère, bien qu’elle n’ait pas connu tout ce dédale judiciaire. (…) Ce film est une métaphore marquée de la société israélienne qui est très nationaliste et se définit par la religion, plutôt que par une autre forme d’identité. En Israël on n’est pas égaux devant la quête de liberté. En apparence, c’est une démocratie … »

Le procès de Viviane

Il revient aussi longuement sur la loi sur le divorce, elle a 4.000 ans, « mais permet de conserver le nationalisme, contrairement à un mariage civil qui laisse entière liberté de divorcer ».

(*) Second film de cette trilogie sur le destin d’une femme qui veut quitter son mari. Le premier opus : «  Prendre femme ».

La procédure de divorce à l’israélienne peut nous surprendre. Ce n’est pourtant pas le plus étonnant d’un récit qui renouvelle  à la fois le film judiciaire et le genre qu’il implique. Dans une petite salle d’un tribunal, une épouse tente d’obtenir de son conjoint le divorce. En cas de refus de ce dernier, le juge ne peut que renvoyer le plaignant et le défenseur, dos à dos. Ainsi va la loi israélienne que Shlomi Elkabetz et Ronit Elkabetz (devant et derrière la caméra) chahutent joyeusement dans leur mise en scène au huis clos toujours renouvelé. Pendant près de deux heures, on…

Review Overview

Le film
Les bonus

C’est à la fois drôle et absurde, tragique et léger, une farce judiciaire à laquelle on assiste comme à un spectacle de marionnettes. Mais la réalité est bien présente dans cette diatribe raisonnée du réalisateur et de sa sœur réalisatrice qui mettent en scène le désarroi d’une femme israélienne confrontée à l’entêtement de son mari qui lui refuse le divorce. Les comédiens sont au fil des débats, épiques, drôles ou cassants, de plus en plus habités par leurs personnages auxquels on s’attache au point de ne plus distinguer au bout du compte le vrai du faux. Seule certitude, cette loi inique qui rend la femme totalement dépendante de son mari.

Avis bonus Un excellent making of et une rencontre instructive avec le réalisateur.

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