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« Le Gang des Antillais » de Jean-Claude Barny. Critique dvd

Synopsis: Dans les années 60-70, le BUMIDOM promettait de favoriser l'insertion en métropole des français des DOM-TOM. Jimmy Larivière, arrivé à Paris pour refaire sa vie, ne parvient pas à trouver sa place dans la société. Sa rencontre avec un groupe de trois jeunes antillais va l'entraîner dans une série de braquages retentissants.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Gang des Antillais"
De : Jean-Claude Flamand-Barny
Avec : Djedje Apali, Eriq Ebouaney, Adama Niane, Zoé Charron, Mathieu Kassovitz
Sortie le : 21 avril 2017
Distribution : Blaq Out
Durée : 90 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

« Les braquages, un mauvais raccourci, mais la rage est sortie comme ça ».

Meilleur dvd Avril 2017 ( 9 ème )

Ce que fut le Bumidom (*) de Michel Debré. En 1963 le député de la Réunion imagine un transfert des enfants d’Outre-Mer vers les départements sous-peuplés de l’hexagone. La Creuse est souvent citée en référence.

Plus généralement, cette politique a conduit de nombreux Afro-descendants à quitter leurs villes et leurs villages d’outre-mer pour la France.

C’est l’histoire vraie de Loïc Léry (Jimmy Larivière dans le film) qui débarque à Paris où personne ne l’attend. En quelques citations historiques et plans ad hoc, le réalisateur Jean-Claude Barny pose très rapidement les enjeux d’une situation où le climat politique et social plombe obligatoirement la libre expression de ces expatriés malgré eux.

Les amis d’enfance ne s’étaient pas revus jusqu’à l’arrivée de Jimmy ( Djedje Apali) sur le sol de l’hexagone…

L’histoire est réelle jusqu’à la fibre paternelle et sentimentale qui relaie le sentiment d’insécurité du héros véritablement fou de sa petite fille qui l’a suivi dans son périple. Une femme du pays les retrouve ( Zita Hanrot) et la petite famille pourrait très bien s’accorder un avenir tranquille quand Jimmy n’arrive pas à trouver le bon job.

Le racisme latent, et quasi naturel renforce la tension que le jeune homme contient jusqu’au point de non-retour : l’ennemi à ses yeux c’est bien le blanc « et la France qui nous a fait croire qu’il y avait de la place pour nous ». Les braquages de la vengeance et du ressentiment se succèdent mais Barny n’en fait pas un catalogue, rien qu’une illustration de l’histoire de toute une communauté à qui on a fait miroiter des merveilles.

Des individus obligatoirement en porte à faux ( Adama Niane disjoncte en continu…) au cœur même de leurs petites magouilles :  il ne sont pas nés braqueurs, ils improvisent, ils sont maladroits. Une femme a reconnu Jimmy dans une banque , elle a vécu elle aussi là-bas, ils étaient gamins. La bande prend peur, la femme est désormais en danger. Romane Bohringer, inattendue mais à sa place. 

Le réalisateur, un brin didactique, joue assez bien entre le mélo et le thriller, le documentaire et l’Histoire qui ramènera Jimmy au pays pour confier sa petite fille à sa mère. De plus en plus pressés d’en découdre, les indépendantistes le placent devant ses responsabilités. Mais la violence pour la violence le dépasse et c’est un peu malgré lui qu’il rendra les armes.

Bilan sans éclat, de part et d’autre :« La France je l’ai braquée, je l’ai baisée et elle me le rend bien » écrit-il depuis sa prison où un éducateur va réussir à le remettre sur les rails. Patrick Chamoiseau, le futur prix Goncourt (« Texaco » 1992) lui apprend la syntaxe et le poids des mots. « Le gang des Antillais » sort de prison en même temps que son auteur. Loïc Léry est maintenant aide-soignant aux Antilles.

(*) Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer

LES SUPPLEMENTS

  • Making of (57 mn). Toute l’histoire de la fabrication du film, toutes les étapes, du financement difficile à la post-production, les membres de l’équipe se relaient avec ici et là quelques scènes de tournage assez brèves quand même. J’ai eu l’impression de voir aussi des scènes qui n’apparaissent pas dans le montage final.

On parle bien évidemment de la rencontre avec Patrick Chamoiseau aujourd’hui écrivain, et à l’époque éducateur dans les prisons. Il joue ce rôle pour le film.

A gauche, Loïc Léry l’auteur du roman , ex membre du gang en compagnie de Adam NiameEriq Ebouaney, Zita Hanrot et Vincent Vermignon

 « Les contraintes financières m’ont mises dans une sorte de frénésie créative » assure le réalisateur qui n’a eu que 28 jours pour boucler le tournage. Il entrevoit alors « l’espoir que suscite ce genre de film pour la communauté et les artistes à venir ».

Mathieu Kassovitz qui joue un patron de bistrot témoigne « tout le monde a fait de gros efforts et se donnait pleinement ».

Le dernier chapitre est consacré à la musique, colonne vertébrale essentielle à la structure narrative du film.

 

« Les braquages, un mauvais raccourci, mais la rage est sortie comme ça ». Meilleur dvd Avril 2017 ( 9 ème ) Ce que fut le Bumidom (*) de Michel Debré. En 1963 le député de la Réunion imagine un transfert des enfants d’Outre-Mer vers les départements sous-peuplés de l’hexagone. La Creuse est souvent citée en référence. Plus généralement, cette politique a conduit de nombreux Afro-descendants à quitter leurs villes et leurs villages d’outre-mer pour la France. C’est l’histoire vraie de Loïc Léry (Jimmy Larivière dans le film) qui débarque à Paris où personne ne l’attend. En quelques citations historiques et plans…
Le film
Les bonus

C’est en prison que Loïc Léry a écrit son histoire d’expatrié malgré lui des Antilles pour la métropole française. Il est venu dans l’hexagone comme beaucoup de ses congénères sur la bonne foi de la politique des années 60-70 qui faisait miroiter à la population d’outre-mer un paradis en métropole. Une fois sur place, et ne trouvant pas chaussure à son pied le jeune homme participera à plusieurs braquages autant pour l’argent que pour la vengeance d’une promesse non tenue. Jean-Claude Barny pose ainsi les enjeux d’une situation où le climat politique et social plombe obligatoirement la libre expression de ces hommes et femmes ballottés dans l’inconnu. Un brin didactique, il joue assez bien entre le mélo et le thriller, le documentaire et l’Histoire de tout un peuple déplacé et que la France tarde encore à mettre au grand jour.

Avis bonus Un making of qui est en réalité toute l'histoire du film,

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