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« I am not a witch » de Rungano Nyoni. Critique dvd

Synopsis: Shula, 9 ans, est accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières. Entourée de femmes bienveillantes, condamnées comme elle par la superstition des hommes, la fillette se croit frappée d’un sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre... Mais la petite Shula préfèrera-t-elle vivre prisonnière comme une sorcière ou libre comme une chèvre ?

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "I Am Not a Witch"
De : Rungano Nyoni
Avec : Margaret Mulubwa, Henry B.J. Phiri, Nancy Mulilo, Margaret Sipaneia, Travers Merrill
Sortie le : 03 juillet 2018
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 89 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
le film
Le bonus

Un choc culturel, c’est une évidence, face à cette tradition africaine qui soumet la femme à un état de dépendance totale vis-à-vis de son maître, de son patron ou bien souvent du gouvernement.

Il suffit d’une accusation ( elles sont ici vraiment fantaisistes ) pour se retrouver du jour au lendemain sorcière, reléguée dans des camps avec des attributions particulières. Pour la plupart ce sont des femmes âgées.

Mais cette fois une enfant comparait devant la justice des hommes. Sans vraiment se défendre, Shula (Margaret Mulubwa) accepte de devenir une sorcière. C’était ça ou devenir … chèvre. La cérémonie initiatique prête autant à rire et l’attitude de son instructeur est toute pareillement bouffonne.

L’homme représente le pouvoir (Henry B.J.Phiri), l’autorité incarnée, imbue de sa personne et de sa réussite. Un gros personnage qui va peser de tout son poids et de toute sa stupidité sur le sort de la jeune fille. Rungano Nyoni nous le présente à travers les actions de son gouvernement pour cette communauté, mais aussi en potentat absolu, corrompu et dictatorial.

C’est pourquoi il va s’attacher ses services (« ma petite sorcière »), encouragée par sa femme auprès de qui Shula trouve un étonnant réconfort. Un peu de lumière dans sa vie marquée comme toutes les autres femmes par ce ruban dans le dos, pour ne pas s’envoler, dit-on. La réalité est bien évidemment plus prosaïque et la vision d’ensemble assez énigmatique.

Chaque ruban est relié à d’immenses bobines portées par des camions. Le plus souvent, c’est pour aller travailler aux champs. Shula, évite la corvée, car on attend  beaucoup d’elle : qu’elle fasse tomber la pluie ! Elle s’y emploie avec d’autant plus de mérite que la réalisatrice l’accompagne à la manière de l’ethnologue en quête de son documentaire.

Rungano Nyoni n’échappe pas à l’exercice, totalement immergée dans son sujet où l’on se perd un peu, entre culture et traditions choc ancrées dans une réalité économique et sociale qui sait se jouer des superstitions. L’Afrique, toujours cette belle imprévue !

LE SUPPLEMENT

  • Un entretien avec la réalisatrice ( 23 mn ). C’est un film tourné en Zambie mais la réalisatrice insiste sur le fait qu’il regroupe différentes croyances de différents pays d’Afrique. Elle explique que si les camps de sorcières peuvent paraître étranges, « ils prennent sens en tant qu’abris qui leur sauvent la vie (…) mais le chef attend en retour un travail ».

Elle reconnait aussi que «  l’oppression des femmes, la misogynie prend forme à travers une accusation de sorcellerie. (…) Mais j’ai voulu garder l’esprit du conte de fée, je ne voulais pas d’identification réelle, des plans très simples comme dans les dessins que l’on pourrait trouver dans un livre de conte de fée ».

« L’histoire est cruelle mais le sens de l’humour pour moi , c’est très zambien . Auprès des africains je n’ai pas eu à m’expliquer, mais je sais que pour les européens ça parait cruel , nous rions de choses cruelles, mais c’est une manière de s’en échapper. (… ) j’ai voulu enlever des parties d’humour noir, mais on m’a conseillé de les laisser et de ne pas m’excuser pour ça ».

Un choc culturel, c’est une évidence, face à cette tradition africaine qui soumet la femme à un état de dépendance totale vis-à-vis de son maître, de son patron ou bien souvent du gouvernement. Il suffit d’une accusation ( elles sont ici vraiment fantaisistes ) pour se retrouver du jour au lendemain sorcière, reléguée dans des camps avec des attributions particulières. Pour la plupart ce sont des femmes âgées. Mais cette fois une enfant comparait devant la justice des hommes. Sans vraiment se défendre, Shula (Margaret Mulubwa) accepte de devenir une sorcière. C’était ça ou devenir … chèvre. La cérémonie initiatique prête…
le film
Le bonus

Faut-il en rire ou en pleurer ? Respecter une culture qui nous échappe complètement ? Car sous couvert de traditions ancestrales, et par essence respectables, c’est la femme qui devient l’esclave de l’homme sous les apparences d’une sorcière désignée par la vindicte populaire. L’avantage du film de Rungano Nyoni est de nous dévoiler cette pratique de manière très explicite, un peu parfois à la manière d’un documentaire ce qui rend le propos plus accessible, bien que dès fois complètement irrationnel à l’oreille d’un occidental peu au fait des pratiques et coutumes étrangères. La satire pointe sous le vernis d’un humour plus ou moins noir, mais la réalisatrice semble elle aussi avoir du mal à se détacher de cet état de fait . Son mérite est de nous en parler sans détour. Elle dit que c’est une fable, pour ne pas appuyer peut-être là où ça pourrait faire mal. Un peu d’ambiguïté dans une mise en scène bien sage. AVIS BONUS Un éclairage bien utile de la part de la réalisatrice

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