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« Francofonia, Le Louvre sous l’occupation » de Alexander Sokurov. Critique dvd

Synopsis: Paris, ville occupée. Et si, dans le flot des bombardements, la guerre emportait La Vénus de Milo, La Joconde, Le Radeau de La Méduse ? Que deviendrait Paris sans son Louvre ? Deux hommes que tout semble opposer – Jacques Jaujard, directeur du Louvre, et le Comte Franz Wolff-Metternich, nommé à la tête de la commission allemande pour la protection des œuvres d’art en France – s’allient pour préserver les trésors du Musée.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Francofonia - le louvre sous l\'occupation"
De : Alexandre Sokourov
Avec : Louis-Do de Lencquesaing, Benjamin Utzerath, Vincent Nemeth, Johanna Korthals Altes, Andrey Chelpanov
Sortie le : 07 juin 2016
Distribution : Blaq Out
Durée : 88 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
Le film
Les bonus

« Un musée doit être préparé à la guerre » dit le réalisateur.

C’est une façon de (re) visiter le Louvre. De se l’approprier à la manière de Sokourov qui nous dévoile l’histoire du Musée à travers ses œuvres majeures. Un propos d’autant plus ambitieux que le réalisateur russe joue à la fois sur les archives d’une époque, sa reconstitution affirmée et une fiction beaucoup plus sujette à caution .

Dans un montage parfois halluciné, il nous livre ses réflexions sur l’art du portrait (« qu’aurait été la culture européenne sans ? … »). Et plus généralement sur la nécessité de protéger les Musées et leurs pensionnaires.  « Qui serions-nous sans les musées ? Qui voudrait d’une France sans Le Louvre ?  Il nous semble que les musées se moquent de ce qui les entoure tant qu’ils n’en sont pas dérangés ».

A l’origine de cette visite culturelle, le cinéaste s’appuie sur l’occupation des allemands dans la capitale dès 1940. On craint les bombardements et la destruction de chef-d’œuvre. Sokourov projette des vidéos que je pensais le plus souvent inédites. Les reportages sur cette période ne manquent pas, mais jamais je n’ai vu de telles images du quotidien. Et pour cause il révèle dans les suppléments qu’il s’agit «  d’un cinéma de fiction » .Des parisiens fraternisant avec l’ennemi dans les cocktails, aux terrasses des cafés… le procédé prête à confusion surtout que dans la foulée le constat dressé par le commentateur est sans ambages pour les responsables et politiciens français. Pétain s’en prend plein les galons …

francofonia

« Les français soucieux de se préserver d’un lointain bolchevisme russe n’ont pas vu à leur porte le nazisme». On croit s’éloigner du propos initial mais par quelques rabibochages parfois limites, le réalisateur nous replace devant les antiquités du lieu et autres faits d’armes du moment. Bonaparte redécouvrant son sacre sous les traits de Vincent Nemeth.

De la poussière embue le cadre et ses convives. Une faible lumière est tolérée dans cet antre de la culture française que deux hommes, ennemis pour l’Histoire, auront réussi à préserver. Jacques Jaujard, le directeur des lieux ( Louis-Do de Lencquesaing ) et le Comte Franz Wolff-Metternich (Benjamin Utzerath) responsable allemand de la politique culturelle du III ème Reich en France. A l’été 1944 son supérieur militaire le général Von Choltitz s’apprête à faire sauter Paris. Volker Schlöndorff en a fait un excellent film « Diplomatie » .La poursuite de quelques élans fraternels au milieu des éclats des bombes…

LES SUPPLEMENTS

  • Les visiteurs du Louvre (50 mn). « On perd l’esprit de la prise, on perd du temps, on perd le soleil, je me fous du son dans cette prise, on remettra le micro dans le plan d’ensemble ».C’est un  making of très intéressant dans lequel on voit véritablement le réalisateur au travail, (très nombreuses scènes de tournage) dans les repérages et poursuivant ses commentaires sur la culture, l’art, la nécessité des Musées…

« Le matériel documentaire est avant tout un regard artistique… » commence-t-il pour développer le projet qu’il a mené, et par la même expliquer un peu plus sa façon de réaliser puis monter le film.

Deux hommes , ennemis sur le terrain réussiront à sauver les œuvres majeures
Deux hommes , ennemis sur le terrain réussiront à sauver les œuvres majeures
  • Entretien avec Bruno Delbonnel (35 mn). Le directeur de la photo évoque sa rencontre avec Alexander Sokourov, et la manière de travailler avec tel ou tel réalisateur. On lui doit la photo de « Inside Llewyn Davis », «  Big Eyes »…

Il est aussi beaucoup question de « Faust » de ce même Sakourov… Plus sur le fond des choses que sur la forme, ça n’a rien de technique et c’est passionnant à écouter.

  • Rencontre avec Christina Kott, historienne (14.55 mn). « C’est le côté positif que nous montre ce film, il ne faut pas oublier que de nombreuses collections privés ou juives ont été spoliées. Et Vichy a aussi collaboré à cette politique, Pétain a négocié pour  préempter des œuvres  ».

La question de savoir s’il faut protéger l’œuvre d’art au détriment de la vie humaine fut posée lors des deux premières guerres mondiales, rappelle aussi l’historienne. « Certains châteaux avaient sur leurs toits des signes distinctifs pour les épargner, car ils contenaient des œuvres d’art évacuées des grands musées français ». Elle remarque que les menaces terroristes d’aujourd’hui replacent le problème de la protection du patrimoine dans des conditions quasiment identiques à la situation de la seconde guerre.

  • Le Louvre, documentaire 1971 ORTF. (26 mn). La télévision française ne s’intéresse à l’époque qu’à l’Histoire. De la révolution au second Empire, elle note le style pompeux Napoléon 3 de l’ensemble du bâtiment, d’un très mauvais goût selon le ton du commentateur.

 

"Un musée doit être préparé à la guerre" dit le réalisateur. C’est une façon de (re) visiter le Louvre. De se l’approprier à la manière de Sokourov qui nous dévoile l’histoire du Musée à travers ses œuvres majeures. Un propos d’autant plus ambitieux que le réalisateur russe joue à la fois sur les archives d’une époque, sa reconstitution affirmée et une fiction beaucoup plus sujette à caution . Dans un montage parfois halluciné, il nous livre ses réflexions sur l’art du portrait (« qu’aurait été la culture européenne sans ? … »). Et plus généralement sur la nécessité de protéger les Musées et leurs…
Le film
Les bonus

C’est une visite du Louvre assez étonnante, pour ne pas dire bizarre, et assez fourre-tout  que le réalisateur russe se propose d’opérer en revisitant l’histoire du Musée à travers celle d’un pays qui «  soucieux de se préserver d’un lointain bolchevisme n’a pas vu à sa porte le nazisme ». L’occupation de la capitale française est le point d’ancrage de la réflexion du cinéaste qui a déniché des images totalement inédites sur les à-côtés de la seconde guerre mondiale, le quotidien (parfois très festif) des parisiens… Un volet qui m’a beaucoup passionné, mais qui laisse perplexe quand on apprend que toutes ces images de Paris sous l’occupation ont été tournées par le réalisateur. Elles prêtent alors à confusion, contrairement à cette façon de découvrir le Louvre en y mêlant des archives et la reconstitution des images de l’époque.

Avis bonus Un making of remarquable, à la limite aussi intéressant que le film…Et on peut le voir sans voir le film …

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