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« Fitzcarraldo » de Werner Herzog. Critique Blu-ray

Synopsis: Brian Fitzgerald, dit Fitzcarraldo est un passionné d'opéra. Il a le projet fou d'en construire un au milieu de la jungle amazonienne et organise le voyage, achète un bateau et recrute un équipage. Mais une fois sur le lieu de construction, l'équipage qui s'aperçoit que le territoire est occupé par des indigènes quitte l'expédition et Fitzcarraldo se retrouve avec 3 hommes pour monter son projet...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Fitzcarraldo [Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre]"
De : Werner Herzog
Avec : Klaus Kinski, Claudia Cardinale, José Lewgoy, Miguel Angel Fuentes, Paul Hittscher
Sortie le : 09 octobre 2015
Distribution : Potemkine Films
Durée : 150 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
Le film
Le bonus

Meilleur dvd Octobre 2015 ( 2 ème )

Le cinéma de la démesure. J’en reviens toujours à Fellini qui nous faisait rêver, mais j’oubliais ce Herzog impétueux, ce «  Fitzcarraldo » flamboyant, devant et derrière l’écran. On a tant dit sur les conditions incroyables du tournage que je crois qu’une légende s’est forgée bien au-delà de la vérité. L’excellent documentaire servi en bonus me contredit.

Ce qui demeure certain, c’est ce film à nul autre pareil. Il s’inspire d’une histoire vraie pour conter la folie ordinaire d’un homme ravagé par l’Opéra. 2000 km sur l’Amazone pour voir et entendre Caruso, avant de l’imaginer à ses pieds dans son propre établissement, au cœur de la jungle bolivienne.

Il faut le construire cet édifice et c’est l’aventure périlleuse qui commence sur terre et surtout sur fleuve et rivières, dans la grandiloquence d’un périple que le réalisateur allemand filme avec une majesté incongrue. Une grâce qui n’appartient qu’à l’inaccessible rêve de ce personnage aux ambitions démesurées.

Comme il est impossible de franchir les rapides de Pongo, c’est par la montagne que son équipage et le bateau, rafistolé à la dernière minute, passeront pour atteindre l’autre rivière menant sur le chantier. Le regard est allumé, la chevelure en crinière blonde et les pommettes saillantes, par tant d’énergie et d’efforts consumés. Klaus Kinski, le très grand.

fitzcarraldo

L’équipage justement : un capitaine qui ne navigue plus depuis des lustres (Paul Hittscher ), un cuisinier ivrogne, un mécanicien l’air méchant. Mais notre héros doit composer avec, après avoir essuyé les moqueries de ses condisciples.

Il  en veut aux richards (José Lewgoy ), aux nababs, qui jettent l’argent par les fenêtres alors qu’il peine à réunir quelques fonds pour quelques broutilles. Ruiné une première fois pour un train qu’il imaginait circuler au milieu de la jungle, Fitzcarraldo a repris son bâton de pèlerin, aidé par la belle Molly, (Claudia Cardinale), une  tenancière d’un bordel. Si les clients le gênent, pas les filles,l’argent que lui confie son amie n’a pas d’odeur.

Fitzcarraldo

Comme cette déforestation sauvage qui relève d’un  colonialisme faussement civilisateur, exploitant sans vergogne la forêt et son caoutchouc. Fitzcarraldo n’en a cure, s’étonnant quand même un peu de la bonne volonté des Indiens de la contrée dont la réputation n’est pas des plus tendre. Une main d’œuvre bon marché et très volontaire.

La révélation d’une telle complicité donne au final le grandiose des scènes d’opéra ( le film n’est-il pas construit selon la structure d’une œuvre lyrique ? ) , sa grandiloquence, et son drame que le héros saura transformer en victoire.

Un excentrique, un visionnaire génialement interprété par Klaus Kinski dans une verve immodérée, aux côtés de Claudia Cardinale , tout aussi fantaisiste que son compagnon de bordée, la sagesse en plus. Il en faudra beaucoup pour contenir sa fougue . La canaliser semblait impossible. Et d’ailleurs Herzog n’y tenait pas vraiment.

LE DOCUMENTAIRE

  • « Burden of dreams » de Les Blank. « J’avais en tête l’idée d’écrire sur un baron qui avait effectivement fait passer un bateau d’une rivière à l’autre, en le démontant , c’est cette histoire qui m’intéressait, pas celle du baron en tant que tel , je voulais une histoire sur un grand opéra dans la jungle ».

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Werner Herzog dans cet excellent documentaire n’est jamais avare de propos et commentaires sur son film qui lui vaudra pourtant bien des déboires avant de voir le jour sur un écran.

Le choix géographique ? Trouver deux rivières proches séparées par une montagne, mais la situation militaire du secteur retenu est très délicate et entre les populations autochtones c’est aussi très tendu. Pourtant l’équipe s’y pose, mais très vite les rumeurs les plus folles courent. Devant la menace (le camp sera encerclé par des indiens en arme), la production s’en va et trouve un nouveau lieu de tournage à 2.300 km plus au nord, Iquitos.

Le tournage débute avec Jason Robards dans le rôle de Fitzcarraldo. Au bout de cinq semaines, l’acteur est atteint de dysenterie et ne reviendra plus. A ses côtés Mick Jagger qui jouait son assistant renonce à poursuivre l’aventure en raison d’une tournée prévue bien avant. 40% des images étaient dans la boîte, il fallait repartir à zéro. Le personnage de Jagger sera abandonné, «  il est irremplaçable » assure le réalisateur.

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On assiste ensuite à plusieurs journées de tournage, souvent commentées par Werner Herzog qui explique ainsi calmement pourquoi trois bateaux identiques sont nécessaires pour réussir les différentes prises. Après quoi le tournage se poursuit à 2.400 km plus au sud : une journée en avion, 15 par la rivière…

Je pourrais continuer à raconter cet extraordinaire documentaire, magnifique témoignage de ce que fut l’aventure d’un film effectivement hors du commun. Un reportage de grande qualité. Un making of avant la lettre. Laissez-vous porter par le courant amazonien.

Meilleur dvd Octobre 2015 ( 2 ème ) Le cinéma de la démesure. J’en reviens toujours à Fellini qui nous faisait rêver, mais j’oubliais ce Herzog impétueux, ce «  Fitzcarraldo » flamboyant, devant et derrière l’écran. On a tant dit sur les conditions incroyables du tournage que je crois qu’une légende s’est forgée bien au-delà de la vérité. L'excellent documentaire servi en bonus me contredit. Ce qui demeure certain, c’est ce film à nul autre pareil. Il s’inspire d’une histoire vraie pour conter la folie ordinaire d’un homme ravagé par l’Opéra. 2000 km sur l’Amazone pour voir et entendre Caruso, avant…
Le film
Le bonus

Werner Herzog a écrit l’une des plus grandes pages du cinéma mondial. 33 ans plus tard elle n’est nullement écornée par la démesure et la flamboyance d’une mise en scène totalement en accord avec l’histoire inspirée d’un fait réel. Ou la folie ordinaire d’un homme ravagé par l’Opéra qui imagine en construire un au cœur de la jungle amazonienne . Comme il est impossible de franchir les rapides de Pongo, c’est par la montagne que son équipage et le bateau, rafistolé à la dernière minute, passeront pour atteindre l’autre rivière menant sur le chantier. Il lui faudra alors braver «  la forêt vierge, pleine d’illusions , de mensonges et de démons ». Le peuple qui y vit , inquiétant , imprévisible n’est pas le moindre des dangers. Herzog ne s’épargne pas un instant  dans une grandiose mise en scène en compagnie d’une palette d’acteurs tout aussi imposants, Klaus Kinski en tête. Il  est génial !

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