Accueil » A la une » « Candelaria » de Johnny Hendrix Hinestroza. Critique dvd

« Candelaria » de Johnny Hendrix Hinestroza. Critique dvd

Synopsis: La Havane, 1995. Au plus fort de l’embargo américain, les Cubains traversent une crise économique sans précédent. Parmi eux, Candelaria et Victor Hugo, 150 ans à eux deux, vivent de bric et de broc jusqu’au jour où Candelaria rentre à la maison avec une petite trouvaille qui pourrait bien raviver la passion de leur jeunesse…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Candelaria"
De : Johnny Hendrix Hinestroza
Avec : Alden Knight, Veronica Lynn, Manuel Viveros
Sortie le : 04 septem 2018
Distribution : Blaq Out
Durée : 89 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
le film
Les bonus

Meilleur dvd Septembre 2018 ( 7 ème )

Les vieux, que Brel a si joliment chantés. Les voici au bout de leur nuit, acculés sur une île qui les retient, par la volonté d’une dictature, trop épuisés pour lui résister. Candelaria, une ancienne vedette du music-hall poursuit la chansonnette dans des bars de misère ( du nom de la star latino-américaine d’Hollywood ? ), quand son mari l’attend, maugréant, fatigant. Il s’appelle Victor Hugo, mais ça ne va pas plus loin, sa vie est loin d’être un roman.

Sauf le jour où son épouse ramène de son travail à l’hôtel, une caméra tombée par inadvertance dans le sac à linge sale. Un bel objet pour la revente avec tous les dangers inhérents à ce genre de trafic. Une dénonciation et les ennuis commencent …

Il n’y a pas eu vol, mais le délit est constitué aux yeux du couple qui le tient alors secrètement dans la maisonnée. L’appareil tourne un peu au hasard et puis de plus en plus volontairement pour le plaisir de se retrouver devant l’objectif comme au temps de leurs premières amours.

Victor qui pensait « mourir de nostalgie, ou mourir de faim » retrouve goût à la vie et aux plaisirs de la chair. Une intimité bien conservée par la caméra que l’homme se fera pourtant voler, un jour de distraction. Là où il sait la retrouver, chez un receleur de première à qui il confie d’ailleurs ses propres rapines, l’objet est déjà culte.

La vision des scènes jugées pornos excite le tiroir-caisse du margoulin qui en demande encore plus et paie le double puis le triple à Candelaria subjuguée par cette petite richesse venue de nulle part. Un processus enclenché presque naturellement dans le décor miteux de Cuba .Le réalisateur le pose en contrepoint à ces amours centenaires que l’objectif filme dans les plis et les rides d’une vieillesse alors oubliée, d’une peau fanée…

Johnny Hendrix Hinestroza laisse aussi son regard en arrêt sur un vélo rouillé devant les murs lézardés d’une ancienne maison bourgeoise. Il n’en dira pas beaucoup plus sur la décrépitude ambiante d’un univers qui s’éteint. Victor Hugo le sait pertinemment lui qui en fait désormais partie auprès de « sa » Candelaria, et de leur intimité, qu’ils ne veulent plus partager avec le monde entier.

Un couple de comédiens tout aussi parfait, Veronica Lynn et Alden Knight (Jesús Terry décédera quelques semaines avant le tournage) auquel le cinéaste colombien ouvre grand les espaces d’une liberté insoupçonnée. Une telle opportunité sur une île qui vous retient prisonnier, ça s’appelle le bonheur.

LES SUPPLEMENTS

  • « Cuando llegan los muchachos » (2010), court-métrage. Alors que la radio diffuse toujours les mêmes messages sur la valeur de l’armée et ses victoires sur les Farc, un paisible pêcheur colombien vit son quotidien, normalement. Jusqu’au jour où il s’enfonce dans la forêt…

Belle histoire, triste et probablement assez proche d’une vérité que le réalisateur distille dans un cadre tout aussi apprêté.

Le receleur ( Philipp Hochmair) avec Victor Hugo sous l’œil du réalisateur
  • Entretien avec le réalisateur. Ce film s’inspire d’une histoire vraie, doublée de la vieillesse de son père qui l’a beaucoup marqué. « J’ai voulu donner à voir la peau telle qu’elle est, percevoir la nudité telle qu’elle est. (.. ) Dans la pauvreté, l’amour est véritable ».

Il rappelle aussi la douleur d’avoir perdu Jesús Terry à quelques jours du tournage. « Alors j’ai mis davantage de nostalgie dans mon film, liée à cette douleur, on était devenu très proches, on était liés par un profond amour fraternel ».

Il est aussi bien évidemment questions des scènes amoureuses, se mettre à nue « Veronica Lynn ne l’avait jamais fait, mais elle m’a dit essayons voir… ».

  • Cuba si, Cuba no … : 

« Retour à Ithaque » de Laurent Cantet

« Adieu Cuba » d’Andy Garcia

« Havana Moon Live in Cuba » de Paul Dugdale
« Una noche » de Lucy Mulloy
« Chico & Rita » de Fernando Trueba
« Fraise et chocolat » de Tomás Gutiérrez Alea
« Avant la nuit » de Julian Schnabel
Meilleur dvd Septembre 2018 ( 7 ème ) Les vieux, que Brel a si joliment chantés. Les voici au bout de leur nuit, acculés sur une île qui les retient, par la volonté d’une dictature, trop épuisés pour lui résister. Candelaria, une ancienne vedette du music-hall poursuit la chansonnette dans des bars de misère ( du nom de la star latino-américaine d'Hollywood ? ), quand son mari l’attend, maugréant, fatigant. Il s’appelle Victor Hugo, mais ça ne va pas plus loin, sa vie est loin d’être un roman. Sauf le jour où son épouse ramène de son travail à l’hôtel, une…
le film
Les bonus

Sans en faire des tonnes le cinéaste nous parle de la difficulté de vivre sur une île qui vous retient prisonnier quand la vieillesse se charge d’en alourdir les difficultés. Alors Victor Hugo vit de petites magouilles et s’extasie encore de la beauté fanée de sa femme qui chante dans des bars miteux et fait le ménage dans un hôtel. Le tout sous le contrôle rigoureux d’un pouvoir qu’il craigne peureusement quand l’apparition d’une caméra (même pas volée) va leur procurer une évasion inattendue. Mais comme toute entorse à la réglementation, le vieux couple va devoir composer avec quelques secrets et des margoulins peu scrupuleux.  Un processus enclanché presque naturellement dans le décor miteux de Cuba que le réalisateur pose en contrepoint aux amours centenaires qui lui tiennent lieu de référence dans un film dont la simplicité et la sobriété deviennent des valeurs indispensables. AVIS BONUS

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Harry Plotnick, seul contre tous » de Michael Roemer. Critique dvd ( coffret)

On referme le coffret Michael Roemer sur une fantaisie bien particulière

Laisser un commentaire