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« Béliers » de Grímur Hákonarson . Critique cinéma-dvd

Synopsis: Dans une vallée isolée d’Islande, deux frères ne se parlent plus depuis quarante ans. Chacun vaque à son élevage de moutons jusqu'au jour où une épidémie risque de faire mourir la vallée...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Béliers"
De : Grímur Hákonarson
Avec : Sigurður Sigurjónsson, Theodór Júlíusson, Charlotte Bøving, Gunnar Jónsson, Jon Benonysson
Sortie le : 19 juillet 2016
Distribution : ARP Sélection
Durée : 89 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le court-métrage

Prix  Un Certain Regard au Festival de Cannes 2015.

Des monts à perte de vue. Le vent rase la campagne où paissent des moutons. Paisibles, ils peuplent le paysage d’Islande qui depuis des siècles leur consacre toute son attention. Comme un emblème. Une identité nationale. Le meilleur éleveur de l’année n’est donc pas peu fier de brandir son trophée, au nez de tous ses collègues et néanmoins concurrents.

Voire ennemis, comme Gummi et Kiddi,  des frères qui depuis 40 ans ne s’adressent plus la parole. Une querelle héréditaire semble-t-il, on ne sait plus très bien. Les coups de poings, les coups de gueule, ont fait le reste. Et puis ce triomphe de Kiddi, d’un petit point devant le frangin, furax, toute colère rentrée.  La guerre plus que jamais rallumée. Surtout que Gummi soupçonne quelques anomalies dans le comportement du cheptel triomphant.

En attendant les résultats des analyses, le conflit s’envenime. Des coups de feu sont tirés la nuit. Gummi pas tranquille, rumine sa vengeance.

La nuit Kiddi rôde autour de la maison Le jour Kiddi reprend ses activités
La nuit Kiddi rôde autour de la maison
Le jour Gummi reprend ses activités
Le jour Gummi reprend ses activités

                                                                                                                                                                 Dans ce décor où quelques fermes éparses brisent la monotonie enchanteresse des lieux, Grímur Hákonarson a posé toute l’âme islandaise. Des visages burinés, mangés par des barbes en broussaille, le regard sec, les yeux perçants, tout petits sur ces larges épaules où le pull en gros coton, protège de toutes les tempêtes.

Ah le pull islandais que chaque éleveur arbore comme queue de pie ! Rien à avoir avec l’Irlandais ou l’Ecossais. L’âme qui rejoint l’esprit. Une concordance des temps, l’unique filiation entre  Gummi et Kiddi. Rien d’autre ne pourra les rassembler, si ce n’est maintenant cette terrible calamité qui s’abat sur le cheptel : la tremblante du mouton. (*) Elle tue leur raison d’être. Les fermiers alentours se résignent, Kiddi va les suivre, mais pas Gummi.

S’il laisse partir son troupeau pour l’abattoir (163 têtes, annonce-t-il un rien bravache) il résiste malgré tout, à sa façon. Secrètement, discrètement. Pas assez pour le frangin qui fouinant encore dans les parages en quête d’un mauvais coup découvre le pot aux roses. Ils vont se réconcilier, bien obligés, mais l’obstination qui les mène jusqu’à la folie pourra-t-elle desceller quarante ans de haine et de mépris ?

La manière dont Grímur Hákonarson inscrit le mot fin à cette tragi-comédie laisse le champ libre à toutes les interprétations. On les aimait tellement ces deux grands garnements (Sigurður Sigurjónsson, et Theodór Júlíusson, magnifiques) qu’il nous est maintenant difficile de les quitter, même si les retrouvailles augurent de jours meilleurs. Encore que ! Le vent se lève, la neige noie la vallée et il faut fuir. Les moutons n’attendent pas…

(*) Une atteinte irréversible du système nerveux

LE SUPPLEMENT

  •  « Wrestling », court métrage ( 13 mn ). C’est encore dans un milieu agricole, toujours perdu dans d’immenses plaines  et vallons enneigés que Grímur Hákonarson raconte l’histoire assez étrange de deux hommes. Cette fois ils ne sont pas frères, mais très amis et partenaires à la lutte islandaise traditionnelle, au rituel étrange. Ça commence comme une danse, lancinante, langoureuse. Les lutteurs, collés l’un à l’autre, se tiennent par la ceinture puis doivent chercher à se déséquilibrer.

La semaine chacun retrouve sa famille et ses occupations professionnelles. Mais le duo est au bord de la rupture. Denni abandonne la lutte, pour mieux s’occuper de sa mère, malade à la maison.  Et quand celle-ci décède, Denni qui jusque-là forait des tunnels, décide de partir vivre et travailler à la ville. Une véritable rupture pour Einar qui le jour du championnat national se retrouve seul.

Ils vont devoir se parler à nouveau, mais comment, et pourquoi ?

Mais les liens qui unissent les deux hommes vont pourtant  se resserrer pour la vie.

Grímur Hákonarson  donne une fois encore raison aux sentiments en les filmant de manière presque invisible. Il sait que le silence et les regards marquent le temps de manière indélébile. Sur sa pellicule, l’empreinte est sensible.

 

Prix  Un Certain Regard au Festival de Cannes 2015. Des monts à perte de vue. Le vent rase la campagne où paissent des moutons. Paisibles, ils peuplent le paysage d’Islande qui depuis des siècles leur consacre toute son attention. Comme un emblème. Une identité nationale. Le meilleur éleveur de l’année n’est donc pas peu fier de brandir son trophée, au nez de tous ses collègues et néanmoins concurrents. Voire ennemis, comme Gummi et Kiddi,  des frères qui depuis 40 ans ne s’adressent plus la parole. Une querelle héréditaire semble-t-il, on ne sait plus très bien. Les coups de poings, les…
Le film
Le court-métrage

Une haine viscérale désunit depuis 40 ans deux frères, éleveurs de moutons, dans des fermes voisines quelque part en Islande. Rien ne semble pouvoir mettre un terme à cette terrible querelle et surtout la victoire de l’un sur l’autre, au concours annuel du meilleur éleveur. Quand une terrible épidémie s’abat sur le cheptel, l’un va se résigner, l’autre se rebeller et les deux vont peut-être alors refaire la paire. Grímur Hákonarson qui connaît bien son troupeau nous le fait découvrir en amoureux fou de ces paysages solitaires, à perte de vue dans une tragi-comédie où l’humour islandais panse le drame et l’amertume qui en ressort. De très beaux portraits de gens de là-bas qui ne veulent pas voir la vallée s’endormir.

Avis bonus Un très beau court métrage qui confirme le talent de ce réalisateur dont on n’espère encore beaucoup.

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