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« M le Maudit » de Fritz Lang. Critique Blu-ray

Synopsis: Toute la presse ne parle que de ça : le maniaque tueur d’enfants, qui terrorise la ville depuis quelques temps, vient de faire une nouvelle victime. Chargé de l’enquête, le commissaire Lohmann multiplie les rafles dans les bas-fonds. Gênée par toute cette agitation la pègre décide de retrouver elle-même le criminel : elle charge les mendiants et les clochards de surveiller chaque coin de rue…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "M le Maudit [Version intégrale restaurée]"
De : Fritz Lang
Avec : Peter Lorre, Otto Wernicke, Gustav Gründgens
Sortie le : 29 avril 2015
Distribution : Films sans Frontières
Durée : 110 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film

«Cesse de ronfler, tu vas réveiller tes poux… »

L’assassin est connu. La révélation est un vieux classique du film policier, sauf que notre maudit remonte aux années trente. Le muet vire à peine au sonore, et Fritz Lang pose les bases d’un nouveau cinéma. Si la technique passée est encore de mise, elle sert maintenant un propos que le réalisateur consomme à petites doses.

Il y a des minutes parfois de silence, où les ombres heurtent le regard terrifié du coupable. Magnifique.

C’est Peter Lorre, remarquable, pris d’une pulsion soudaine au regard d’une petite fille dans la rue, qui ne se méfie pas. Alors il sifflote « Peer Gynt » et lui offre des bonbons. La ville est sens dessus-dessous. On craint pour sa progéniture, les malfrats ne peuvent plus cambrioler tranquillement : la police est partout, impuissante.

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Tout un climat pèse sur la ville, hantée par la rumeur, la diffamation, la délation. On dit que le cinéaste esquissait alors les fondements du nazisme balbutiant. J’y vois avant tout la peinture universelle d’une civilisation malmenée par ses mauvais instincts, ses penchants les plus immédiats, les plus sordides.

De 1930 à nos jours… Toute la vista du cinéaste repose sur cet état des lieux d’un pays ramené à la terre entière.

Elle n’en finit pas de tourner autour du mal qui ronge l’âme. De se fondre dans la foule qui réclame des sacrifices, et n’entend pas la sourde plainte d’un homme rongé par le mal. Bien sûr, il est coupable, dix fois, d’un des crimes les plus odieux qui soit. «  Vous n’avez pas eu d’enfant » vous ne pouvez pas comprendre dit une femme à l’avocat de la défense.

Sa plaidoirie est magnifique et résonne encore dans les prétoires de ce début de siècle. Sauf qu’ici le tribunal est clandestin, vingt mètres sous terre, présidé par un homme recherché par la police, pour trois meurtres.

A la vindicte populaire convoquée par cette association de malfrats, l’ivrogne de la défense oppose une description parfaite de la pulsion meurtrière, de l’obsession criminelle, de la schizophrénie. Les prémices d’une autre justice qui répond à une vague définition de ce qu’était alors la police scientifique.

Il est savoureux de voir comment les enquêteurs tentent de relever les marques d’un crayon rouge sur une table foncée. Il y a dans ce film une multitude de fameuses séquences du genre. L’évocation du portrait-robot que Lang illustre avec délicatesse en le dévisageant dans le miroir de l’intéressé, le rapport du préfet au ministre, l’interrogatoire fabuleux des clients d’un bordel, des portraits de voyous à tire larigot.

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Lang a la science innée de la mise en scène, liée à un montage qui confine au bonheur. Les solutions pour contrer le tueur vues alternativement du bureau de la police à l’appartement des malfrats fournissent à nouveau de merveilleux moments. On ne s’en lasse pas. Et sur la direction d’acteur, Fritz Lang révèle un Peter Lorre de belle envergure. Sa confession devant le pseudo-tribunal est un modèle. Le film aussi, et le temps aidant, il est devenu un  chef d’œuvre.

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«Cesse de ronfler, tu vas réveiller tes poux… » Meilleur DVD Août 2015 ( Hors-concours ) L’assassin est connu. La révélation est un vieux classique du film policier, sauf que notre maudit remonte aux années trente. Le muet vire à peine au sonore, et Fritz Lang pose les bases d’un nouveau cinéma. Si la technique passée est encore de mise, elle sert maintenant un propos que le réalisateur consomme à petites doses. Il y a des minutes parfois de silence, où les ombres heurtent le regard terrifié du coupable. Magnifique. C’est Peter Lorre, remarquable, pris d’une pulsion soudaine au regard d’une petite…

Review Overview

Le film

En 1930, en passant du muet au sonore, Fritz Lang réussit un film qui marque toujours l’histoire du cinéma. Une technique méticuleuse, une mise en scène qui compose avec le montage à venir. D'où ces nombreuses séquences merveilleuses, comme l’interrogatoire fabuleux des clients d’un bordel, le réquisitoire de l'ivrogne. La direction d’acteurs sans reproche permet à Peter Lorre d’endosser l’un de ses plus grands rôles, sur un scénario qui compte plus sur la psychologie des faits, que sur les faits eux-mêmes. Le coupable est connu d’entrée de jeu, la meute va s’acharner … Chef d'oeuvre ! S’il pressent à travers cette histoire de meurtriers d’enfants et de vindicte populaire la montée du nazisme, Fritz Lang réussit surtout une peinture universelle de l’humanité, qu’elle soit d’hier ou d’aujourd’hui. Il énonce aussi les principes judiciaires d’une autre vérité sur la maladie mentale, qui aujourd’hui tapissent encore les prétoires.

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