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« L’Opéra » de Jean-Stéphane Bron. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Une saison dans les coulisses de L’Opéra de Paris. Passant de la danse à la musique, tour à tour ironique, léger et cruel, l’Opéra met en scène des passions humaines, et raconte des tranches de vie, au cœur d’une des plus prestigieuses institutions lyriques du monde.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "L'Opéra"
De : Jean-Stéphane Bron
Avec :
Sortie le : 13 septemb 2017
Distribution :
Durée : 110 minutes
Film classé :
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le documentaire
Les suppléments

Pas d’interview, ni commentaire. La vie se faufile entre plateaux et pendrillons, répétitions et avant-premières dans le cadre prestigieux de Garnier et Bastille où s’agite tout un petit peuple prêt à reprendre les armes. Même si le propos est millimétré, comme surveillé, quelques tractations directoriales mesurent la conduite à tenir  face à un préavis de grève conséquent.

De même, la nature du départ de Benjamin Millepied est entendue de très loin par un téléphone sélectif et l’extrait d’une conférence de presse qui ne dit pas grand-chose. Le sujet de Jean-Stéphane Bron est bien ailleurs, dans cette pulsion quotidienne qui voit le jeune chanteur venu de sa Russie profonde, candidater pour une résidence. Mikhaïl Timochenko, baryton-basse est l’un des fils rouges du réalisateur, un personnage fabuleux par l’innocence qu’il porte en découvrant à l’image du spectateur ce monde terrible et merveilleux qui l’accueille à bras ouverts.

Pour le taureau, un casting sur internet a été nécessaire …

Ici tout le monde est beau, tout le monde est gentil, à l’image de son directeur Stéphane Lissner plus souvent dans les salles et les couloirs que dans son bureau. Là, avec l’équipe de direction , il discute du plan de communication, du prix des places (« à 150 € on envoie un message négatif de notre maison ») … Lissner, un homme toujours à l’écoute semble-t-il et magnanime avec « des chanteurs qui pendant un an ont sacrifié un peu de leur temps ».

Le portrait est d’autant plus flatteur qu’à l’origine le nouveau directeur de l’Opéra ne souhaitait pas, parait-il, autoriser le tournage d’un tel documentaire. Rendons-lui les honneurs en laissant passer le vent des seconds couteaux du chœur contestant la vision scénique de leur directeur. Ligne de voix en carré ou en diagonale, le choix est cornélien et amuse la galerie ébaubie par tant d’énergie déployée pour une « saucisse » plus ou moins bien prononcée.

Un ballet est ainsi en préparation au milieu d’une programmation copieuse et infinie. Jean-Stéphane Bron capte comme par magie l’évocation wagnérienne des Maîtres chanteurs de Nuremberg, puis la venue sur scène d’un taureau d’une tonne et demie pour « Moïse et Aaron » de Schönberg. Les « petits violons » issus d’une classe de CM2 en ZEP sont aussi de la fête qui n’en finit pas, même si dans la coulisse le souffle d’une danseuse-étoile peine à retrouver le tempo, avant de reprendre un pas chassé, tout sourire devant une salle comble. Il aura fallu alors que les petites mains, les couturiers, les maquilleuses se relaient jusqu’à la console où la régisseuse surveille attentivement le déroulé du spectacle.

Et comme tout se passe bien, elle chantonne maintenant joyeusement la partition du soliste recruté au pied levé pour remplacer le titulaire malade. Un tour de passe-passe supplémentaire dans ce monde où un miracle se produit toutes les minutes. Ou presque!

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur (14 mn). Il débute cet entretien par la manière d’aborder un documentaire, une approche très intéressante de la part de ce spécialiste. Avec « L’Opéra » dit-il « j’avais l’idée de filmer une société au travail, je n’y suis pas arrivé par un chanteur, un chorégraphe, une œuvre, je n’y connaissais pas grand-chose (…) mais j’étais intéressé par ses rouages ».  
Un directeur omniprésent

« Avec un regard amusé, parfois ironique, mais toujours chaleureux… » précise-t-il en se souvenant des premières approches. Le directeur qui signait la première année de sa programmation n’était « pas très chaud pour qu’un film se tourne chez lui et (…)  à chaque fois c’était une bataille pour aller plus loin, dans le dévoilement, dans le travail des artistes qui par nature ne doit pas être montrer ».

Négocier, se faire accepter, « une notion de confiance comme il se doit à chaque documentaire. (…) ce sont des sensibilités particulières, compliquées à aborder, un mystère en eux et c’est ce qui est intéressant de filmer ».

  • Scènes coupées. Il y en a quatre, et à part peut-être celle du taureau version administrative, j’aurais conservé le protocole, le chef de chœur au travail, et le premier cour de chant de Micha.

Un autre film sur l’opéra :

« La danse » de Frederick Wiseman

Pas d’interview, ni commentaire. La vie se faufile entre plateaux et pendrillons, répétitions et avant-premières dans le cadre prestigieux de Garnier et Bastille où s’agite tout un petit peuple prêt à reprendre les armes. Même si le propos est millimétré, comme surveillé, quelques tractations directoriales mesurent la conduite à tenir  face à un préavis de grève conséquent. De même, la nature du départ de Benjamin Millepied est entendue de très loin par un téléphone sélectif et l’extrait d’une conférence de presse qui ne dit pas grand-chose. Le sujet de Jean-Stéphane Bron est bien ailleurs, dans cette pulsion quotidienne qui voit…
Le documentaire
Les suppléments

Il n’est pas nécessaire d’être féru d'art lyrique pour apprécier grandement le documentaire de Jean-Stéphane Bron, qui de Bastille à Garnier nous ouvre les portes l'Opéra de Paris, sous la conduite bienveillante de son directeur.Sans interview, ni commentaire, on découvre alors les coulisses des répétitions de chants, de danses et de mise en scène parfois assez inattendue. On assiste à des réunions dans les sphères dirigeantes, aux contestations de certaines visions artistiques et à la préparation d’une saison nouvelle au cours de laquelle le prix des places ne doit pas être « un message négatif » de l’institution qui entend être aussi une école d’intégration. Les exemples du jeune baryton-basse Mikhaïl Timochenko venu de sa Russie profonde et des « petits violons » issus d'une classe de CM2 en ZEP fournissent une première réponse à cette volonté affichée avec passion. On n’est plus spectateur, mais partie prenante. AVIS BONUS Une rencontre avec le réalisateur et des scènes coupées, tout est très bien

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