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« Les nuits blanches du facteur » d’Andrei Konchalovsky. Critique dvd

Synopsis: Coupés du monde, les habitants des villages autour du lac Kenozero ont un mode de vie proche de celui de leurs ancêtres : c’est une petite communauté, chacun se connait et toute leur activité est tournée vers la recherche de moyens de subsistance. Le facteur Aleksey Tryaptisyn et son bateau sont leur seul lien avec le monde extérieur et la civilisation. Mais quand il se fait voler son moteur et que la femme qu’il aime part pour la ville, le facteur est désemparé…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Les Nuits blanches du facteur"
De : Andrei Konchalovsky
Avec : Aleksey Tryapitsyn, Irina Ermolova, Timur Bondarenko, Viktor Kolobkov, Viktor Berezin
Sortie le : 01 decemb 2015
Distribution : Blaq Out
Durée : 101 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Meilleur dvd Décembre 2015 ( 8 ème )

Depuis « Sibériade » Andrei Konchalovsky s’impose comme l’un des peintres du cinéma. Et dans l’intervalle distractif de « Runaway train », je reviens toujours à ses grands espaces au milieu desquels des gens de peu vivent ou survivent dans un quotidien qui leur ressemble.

Un petit village perdu et minable de Sibérie, ou bien comme ici des maisonnées de bois agglutinées autour d’un lac sans fin. Beau et désolant.  La vie s’y faufile  au rythme du facteur qui loin de Tati ou du « postino » de Michael Redford, effectue sa tournée en bateau.

Tout un poème sur le papier, mais plutôt une épopée que le réalisateur conduit de manière aussi singulière que les aventures de notre héros. Commissionnaire, Aleksey rend de menus services et s’attarde parfois chez les uns, chez les autres, et plus souvent chez Irina dont il est amoureux. Timur, son petit garçon l’appelle tonton, et l’attachement de l’un pour l’autre raconte peut-être une autre histoire.

On n’en saura pas plus sur cette émouvante filiation qui les voit gambader à travers la campagne, et s’aventurer parfois dans la ville. A l’image d’Aleksey, Konchalovsky ne s’y attarde pas,  préférant le cadre verdoyant d’une nature qui n’en finit pas d’inspirer sa palette.

Une campagne joliment cadrée dans cette chronique villageoise où contraste le regard du facteur bien souvent atone. Comme si l’existence n’avait plus d’emprise sur sa destinée. Encore moins son passé si vague d’ancien militaire

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Peut-être le bon temps qu’il regrette alors que la vie maintenant évacue ses jours au fil des activités des pêcheurs surveillés de près par la belle Irina, la gardienne du lac. Mais les gens se fatiguent et se rendent à la ville,  abandonnant leur maison et leur raison d’être. Le déclin d’une société nous dit le réalisateur qui entend déjà les échos d’un avenir plus prometteur.

Il le fait avec beaucoup d’humour, autour d’une fusée que Timur voit passer devant ses yeux incrédules .Tout à l’heure, elle décollera dans le dos des paysans absorbés dans leur propre silence. Il y a là roule-galette, Vilia le marin, les gens du lac que Konchalovsky peint avec infiniment de soin et de tendresse. «  On nous verse nos retraites et les magasins sont pleins » disent-ils «  et pourtant les gens sont nerveux ».

« C’est le temps qui veut ça ».

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  • Entretien avec Andrei Konchalovsky (10 mn )

«  Je m’intéresse toujours aux gens de la terre, des gens qui n’ont pas besoin de consommer, on prend l’avion, on fait des selfies, on consomme c’est pas la vie, on réfléchit pas… »

Son interview, en français, est assez hachée, mais on comprend qu’il parle du cinéma en général «  Il n’y a pas d’histoire ennuyeuse, ce sont les conteurs qui sont ennuyeux. (…) on ne peut pas faire de film sans rêve, les gens en ont besoin ».

Meilleur dvd Décembre 2015 ( 8 ème ) Depuis « Sibériade » Andrei Konchalovsky s'impose comme l'un des peintres du cinéma. Et dans l’intervalle distractif de « Runaway train », je reviens toujours à ses grands espaces au milieu desquels des gens de peu vivent ou survivent dans un quotidien qui leur ressemble. Un petit village perdu et minable de Sibérie, ou bien comme ici des maisonnées de bois agglutinées autour d’un lac sans fin. Beau et désolant.  La vie s’y faufile  au rythme du facteur qui loin de Tati ou du « postino » de Michael Redford, effectue sa tournée en bateau. https://www.youtube.com/watch?v=wQWyPSTxyA8&ab_channel=BandesAnnoncesCin%C3%A9ma Tout un…
Le film
Le bonus

Lion d’argent 2014 à Venise, ce film d’ Andrei Konchalovsky possède encore tout l’attrait d’une palette qu’il sait si bien mettre en mouvement dans le cadre parfait de paysages sublimes mais comme abandonnés par les gens qui ne font que s’y faufiler. C’est un peu le cas de ces maisons de bois où vivent des personnages attachants, et pourtant si quelconques dans leurs petites habitudes et leur quotidien tout aussi étriqué. Le déclin d’une société nous dit le réalisateur qui entend déjà les échos d’un avenir plus prometteur. C’est tout ce que l’on peut souhaiter à cette petite communauté animée par les allées et venues du facteur qui effectue sa tournée en bateau. Mais l’homme est plus qu’un porteur de plis, c’est aussi celui qui amène le peu d’espoir qui reste autour de ce grand lac sauvage et magnifique. Les contrastes et les paradoxes forgent le discours d’un cinéaste toujours aussi près de son cadre et des sentiments humains. Un grand réalisateur.

Avis bonus Un court entretien avec le réalisateur ...

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