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« Le Procès du siècle » de Mick Jackson. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Deborah Lipstadt, historienne et auteure reconnue, défend farouchement la mémoire de l'Holocauste. Elle se voit confrontée à un universitaire extrémiste, avocat de thèses controversées sur le régime nazi, David Irving qui la met au défi de prouver l'existence de la Shoah. Sûr de son fait, Irving assigne en justice Lipstadt, qui se retrouve dans la situation aberrante de devoir prouver l'existence des chambres à gaz.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Procès du siècle"
De : Mick Jackson
Avec : Rachel Weisz, Tom Wilkinson, Timothy Spall, Andrew Scott, Jack Lowden
Sortie le : 06 septemb 2017
Distribution : M6 Vidéo
Durée : 106 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Comment faire face au négationnisme prêt à tout pour obtenir gain de cause ? Comment l’empêcher de propager ses théories nauséabondes ? Ces deux questions que posent le film résonnent aujourd’hui singulièrement dans le débat politico-médiatique international : tout est bon pour imposer son point de vue en vérité absolue.

Le mensonge se nourrit de la violence et de la déformation dans un acte de foi insoumis par une conviction aveugle et destructrice. Pour avoir dû se battre contre les révisionnistes, Deborah Lipstadt n’ignore pas cet état de fait. Mais quelle n’est pas sa surprise, son étonnement et son indignation quand on lui explique que pour la justice anglaise, contrairement à celle de son pays, c’est à elle de prouver l’existence des chambres à gaz. Et non à son adversaire qui l’attaque et affirme le contraire.

Rachel Weisz et Deborah Lipstadt, l’actrice et son modèle

C’est ce combat que raconte le film, louable dans ses intentions de rappeler au monde d’aujourd’hui l’existence perpétuelle de la barbarie. Elle est patente dans l’évocation des faits, les images au noir et blanc glacé du camp d’Auschwitz, mais comme lointaine, voire absente des débats qui s’engagent entre l’historien Irving et la clique d’avocats et juristes engagés pour le contredire.

La conviction que l’on attend d’un tel engagement ne l’emporte pas souvent dans cette réalisation très formelle où le prétoire classique ne réserve que des échanges formatés, à peine égratignés par les tiraillements de la communauté juive sur l’utilité d’un tel procès.

Le ténor du barreau se rendra sur place pour des raisons plus techniques qu’humanitaires. Deborah déplore cette attitude qu’elle comprendra un peu tard…

J’ai trouvé Rachel Weisz bien réservée dans l’interprétation d’un personnage au tempérament semble-t-il plus affirmé, face à des pointures du cinéma britannique qui jouent leur partition avec sérieux et application, mais sans véritables prétentions dramatiques : Tom Wilkinson, ténor du barreau conforme au personnage cinématographique du genre, Timothy Spall, à cent lieues de la vermine qu’il côtoie.

Il est dommage que le scénario de David Hare n’ait pas mieux défini les contours de cet accusateur accusé dont on ne sait pas grand-chose, sinon ce que nous en dit l’héroïne dans un regard qui aurait mérité lui aussi une autre portée. Irving est fier de sa personne et l’assume sans autre forme de procès que celui qu’il intente pour gagner sinon une cause, au moins une tribune médiatique.

La stratégie de prétoire préférant à « la voix de la souffrance » celle de la raison juridique pose alors le douloureux problème des témoins et rescapés de la solution finale. « Ce ne sont pas les survivants qui sont jugés » prévient l’un des avocats (Andrew Scott, convaincant) « le tribunal n’est pas une thérapie ».

Deborah Lipstadt sera également écartée des débats qui n’en finissent pas. A l’époque on estima que le procès avait duré trop longtemps. C’est aussi la faiblesse du film.

LES SUPPLEMENTS

  • Interviews .Mick Jackson réalisateur et David Hare scénariste. « Nous avons voulu rester fidèle à l’histoire de cette femme qui a considéré qu’un tel mensonge vis-à-vis de l’holocauste devait être combattu publiquement.(… )  A cause des vicissitudes d’un système juridique renversé, elle a été forcée de démontrer 50 ans après les faits que l’holocauste avait bien eu lieu, ce qui est difficile parce que les nazis ont tout fait sauter et détruit de nombreux documents ».

Si le réalisateur dit tout le bien qu’il pense du script de David Hare, celui-ci demeure très modeste « j’ai retranscrit à la lettre les dialogues du procès, et j’ai interrogé beaucoup de monde, dont le juge ce qui fut important, mais je n’ai pas rencontré David Irving car je ne voulais pas de spéculations psychologiques sur ses motivations ».

  • La vraie Deborah Lipstadt .Elle dit tout le bien qu’elle pense du choix de Rachel Weisz. « Je confiais mon histoire à quelqu’un de fiable. (…) Elle a extirpé de mes histoires tout ce qu’elle a pu afin de tout extérioriser pour devenir le personnage, elle m’a raconté les siennes en sachant que c’est une fille issue d’une famille de réfugiés (…)  Sur le plateau elle me demandait qu’avez-vous ressenti, quel était le contexte ? ».
Deborah Lipstadt

Timothy Spall dans le rôle de David Irving. « Peu importe que ce soit un personnage controversé, mon travail est d’envisager son point de vue, de ne pas penser aux conséquences de ses actions ».

Il dit avoir fait un travail de détective pour extraire des bribes de conversations, car on n’a très peu d’explications sur sa conduite. « Il a fallu les assembler ensuite comme dans un puzzle…  Intéressant de l’étudier, il a une telle confiance en lui » …

Tim Wilkinson, interprète de Richard Rampton

« Beaucoup de gens défendent des idées absurdes, inexactes qui sont souvent pernicieuses, dangereuses. Ce film était l’occasion de montrer à quel point il est difficile de détricoter une idée manifestement fausse comme quoi la Shoah n’aurait jamais existé ».

Des films sur des procès historiques :

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Le film
Les bonus

A force de vouloir tout dire, expliquer et revenir sur un passé déjà bien encombré par de nombreuses publications, ce film ne va pas jusqu’au bout de ses intentions louables : rappeler au monde l’existence perpétuelle de la barbarie à travers le fonctionnement des négationnistes. L’histoire est vraie quand David Irving pense pouvoir renverser la vapeur en portant plainte contre Deborah Lipstadt, historienne et auteure reconnue, défenseuse farouche de la mémoire de l'Holocauste. C’est toute l’instrumentation du procès que le réalisateur met en place sans réellement bousculer les codes du film de prétoire. Encore moins ceux de l’Holocauste dans une direction d’acteurs quasiment absente. Tout le monde joue sa partition, mais sans vraiment suivre le chef d’orchestre. Ce film est une pièce supplémentaire à la filmographie sur la seconde guerre mondiale, mais elle n’est malheureusement pas essentielle. AVIS BONUS Beaucoup d'entretiens avec réalisateur, scénariste et comédiens, de bons éclairages sur le film et surtout ses personnages

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