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« Diamond Island » de Davy Chou. Critique cinéma

Synopsis: Diamond Island est une île sur les rives de Phnom Penh transformée par des promoteurs immobiliers pour en faire le symbole du Cambodge du futur, un paradis ultra-moderne pour les riches. Bora a 18 ans et, comme de nombreux jeunes originaires des campagnes, il quitte son village natal pour travailler sur ce vaste chantier. C'est là qu'il se lie d'amitié avec d'autres ouvriers de son âge, jusqu'à ce qu'il retrouve son frère aîné, le charismatique Solei, disparu cinq ans plus tôt. Solei lui ouvre alors les portes d'un monde excitant, celui d'une jeunesse urbaine et favorisée, ses filles, ses nuits et ses illusions.

La fiche du film

Le film : "Diamond Island"
De : Davy Chou
Avec : Sobon Nuon, Cheanick Nov
Sortie le : 28/12/2016
Distribution : Les Films du Losange
Durée : 99 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film

 On lui annonce le paradis, Bora frappe à la porte. Il laisse au village sa vieille mère malade, et lui fait une promesse : retrouver Solei, son frère dont ils sont sans nouvelle depuis 5 ans.

La grande ville ne l’attend pas forcément sauf pour trimer sur le fameux chantier de Diamond Island, l’avenir radieux de Phnom Penh. Bora y rejoint des copains bien précieux pour faire la fête les soirs de labeur et connaître ses premières amourettes. On pense alors revivre un peu sur les trottoirs de « Manille » de Lino Brocka. Un engagement social et familial, des intentions tout aussi velléitaires, une ville qui sort de terre au milieu des bidonvilles où vivent les ouvriers dans des conditions déplorables.

Mais les temps ont changé. La caméra de Davy Chou arpente ce nouveau siècle avec précaution et respect. Les yeux de Bora et de ses copains sont émerveillés. Tout brille, tout scintille, et les filles à la peau blanche n’attendent disent-ils que ces jeunes gens prêts à tout croquer. Des costauds au parler fort, candides et naïfs.

Bora, (tee-shirt jaune ) s’est fait des copains, mais une fois la frime passée…

Bora le sait lui qui demande autre chose que la faribole et l’argent facile. A la manière du réalisateur, il ne force pas le destin pour rejoindre son frère entraperçu furtivement sur une moto. Les retrouvailles sont bizarres, sans effusion, pleine d’interrogations et du mystère qui depuis toujours plane au-dessus de ce départ inexpliqué. Ce long silence à peine rompu par un face à face énigmatique. On n’en saura pas beaucoup sur Solei, l’apparence flatteuse, le propos rassurant, l’allure d’un jeune homme plein d’avenir.

Celui de son petit frère est maintenant entre ses mains, une promesse à chaque doigt, avant que les poings ne se referment devant les rêves avortés. La jeunesse cambodgienne force son destin, quand l’éphémère le dispute à l’évanescence d’un système encore peu enclin à partager ses valeurs et ses richesses.

Solei dit qu’il va partir aux Etats-Unis, Bora va le suivre et puis comme tout le monde revenir dans ce pays qui miroite encore aux promesses d’une cité radieuse dans laquelle le héros va trouver sa place et perdre ses illusions. Son désenchantement s’accroche au peu d’espoir que le temps réduit telle une peau de chagrin. Plus incertaine que mirifique, cette île aux diamants n’offre que le clinquant d’un pays qui ne croit pas encore forcément en sa jeunesse. Depuis Taïwan « Les garçons de Fengkuei » de Hsiao-Hsien Hou ont précédé ceux de Davy Chou. Le cinéma asiatique est en train de la dynamiter. Patiemment, joliment…

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 On lui annonce le paradis, Bora frappe à la porte. Il laisse au village sa vieille mère malade, et lui fait une promesse : retrouver Solei, son frère dont ils sont sans nouvelle depuis 5 ans. La grande ville ne l'attend pas forcément sauf pour trimer sur le fameux chantier de Diamond Island, l’avenir radieux de Phnom Penh. Bora y rejoint des copains bien précieux pour faire la fête les soirs de labeur et connaître ses premières amourettes. On pense alors revivre un peu sur les trottoirs de "Manille" de Lino Brocka. Un engagement social et familial, des intentions tout aussi…
Le film

Comme un film qui se laisser aller au fil de sa propre respiration, d’une tranquille assurance devant les défis à relever dans ce Cambodge qui sort de terre, en faisant miroiter des rives de bonheur. Bora s’y promène sans chambouler l’ordonnancement d’un quotidien parsemé de mystères et d’interrogations sur son histoire et celle de sa famille. Le réalisateur parsème à la manière du petit Poucet des indices et des réflexions sur ce pays nouveau et sur l’histoire de son héros. Une réalisation très particulière, qui en évoquant ce que fut autrefois le travail d’un Lino Brocka, pose aujourd’hui les normes d’une mise en scène plus évanescente, proche de l’épure, dans la conduite d’une nouvelle école à laquelle appartiendrait « Les garçons de Fengkuei » de Hsiao-Hsien Hou. Le Cambodge a encore bien du travail avant de s’affirmer pleinement comme un pays vivant et dynamique, nous dit alors le réalisateur, dont son cinéma participe joliment à cet effort de (re) construction.

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