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« Shutter Island » de Martin Scorsese . Critique Blu-ray

Synopsis: En 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l'île de Shutter Island, dans un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. L'une des patientes, Rachel Solando, a inexplicablement disparu. Comment la meurtrière a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée à clé de l'extérieur ?

La fiche du Disque

Le film : "Shutter Island"
De : Martin Scorsese
Avec : Leonardo Dicaprio, Mark Ruffalo
Sortie le : 24 juin 2010
Distribution : Paramount Pictures
Durée : 132 minutes
Film classé : 12 ans et plus
Nombre de Disque : 1
Le film
Les bonus

Déception , la psychiatrie doit encore se soigner . Après m’être perdu avec délice dans le roman de Dennis Lehane, j’ai visionné cette adaptation sans la moindre hésitation . Avec Martin Scorsese aux commandes. La chute est brutale : une fois les présentations faites, le décor installé et l’intrigue dans les rails, j’ai complètement décroché d’une histoire à l’origine magnifique.

Elle est ici galvaudée par une mise en scène à son tour prisonnière de cette île maléfique, de son hôpital psychiatrique et de ses  dangereux criminels. Parmi eux, Rachel Solando (Emily Mortimer ) pose un sérieux problème : comment a-t-elle pu s’échapper de sa cellule entièrement close ?  Elle demeure introuvable alors qu’il est impossible de quitter l’île .Deux Marshalls sont dépêchés sur les lieux . Leonardo DiCaprio ( acteur attitré chez Scorsese ) et Mark Ruffalo.

Au fil de ses investigations ce duo comprend que l’institution cache bien des choses , et que la réticence du personnel pour collaborer à l’enquête est plus que suspecte. Autour de ce constat Martin Scorsese tourne en rond , pour développer son sujet sans vraiment l’enrichir .

Le maître et les élèves

 Il y a dans le passé d’un des policiers des souvenirs douloureux et en flash-backs insistants ils ressurgissent dans un monde fantasmagorique, un rien plaqué sur une mise en scène alambiquée. Nous sommes loin de l’inspiration de films  comme « Les Infiltrés » ou « Gangs of New York » du même Scorsese , avec le même DiCaprio.

L’histoire se déroule en  1954. Il est intéressant de relever l’état de la psychiatrie du moment, ses atermoiements et ses espoirs, mais de là à palpiter de peur et d’effroi quand dans un bâtiment aux allures de prison nos héros traquent des patients inquiétants, il y a un frisson qui ne m’effleure même pas.

Ne parlons pas des scènes de bords de mer qui auraient pu être tournées dans un studio  malgré ce pauvre DiCaprio qui ne lésine pas sur les grimaces pour nous dire qu’il souffre énormément . L’ensemble devient poussif, démonstratif.

Ben Kingsley dans le rôle du psychiatre en chef, énigmatique à souhait et énervant comme c’est pas possible est parfait dans son personnage et la présence de Max von Sydow , en directeur de l’institut, un brin dictatorial ,une excellente trouvaille . De là à s’en relever la nuit , surtout celle de Shutter Island plongée dans une tempête qui elle aussi en fait des tonnes, non merci bien .

LES SUPPLEMENTS

Attention, certaines explications de l’intrigue sont fournies. Comme toujours il est préférable de voir le film avant de découvrir l’envers du décor.

  • Les Mystères de l’Île; Du best-seller à son adaptation cinématographique. C’est plus l’esprit du film que sa réalisation que l’on suit ici à travers de nombreuses interviews. Si l’on passe l’aspect, tout le monde aime tout le monde, le point de vue de Dennis Lehane, l’auteur du roman adapté est intéressant.

«  En 2002, j’étais en colère, et je ne savais pas où allait mon pays, alors j’ai essayé d’écrire aussi indirectement que possible sur le sujet. Quelle époque ressemblait le plus à la nôtre ? » s’interroge le romancier qui très rapidement pointe du doigt, les années 1950, celle du maccarthysme, avec la menace de l’ère atomique en 1954.Une période confuse dans de l’Amérique d’après-guerre : la peur grandissante de la montée en puissance du bloc de l’Est,  les traumatismes de 39-45, durant lequel le pire avait été commis dans les camps nazis. L’inspecteur que joue Leonardo en sait quelque chose.

Martin Scorsese, évoquant l’adaptation du roman à l’écran parle de «  trois films en un, avec plusieurs scènes possédant trois ou quatre niveaux de lecture et des détails cachés qui ne sont pas forcément dans le livre. D’ailleurs, la construction du scénario, surtout la fin, diffère un peu du roman ».

  • Le Phare : les thérapies psychiatriques dans les années 50.Je ne sais pas si ça peut intéresser les foules, mais le sujet mérite d’être débattu. Autour de James Gilligan, qui fut le médecin-directeur de Bridgewater, une prison hôpital psychiatrique, et conseiller sur le film, Léonardo DiCaprio et Emily Mortimer , (la patiente disparue) expliquent la manière dont ils ont abordé leur rôle.

«  Interpréter ce genre de personnage exige une force psychologique sans faille, ne serait-ce que pour endosser l’état d’esprit de ces malades », assure le spécialiste .« L’intrigue n’est pas une description photographique littérale de ce que vivrait réellement un malade mental, mais traduit bien l’idée qu’un traumatisme, et des souvenirs émotionnels insupportables, viennent hanter une personne, qui tente d’échapper à ses souvenirs en se créant un monde et une identité imaginaires ».

Au milieu des années cinquante, deux écoles psychiatriques s’affrontaient, et James Gilligan se retrouve tout à fait dans la peau de son confrère de cinéma Ben Kingsley (le docteur John Cawley) pour qui la lobotomie n’allait pas résoudre le problème de ces malades que d’autres considéraient comme des sous-hommes, qu’il fallait emprisonner à vie.

La conclusion , discutable, revient à Dicaprio qui semble avoir très bien approfondi le sujet des troubles dissociatifs. «  Aujourd’hui on ne sait toujours pas soigner les malades mentaux. On les bourre de médicaments, mais ça ne suffit pas. »

Déception , la psychiatrie doit encore se soigner . Après m’être perdu avec délice dans le roman de Dennis Lehane, j’ai visionné cette adaptation sans la moindre hésitation . Avec Martin Scorsese aux commandes. La chute est brutale : une fois les présentations faites, le décor installé et l’intrigue dans les rails, j’ai complètement décroché d’une histoire à l’origine magnifique. Elle est ici galvaudée par une mise en scène à son tour prisonnière de cette île maléfique, de son hôpital psychiatrique et de ses  dangereux criminels. Parmi eux, Rachel Solando (Emily Mortimer ) pose un sérieux problème : comment a-t-elle pu s’échapper de…

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25 Commentaires

  1. vous n’y allez pas de main morte, et surtout à contre courant de tout ce que j’ai entendu jusque là
    une raison de plus pour le voir et me faire mon idée

  2. Il est vrai que le roman demeurait si énigmatique qu’il méritait une relecture, et malgré cela, j’avoue que le doute subsistait.L’adaptation cinématographique est peut etre trop explicite,surtout la fin qui n’en finit pas de démontrer ce qu’est une conviction délirante…Mais j’ai ainsi eu la réponse!Lecteur, lectrice de ce BLOG, osez d’abord le livre, et si le doute vous est insupportable, alors tentez la version Scorsese .

  3. Même sans avoir lu le bouquin, je trouve la fin beaucoup trop expliquée. A entendre les autres critiques, je m’attendais à une claque du niveau de « sixième sens » (on ne peut atteindre celle de « Usual suspect »). Mais après une bonne première partie où tout se met bien place, on imagine ce que sera le déroulement. Malheureusement, notre imagination ne nous fait pas défaut. A noter tout de fois la performance des acteurs (une petite préférence pour la sobriété de Mark Ruffalo) et l’illustration (exacte ou pas?) de la psychiatrie dans les années 50.

  4. En ce qui me concerne, même après la lecture du livre (et de la BD) je suis encore scotché par ce scénario parfait de Lehanne : Scorcese a bien su rendre cette ambiance pesante. je ne suis pas sûr qu’on puisse toujours juger correctement ce film quand on connaît la fin du scénario puisque tout repose sur sur cela. Il est possible que la découverte soit un peu rapide dans le film. Mais je donne 4 étoiles.

  5. Adapter un roman à succès au cinéma est déjà une gageure. Choisir une histoire qui fait la part belle à l’imaginaire du lecteur/spectateur, c’est prendre un risque encore plus grand. En insérant des séquences oniriques comme autant de petits cailloux blancs, le réalisateur empêche le spectateur de construire sa propre hypothèse, comme il le ferait à la lecture du livre. La fin devient prévisible et l’intérêt du film s’étiole. C’est ce qu’avait compris Night Shyamalan avec « Le sixième sens » où rien ne venait empêcher le spectateur de conceptualiser un arrière plan personnel. Avec, au bout du compte, une réussite absolue. Ce qui n’est pas le cas de « Shutter Island », devenu, à force de moyens termes, moins percutant qu’il n’aurait dû. Décevant de la part de Scorsese !

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