Accueil » A la une » « Bleeder » de Nicolas Winding Refn. Critique dvd

« Bleeder » de Nicolas Winding Refn. Critique dvd

Synopsis: Copenhague. Léo et Louise vivent dans un appartement insalubre. Découvrant que Louise est enceinte, Léo perd peu à peu le sens de la réalité et, effrayé par la responsabilité de sa nouvelle vie, sombre dans une spirale de violence. Au même moment, son ami Lenny, cinéphile introverti travaillant dans un vidéo-club, tombe fou amoureux d'une jeune vendeuse et ne sait comment le lui dire...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Bleeder [Combo Blu-ray + DVD]"
De : Nicolas Winding Refn
Avec : Kim Bodnia, Mads Mikkelsen, Rikke Louise Andersson, Liv Corfixen, Levino Jensen
Sortie le : 08 novemb 2017
Distribution : La Rabbia
Durée : 98 minutes
Film classé : 12 ans et plus
Nombre de DVD / Blu-Ray : 2
Le film
Le bonus

Nicolas Winding Refn a de la suite dans les idées. La relation amoureuse qu’il évoque dans ce film entre Lenny (Mads Mikkelsen) et Lea (Liv Corfixen), va revenir quelques années plus tard dans « Drive ».

L’amour dans toute son innocence, idéalisé au point de ne pas en accepter les contours. Lenny est plus qu’introverti, il est ailleurs, un autre personnage qui se terre derrière les rangées de DVD de son vidéo club. Il voit beaucoup de films, beaucoup trop peut-être, mais entre le cinéma et la réalité, Lenny pense avoir fait la part des choses.

Il ne supporte pas la violence de ses amis racistes dont les destins croisés, en dérive ou incertains, fixent sa ligne d’horizon. Sans autre préoccupation que de vivre en harmonie, et si possible d’aimer. Mais le jour où Léa, vendeuse dans un snack, accepte de l’accompagner au cinéma, il flanche.

La vendeuse et le vendeur, un amour platonique loin des violences qui les entourent

Ce beau personnage, Mads Mikkelsen l’interprète avec un brio presque naturel, lunaire et romantique, perdu dans un monde d’images et de résonances mirifiques. Il aime partager ses soirées avec ses amis autour d’une bière et d’une toile. Avec celui qui ne peut s’empêcher de commenter…

Kim Bodnia, l’intrus, il le fait très bien, et encore mieux dans son petit réduit familial où sa femme ( Rikke Louise Andersson ) lui annonce qu’il va être papa. Leo ne comprend pas ce qui lui arrive et le débonnaire des premières rencontres dévisse tranquillement. Il pète les plombs comme on dit vulgairement, sauf que Léo n’a rien de vulgaire. Il est bestial.

Ce qui nous éloigne des plans à la Kaurismaki, de la lumière que j’avais entrevue dans les couleurs de ce Copenhague largué, en marge, provocant et plus proche peut-être maintenant de ce que Cassavetes imaginait dans ses premiers films. Des références inévitables pour un jeune metteur en scène d’alors (second métrage) mais au coup d’œil pertinent pour hachurer des portraits silencieux, des regards méchants ou bonhommes, des histoires en devenir.

C’est dans l’attente qu’il (se) réalise le mieux, laissant aux bulles d’air de son scénario le soin de divaguer désormais dans une filmographie un peu brouillonne à mes yeux, mais qui retrouve ici les bases d’un cinéma différent. Le terme qu’emploie Mads Mikkelsen est celui de rock’n roll pour qualifier le travail de son copain réalisateur. Ce qui s’inscrit dans la veine de la contre-culture. Une bonne référence pour « Bleeder ».

LE SUPPLEMENT

  • Entretien entre Nicolas Winding Refn et Mads Mikkelsen ( 47 mn ) . Les deux hommes racontent la manière dont ils travaillent ensemble, dès le premier film « Pusher ». « Avec Nicolas, c’était ma première audition, j’ai détesté, Nicolas n’aimait pas les acteurs, mais il lui en fallait quand même quelques-uns, il n’a rien compris à ce que j’ai dit, je parlais très vite, il m’a engagé ».

A l’origine pour un second rôle, mais le gars censé avoir le rôle principal « n’était pas terrible, les acteurs danois avaient à l’époque une formation trop classique, trop théâtrale ».

« Il faisait trop acteur » se souvient Mads Mikkelsen de la réflexion du cinéaste qui est formel : « Tu as permis l’évolution du jeu des acteurs danois ».

Entre Kaurismaki et Cassavetes, je trouve..

 « Je pensais qu’après Pusher on nous aurait ouvert les portes, qu’on aurait été les bienvenus, mais ça n’a pas été le cas, aucun prix, des critiques pas super ». Et les deux copains poursuivent dans les souvenirs de leur cinéma, c’est vraiment un livre ouvert sur le septième art. Même la reine d’Angleterre a le droit à un petit chapitre…

Nicolas Winding Refn a de la suite dans les idées. La relation amoureuse qu’il évoque dans ce film entre Lenny (Mads Mikkelsen) et Lea (Liv Corfixen), va revenir quelques années plus tard dans « Drive ». L’amour dans toute son innocence, idéalisé au point de ne pas en accepter les contours. Lenny est plus qu’introverti, il est ailleurs, un autre personnage qui se terre derrière les rangées de DVD de son vidéo club. Il voit beaucoup de films, beaucoup trop peut-être, mais entre le cinéma et la réalité, Lenny pense avoir fait la part des choses. Il ne supporte pas la violence…
Le film
Le bonus

Il est intéressant de revenir aux origines d’un réalisateur quand celui-ci a atteint une notoriété indiscutable. « Bleeder » est le second film de Nicolas Winding Refn (1999) mais inédit en France jusqu'en 2016. Il y retrouve Mads Mikkelsen l’âme de ses premiers émois cinématographiques autour d’une histoire très basique, mais magnifiquement construite sur une mise en scène vibrionnant pour des personnages totalement habités par l’esprit du film. On peut voir le destin croisé de deux couples, l’un se dégrade, l’autre balbutie gentiment, mais aussi surtout celui d’une humanité bien ordinaire confrontée à des similitudes de la vie Pour les références, j’ai imaginé des ambiances à la Kaurismaki (la violence en moins) et les couleurs de Cassavetes dans ses premiers films. Depuis, le jeune homme est devenu le réalisateur de « Drive », une des grandes pages du cinéma contemporain. AVIS BONUS Une discussion, plus qu’un échange entre Nicolas Winding Refn et Mads Mikkelsen, vraiment passionnante.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Alberto Express » d’Arthur Joffé. Critique Blu-ray

Pour relancer à sa façon la comédie italienne, Arthur Joffé fait circuler un train entre Paris et Rome. Il ne déraille jamais

Laisser un commentaire